A l'approche des élections législatives, France 3 sollicite les députés sortants du Centre-Val de Loire pour faire le bilan des cinq années écoulées. En Eure-et-Loir, Guillaume Kasbarian a fait partie des députés les plus actifs et les plus disciplinés de la majorité présidentielle.
Siéger à l'Assemblée nationale à travers des crises aussi graves que celles des gilets jaunes, du covid et de la guerre en Ukraine en découragerait plus d'un de continuer à soutenir Emmanuel Macron et sa majorité. Mais pas Guillaume Kasbarian. Le député de la première circonscription d'Eure-et-Loir, qui a débuté sa carrière politique en 2017, a embrassé, pour le meilleur et pour le pire, le destin de la majorité présidentielle.
Le parfait député LREM
"C'est vrai que ça a été un mandat mouvementé, avec des crises inédites", acquiesce l'élu, en pleine campagne pour sa réélection. Pour autant, il défend son bilan, et celui de la majorité avec énergie. Il faut dire que Guillaume Kasbarian a le profil du parfait député marcheur, venu renouveler la classe politique vieillissante. Adhérent du mouvement "En Marche !" le jour même de sa création, le trentenaire s'est consacré "à plein temps" à la politique, démissionnant "au premier jour de [son] mandat de député" de son emploi salarié comme cadre d'une entreprise de conseil en stratégie.
Discipliné, il a voté toutes les grandes lois de la Macronie, depuis la loi d'habilitation permettant la réforme, saluée par la droite, du code du travail jusqu'au pass vaccinal. Entre les deux, il a aussi voté les loi Asile et Immigration, Sécurité globale et a été un défenseur du CETA, mais il s'est également engagé pour la loi Bioéthique (renforçant l'accès à la PMA) ou encore la loi Climat et Résilience.
Un élu attaché à la propriété, à la ruralité et à l'industrie
De fait, les combats de Guillaume Kasbarian ont été ceux de la majorité présidentielle. Sa grande fierté, c'est le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP), visant à alléger les démarches administratifs des citoyens et alléger les contraintes des administratives. Un enjeu de "souveraineté" pour faciliter l'implantation et la réimplantation de sites industriels, et un "arsenal législatif pour protéger nos fleurons" explique le député.
Le même projet de loi a aussi permis à Guillaume Kasbarian de proposer des amendements sur un autre thème qui lui est cher : la sécurité. En particulier, il s'est engagé pour faciliter les expulsions des squats, qu'il voit comme de graves atteintes à la propriété privée.
En 2021, 200 personnes ont pu récupérer leur logement. Aujourd'hui, le préfet en seulement trois jours peut ordonner de faire sortir les squatteurs.
Guillaume Kasbarian, député de la première circonscription d'Eure-et-Loir
"J'ai dû me battre contre des associations militantes" admet-il, droit dans ses bottes. "Et je ne me suis pas fait que des amis." L'amendement a en effet été particulièrement critiqué par des citoyens et des groupes comme le collectif Droit au logement, qui ont fait valoir que nombre des logements squattés sont vacants, et sont occupés en dernière nécessité par des personnes sans-abris.
Enfin, casquette vissée sur la tête, Guillaume Kasbarian s'est aussi affiché comme un député attaché à la ruralité, aux côtés des betteraviers beaucerons lorsqu'un puceron a dévasté leurs cultures en 2020. Assumant son "regard productif sur l'agriculture, avec bien évidemment la nécessité d'une transition écologique" Guillaume Kasbarian a soutenu la réintroduction de ces insecticides réputés "tueurs d'abeilles" malgré les critiques soutenues des apiculteurs et des écologistes.
L'art du "en même temps"
Car tout comme son président, Guillaume Kasbarian pratique l'art du "en même temps", et assume de puiser les idées à gauche comme à droite. Un bon député doit être "en même temps" à Paris et dans sa circonscription, qu'il a sillonnée au guidon d'un vélo ou au volant d'une roulotte des années 50 retapée à ses frais.
Il faut être ferme sur le droit à la propriété, "et en même temps" mener une politique sociale sur le logement, expliquait-il au sujet de son amendement anti-squatteurs. L'État doit encourager la productivité et faciliter l'implantation industrielle "et en même temps" s'engager sur le climat.
Pourtant, en pratique, tenir les deux moitié d'un "en même temps" est compliqué : la politique de logement du quinquennat a déçu la Fondation Abbé-Pierre, et la loi Climat a vidé de sa substance la consultation citoyenne de 2019 et 2020 sur le changement climatique.
Idéologiquement aussi, Guillaume Kasbarian s'inspire des principes qui ont permis à Emmanuel Macron d'accéder à la présidence. Les grands partis de gauche et de droite "ont perdu de leur forces", explique-t-il, la faute à des "fractures" telles que plus personne ne comprend leurs projets. "Quand ce n'est pas clair, ça ne peut mener qu'à la perte de vitesse."
Engagé en faveur de l'industrie, de la productivité agricole, contre l'insécurité et les squatteurs, Guillaume Kasbarian a tout pour séduire l'aile droite de la Macronie. Lui préfère se décrire en "amoureux de la liberté", qu'elle soit économique ou "sociétale" et accepte le qualificatif de "libéral". Se sentant "parfaitement bien" au sein de la majorité présidentielle, on peut en tout cas difficilement lui reprocher une quelconque incohérence.
Dans la 1ère circonscription d'Eure-et-Loir, la Nupes sera représentée par Quentin Guillemain, de Génération écologie. Les Républicains présentent quant à eux Ladislas Vergne, qui devra faire face à la candidature dissidente de Karine Dorange. Le candidat du Parti animaliste sera Pierre Mazaheri, et celle de Lutte Ouvrière Marie-José Aubert. Enfin, l'extrême-droite aura trois candidats : Lucien Maillet pour les Patriotes, Cyril Hermadinquer pour Reconquête et David Delorme-Montsarrat pour le Rassemblement national.