"Si je peux inspirer des filles ou des femmes tant mieux", Sophie Milliet sextuple championne de France d'échecs veut promouvoir la pratique

Dimanche 5 mars, la ville d'Olivet, située dans l'agglomération d'Orléans, recevra une grande joueuse française d'échecs, Sophie Milliet. Une journée organisée par le club "La Tour Prends Garde", pour promouvoir la pratique du jeu par les femmes. Elles représentent encore moins d'un quart des joueurs en France.

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Moins d'un quart des joueurs d'échecs sont des joueuses en France. Sur la saison en cours (2022-2023), les femmes représentent 24,9% des effectifs dans le Loiret. C'est au dessus de la moyenne nationale, qui frôle les 21%. 

Toujours un homme dans l'histoire 

Sur les quatre interlocutrices que France 3 Centre-Val de Loire a contacté, toutes ont découvert les échecs à travers, ou avec un homme. Jocelyne Wolfangel, avant de l'enseigner en classe, a vu son mari jouer. Aurélie Renard-Vignelles découvre aussi le jeu à travers son compagnon et président du club qu'elle intègrera ensuite. Lisa Jabaly débute en se confrontant à un ami, Raphaël. Enfin, c'est le père de Sophie Milliet qui lui apprend le jeu dès l'âge de 4 ans. Toutes souhaitent aujourd'hui montrer l'exemple à d'autres femmes : "Si je peux inspirer des filles ou des femmes, tant mieux" affirme Sophie Milliet, joueuse professionnelle. 

Aujourd'hui défaite de ses stéréotypes,  Aurélie Renard-Vignelles se souvient : "j'avais le sentiment que c'était quelque chose d'élitiste."

Une championne nationale à Olivet

Dans le Loiret, le club "La Tour Prends Garde" à Olivet, a décidé de faire une opération dédiée aux joueuses. Dimanche 5 mars, il reçoit Sophie Milliet, deuxième joueuse française, pour une "partie simultanée". C'est-à-dire qu'elle jouera sur une vingtaine d'échiquiers en même temps. Coup par coup, elle se déplace et fait le tour de ses adversaires. 

Pour la championne de France, titrée six fois, l'exercice demande une concentration particulière, une bonne mémoire, mais aussi d'avoir la forme physiquement. Dans des moments de stress, le cœur peut rapidement s'emballer, et atteindre la vitesse d'un sprinter à vélo. 

Priorité est donnée aux adversaires femmes, pour inverser la tendance, à l'approche du 8 mars, la journée internationale pour les droits des femmes. "Pendant des tournois de 80 personnes, il y a seulement deux ou trois femmes" note Aurélie Renard-Vignelles, aujourd'hui vice secrétaire du club d'échecs "La Tour Prends Garde", Saint-Pryvé-Olivet.  

A l'adolescence, les filles disparaissent des clubs 

C'est aussi le constat qu'a fait Jocelyne Wolfangel, Directrice Nationale du jeu d'échecs au féminin. Depuis 22 ans, elle promeut la pratique auprès des filles et des femmes. Elle créé des tournois féminins, et ça fonctionne "on voit plus de femmes s'y présenter." Une non-mixité qui peut avoir une valeur rassurante. "Quand on pousse la porte d'un club et qu'on ne voit que des hommes, ça peut aussi être décourageant" reconnaît la Montpelliéraine Sophie Millier. 

207 férues d'échecs se sont donc inscrites dans un club cette année dans le Loiret. C'est encore trop peu, estime Jocelyne Wolfangel. En primaire, lorsqu'il y a des initiations ou un apprentissage à l'école, les filles sont en général aussi nombreuses que les garçons.

C'est à l'adolescence qu'elles disparaissent : "peut-être parce que les parents les poussent davantage à se concentrer sur leurs études", estime la sexagénaire. Ou encore à cause des déplacements pour aller en compétition : "je pense que les parents laissent encore un peu moins leurs filles se déplacer." Quoi qu'il arrive, les raisons semblent rester sociétales et culturelles. 

Des freins encore présents

L'un des freins à l'âge adulte demeure le temps disponible : "Il est encore parfois difficile pour les femmes de se libérer lorsqu'elles ont des enfants" note Jocelyne Wolfangel. Elle poursuit, "les joueuses de haut niveau ont d'ailleurs rarement une grande famille."

Et ces périodes sont intenses : "en général pendant un tournoi, je perds du poids" constate Sophie Milliet. Elle disputera, au mois de mars, le championnat européen de la discipline, au Monténégro. Au programme, un match par jour, pendant trois  à quatre heures, précédé par une préparation d'environ deux heures. 

Trouver des formats qui attirent 

Affronter d'autres joueurs ou joueuses pendant un tournoi peut demander jusqu'à 12 jours de disponibilité. Jocelyne Wolfangel a donc dû réfléchir à des alternatives. Dans les échecs, il existe différents types de parties, les plus courtes ne dépassent pas les deux minutes, les plus longues vont jusqu'à 6h. "J'ai créé un championnat rapide en 2002, qui ne se joue que sur une seule journée" explique Jocelyne Wolfangel. Une chose est sure, pour elle, la série "le jeu de la dame", a fait un réel bien au sport, en donnant une visibilité inédite à la pratique féminine des échecs. 

L'histoire de ce jeu de guerre peut aussi avoir sa place parmi les raisons d'une proportion faible de femmes : "on a du retard à rattraper mais on y travaille" assure Sophie Milliet dans un sourire. 

Les réseaux sociaux comme outil 

Pour Lisa Jabaly, les échecs c'est à la fois : "un sport, un jeu et un art." Sur les réseaux sociaux, la jeune femme de 32 ans met en avant sa pratique, pour encourager d'autres femmes à jouer. "C'est mon langage" détaille-t-elle. Au sens figuré comme au sens propre, puisqu'une maladie auto immune l'a privée de la parole. "Quand je joue aux échecs, l'œuvre est constituée par la partie que l'on dessine à deux avec mon adversaire".

Sur Instagram, elle lance le hashtag #Girlchessenaction, avec une autre joueuse, Gabrielle Nex, en Meurthe-et-Moselle. Le but, rendre visible les joueuses : "Afin d’illustrer le thème des échecs au féminin, il a été demandé de poster une photo en noire et blanche faisant apparaître des éléments du monde échiquéen" détaille Lisa Jabaly. Les meilleurs clichés seront exposés le 5 mars à Olivet. 

En France, quatre joueuses font partie du top 100 des meilleures joueuses mondiales. Ce qui place les tricolores à la neuvième place des meilleures nations dans la discipline. Aujourd'hui en région Centre-Val de Loire, la plupart des joueuses sont des jeunes filles.

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