Déjà champion du monde d'échecs à 10 ans, le chartrain David Lacan Rus est de nouveau en lice pour un titre, chez les moins de 12 ans au championnats du monde qui ont lieu actuellement en Italie. Entretien avec un jeune garçon au quotidien pas tout à fait comme les autres enfants.
David a douze ans et tout d'un champion d'échecs. Mais il le sait déjà "je ne veux pas en faire mon métier". Fraîchement arrivé à Montesilvano, en Italie, il dispute les championnats du monde d'échecs chez les moins de 12 ans. La compétition a commencé le 15 novembre et se terminera le 26.
Objectif : rester champion dans une nouvelle catégorie
Il y a deux ans, il avait déjà remporté le titre mondial, c'était en Bulgarie, chez les moins de 10 ans. "Au début c'est un peu impressionnant de voyager comme ça, mais je me suis habitué" concède-t-il au téléphone, quelques heures avant de jouer sa prochaine partie. À chaque compétition internationale, les salles sont immenses "avec des rangées de tables où il y a un échiquier à chaque fois". Ce dernier est connecté pour que les gens puissent suivre les coups sur internet partout dans le monde.
World Cadet Championship 2024 begins in Montesilvano, Italy 🇮🇹
— International Chess Federation (@FIDE_chess) November 16, 2024
The prestigious World Cadet Chess Championship 2024, sponsored by WR Logistics, officially commenced in Montesilvano, Italy, at the Congress Center Pala Dean Martin, Via Aldo Moro. This spacious venue comfortably… pic.twitter.com/n8wmLBiHWU
À l'heure où ses camarades se préparent pour une journée d'école à Chartres, lui est parti courir après le petit-déjeuner, "il faut être bien physiquement parce qu'une partie ça peut durer très longtemps" explique le jeune garçon. Son record : six heures d'affilée, concentré sur un jeu.
Les nerfs mis à rude épreuve pendant les parties
Les parties mettent aussi ses nerfs à rude épreuve, alors David se prépare aussi mentalement tous les jours avec sa coach, à distance. "Avec la respiration abdominale par exemple. Quand je suis stressé, je respire fort pour retrouver de la sérénité". Lorsqu'il ne reste plus beaucoup de coups à jouer ou qu'il vient de faire une erreur, le garçon tente de ne pas se laisser submerger par ses émotions.
En tout pendant cette compétition, il est accompagné d'un coach de l'équipe de France, deux autres à distance, tout comme sa préparatrice mentale. Son papa, lui, est auprès de lui.
Quotidien de sportif de haut niveau
Un quotidien pas tout à fait comme les autres pour ce préado. "C'est vrai que je rate des cours" poursuit-il "mais je rattrape après donc ça va". Son emploi du temps est adapté, sous le même format qu'un sport études. "Tant qu'on arrive à mener les deux de front, tout va bien" explique son papa, venu avec lui sur cette compétition.
🔵⚪🔴 Quatre tricolores finissent dans le Top 10 des Championnats du Monde U14-U18 : Timothé Razafindratsima 5e et Rajat Makkar 10e chez les moins de 18 ans, Émilie Negre 7e en U14F, et Manon Schippke, 10e en U18F ! 👏
— Fédération Française des Échecs (@ffechecs) November 11, 2024
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Lui aussi jouait aux échecs quand il était petit. C'est d'ailleurs en allant voir une compétition entre père et fils à Chartres, que David est tombé dedans "puis je me suis inscrit, et voilà" raconte-t-il.
Il évolue désormais au sein du C'Chartres, un club qui devient une réelle fabrique à champions. "Nous avons beaucoup misé sur la formation des jeunes" explique son président François Gilles.
Un état d'esprit précieux au quotidien
En dehors des compétitions, David s'entraîne tous les jours, en club ou chez lui, sur l'ordinateur.
Je pense que les échecs ça aide pour la concentration. Il faut faire attention à tout sur un échiquier. Et c'est pareil à l'école, il faut se concentrer.
David Lacan Rus
Une aptitude que le président du club a rapidement remarquée "on voit, chez les plus jeunes, qu'ils sont capables de rester des heures sur le jeu, sans penser à regarder leur téléphone portable par exemple".
Si la période de crise sanitaire a fait du mal à beaucoup d'associations, la pratique des échecs ne s'en est portée que plus belle. "Les gens avaient le temps, puis c'est facile de jouer en ligne" détaille François Gilles. La pratique est accessible "pour une dizaine d'euros on a un échiquier".
"J'essaie de ne pas trop penser au résultat"
Puis quand on devient passionné comme David, on accumule les pièces "je dois avoir une dizaine de sachets chez moi" s'amuse-t-il. Des petites, des plus grandes, en plastique ou en bois. "Je préfère celles en bois. Là pour la compétition, j'ai oublié mes pièces à la maison alors on en a acheté, je les aime bien".
Pendant cette compétition, c'est tous les jours le même rendez-vous : 15h pour un nouvel adversaire. "J'essaie de ne pas trop penser au résultat et de juste faire ce que je peux". Une heure avant l'échéance, c'est l'heure pour le jeune joueur de choisir entre deux options : la sieste, ou se dégourdir les jambes dehors. Mais quoi qu'il arrive, il a lâché son échiquier.