La commission nationale d’investiture des Républicains (LR) a publié ce 5 mai la liste des candidats qu’elle soutient. En Eure-et-Loir, c’est Ladislas Vergne qui l’emporte finalement face à Karine Dorange, protégée du maire Jean-Pierre Gorges.
L’Eure-et-Loir est incontestablement une terre ancrée à droite. En témoignent les résultats des dernières élections départementales où une vague bleue a déferlé sur le département. Mais à chaque campagne ressortent les divisions au sein de cette droite avec notamment deux camps : celui autour d’Olivier Marleix, député de la 2e circonscription et président des Républicains d’Eure-et-Loir ; et celui qui gravite autour de Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, ancien de député de droite et porte-parole de Valérie Pécresse (LR) pendant cette élection présidentielle de 2022.
Cette scission s’est cristallisée pour ces élections législatives autour du candidat LR à investir sur la 1re circonscription d’Eure-et-Loir. Dès novembre dernier s’opposent deux noms : d’un côté Karine Dorange, adjointe de Jean-Pierre Gorges et membre de sa garde rapprochée, et de l’autre Ladislas Vergne, lui aussi adjoint au maire de Chartres et favori de la fédération départementale d’Eure-et-Loir.
L'adjoint démis de ses fonctions
Hasard ou coïncidence ? Ce dernier est démis de ses fonctions d’adjoint fin novembre et redevient simple conseiller municipal, soi-disant à cause d’insuffisances dans la gestion des affaires, d’après cet article d'Actu.fr. Quelques mois plus tard, en février, Karine Dorange officialise sa candidature aux élections législatives. Et ce, sans attendre l'investiture officielle des Républicains.
Or dans un courrier du 15 mars, Olivier Marleix publie les noms des candidats investis par la fédération départementale du parti, et c’est bien celui de Ladislas Vergne qui apparaît pour la circonscription de Chartres. Sur le moment, l’adjointe au maire ne se dégonfle pas et souligne que rien n’a été validé par la commission nationale d’investiture de LR, dont elle sollicite également le soutien.
La commission a finalement tranché ce 5 mai et c’est bien Ladislas Vergne qui fera campagne aux couleurs des Républicains.
Une investiture "promise"
Ce dernier n’est "pas très surpris" : "Il y avait eu une volonté du parti de temporiser un peu pour ne pas froisser les susceptibilités pendant la campagne présidentielle mais elle [l’investiture, ndlr] m’était un peu promise." Cette étiquette vient "reconnaître mon engagement pour mes idées", déclare celui qui assure être sur le terrain depuis septembre dernier.
"Dans le contexte politique actuel, partir avec l’étiquette LR, c’est quand même une gageure", ose-t-il, au vu des résultats de Valérie Pécresse qui a obtenu 4,78% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle.
Malgré nos tentatives pour joindre Karine Dorange, nous n’avons pas eu de réaction pour le moment. A l’Echo Républicain, elle affirmait fin mars être "candidate aux élections législatives, avec ou sans l’investiture Les Républicains". Maintient-elle cette décision ?
"Honte au parti"
Quant aux raisons de ce choix, nous avons sollicité Olivier Marleix qui n’a pas répondu pour l’instant. Pas de retour non plus du côté du clan de Jean-Pierre Gorges qui soutient Karine Dorange. Le maire de Chartres s’est cependant fendu d’un tweet laconique pour exprimer son amertume : "Honte au parti Les Républicains".
Il reprend dans ce tweet non pas le courrier qu'il a écrit à LR, mais un article du site Actu.fr qui résume ce courrier. Dans celui-ci, Jean-Pierre Gorges semble s'en prendre violemment à la commission nationale d’investiture, ainsi qu’à Ladislas Vergne.
Interrogé sur ce point, ce dernier ne souhaite "pas rentrer là-dedans". "Les discours des uns et des autres, ce n’est pas mon sujet", assure-t-il, même s’il reconnaît ne pas être insensible à la situation : "Humainement, je ne vous dis pas que c’est facile."
G. Kasbarian brigue un second mandat
Il devra affronter les autres candidats connus au moment de la publication de cet article, en premier lieu Guillaume Kasbarian, le député sortant LREM. S’il n’est pas encore officiellement investi, il a déclaré briguer un second mandat à nos confrères de l’Echo Républicain ce 5 mai.
Issu de la société civile, il avait été élu en 2017 avec 37,1% des suffrages, devant le LR Franck Masselus (22,2%). Il avait quitté son emploi dans le privé pour se concentrer à 100% à sa fonction de député.
Les écologistes et l'extrême-droite en lice
Du côté des écologistes et de la gauche, c’est Quentin Guillemain qui a, lui aussi, annoncé sa candidature ce jeudi 5 mai dans un communiqué de presse. Il est conseiller municipal à Chartres depuis les élections de 2020 et l’un des principaux opposants de Jean-Pierre Gorges.
Avant de s’impliquer politiquement, il s’était déjà engagé lors du scandale du lait contaminé de Lactalis et est depuis le président de l’association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles.
Enfin, Cyril Hemardinquer, conseiller régional en Centre-Val de Loire, conseiller municipal à Maintenon et fonctionnaire de police de profession, se présente dans la 1ʳᵉ circonscription d’Eure-et-Loir sous l’étiquette Reconquête !. Auparavant délégué du Rassemblement national dans le Loiret, l’homme d’extrême-droite a rejoint le parti d’Eric Zemmour en tout début d’année 2022.