Julien Cohen, de l’émission “Affaire conclue” sur France 2, souhaite acheter l’église de la Madeleine et la transformer en maison des brocanteurs. Problème : si la mairie est propriétaire du lieu, il est utilisée par l'Eglise pour le culte qui n'a aucune intention de s'en séparer.
Si vous regardez France 2 en fin d’après-midi, son nom vous dit sans doute quelque chose : Julien Cohen est l’un des acheteurs récurrents de l’émission d’enchères Affaire conclue, qu’il quittera en mars 2022.
Il faut dire que l’antiquaire aux lunettes bleues a d’autres projets en tête, comme créer des maisons des brocanteurs. Il vient d’en ouvrir une première à Péronne (Somme), dans un immeuble qui abritait la banque de France. Une seconde, située dans des anciens abattoirs à Avallon (Yonne) va ouvrir ses portes en avril.
“Waouh ! C’est exactement ce qu’il me faut”
Une troisième ouvrira-t-elle à Châteaudun ? C’est l’information qu’a révélé l’Echo républicain lundi 27 décembre. Contacté par téléphone, Julien Cohen revient sur la chronologie : “On a lancé 26 appels à candidature auprès de 26 communes qui ont entre 15 et 25.000 habitants. Sur ces 26 communes, Châteaudun m’a appelé.”
Il est donc venu visiter plusieurs sites de la ville eurélienne, guidé par des personnes de la mairie. L'édile Fabien Verdier, qui n’était pas présent ce jour-là, cite cependant “la maison Dodin, la caserne Kellerman, les anciens abattoirs, l’ancienne école d’infirmières”. Mais aucun ne correspondait aux attentes de l’entrepreneur en matière de surface, de volume et de travaux.
Ici, les versions divergent : le maire avance que Julien Cohen aurait voulu rentrer dans l’église de la Madeleine en passant devant, tandis que l’antiquaire affirme qu’on lui a proposé de visiter ce lieu. Mais le résultat est le même : “Je rentre et je dis 'Waouh ! C’est exactement ce qu’il me faut”, se souvient l’animateur télé.
Redynamiser le centre-ville
Lors d’un second rendez-vous en mairie, il a “fait part à l’assemblée qu’il n’y avait que ce lieu-là qui pourrait correspondre à une maison des brocanteurs”. Et qui, renseignement pris, "ne servirait aujourd'hui que cinq fois par an". Il a également évoqué sa volonté de booster l’économie du centre de Châteaudun.
Il s’appuie d’ailleurs sur l’exemple de Péronne : “depuis l’ouverture, ça a considérablement redynamiser le centre-ville”. En plus d’apporter du trafic, il assure que cela peut aussi amener de nouveaux habitants. “A Péronne par exemple, sur les 25 brocanteurs, il y en a 3 qui cherchent des maisons.”
Julien Cohen ne veut cependant pas développer ce projet sans un consensus de la part des Dunois et une réunion publique d’informations est d’ailleurs prévue pour échanger sur cette question le 23 janvier prochain à l’espace Malraux.
Et l’Eglise là-dedans ?
Du côté de la mairie, Fabien Verdier remercie “vivement Julien Cohen de vouloir investir à Châteaudun. Il voit un lieu fort pour une maison des brocanteurs. Après il y a un débat, il faut échanger paisiblement, sereinement.”
Premier à vouloir redynamiser le centre-ville de Châteaudun, le maire ne s’engage pourtant pas outre mesure, car rien ne dit qu’il puisse effectivement vendre l’église de la Madeleine.
Si la commune de Châteaudun est effectivement propriétaire du lieu, le diocèse de Chartres, en est l’usager -l’affectataire plus précisément-, et bénéficie d'un statut particulier selon la loi de 1907 sur l'exercice public du culte : “l’affectataire a la jouissance de l’église pour la célébration du culte. Tout autre usage est hors de la légalité.” Sauf si elle a été désaffectée, c'est-à-dire qu'elle n'est plus affectée au culte, et pour ce faire, il faut visiblement passer par le préfet ou par une loi.
"Sinon on ira ailleurs"
“Effectivement quand il y a des endroits totalement désaffectés, c’est intéressant de les faire revivre”, reconnaît le diocèse de Chartres qui donne l’exemple de l’église Sainte-Foy dans le centre-ville chartrain qui sert aujourd’hui pour des ventes aux enchères. Mais concernant l’église de la Madeleine, contrairement aux échos perçus par Julien Cohen, “elle sert, de Pâques à la Toussaint, il y a des mariages, des célébrations, c’est utilisé par les jeunes de l’aumônerie. Il n’y a aucun projet de désaffecter cette église et de la désacraliser”.
Le diocèse pointe aussi du doigt la méthode : l’évêque aurait été appelé par le maire de Châteaudun le 27 décembre juste avant la parution de l’information dans la presse locale, alors que des discussions avaient eu lieu entre la mairie et l’animateur télé “sans parler au curé de la paroisse, ni à la communauté catholique".
Pour l’Eglise, il n’y a donc aucun débat. Julien Cohen, de son côté, ne veut pas forcer la main : "Je ne vais pas me battre pour faire une maison des brocanteurs à Châteaudun. Si c’est Châteaudun tant mieux, sinon on ira ailleurs.”