Eure-et-Loir : et si des chauves-souris étaient nées cet été dans votre grenier ?

L’association Eure-et-Loir Nature est en train d’achever le recensement annuel des lieux de mise bas des chauves-souris dans le département. La population est faible à cause des grandes étendues céréalières. Mais des colonies de 100 à 200 individus ont été repérées chez des particuliers.

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Murins à oreilles échancrées, pipistrelles, oreillards… Derrière ces noms, différentes espèces d’un seul et même animal à l’origine de beaucoup de mythes et de légendes : la chauve-souris.

C’est justement pour mieux la faire connaître et la protéger que l’association Eure-et-Loir Nature recense chaque année depuis trois ans les colonies de chauves-souris dites de reproduction.

En clair, à partir de mai, les femelles se regroupent dans des endroits chauds, calmes et sombres. Dans ces gîtes de mise bas, elles donnent naissance à leur unique petit de l’année en début d’été, période où abondent les insectes.


Des bâtiments communaux vides

Les deux premières années, l’association recherchait surtout ces colonies dans les bâtiments communaux (églises, mairies, écoles, etc.). Mais pour cette campagne 2019, Maxime Gincheleau, stagiaire chargé d’études du recensement des chauves-souris a multiplié les déplacements chez les particuliers.

Alors que le comptage touche à sa fin avec le départ des colonies, il dresse un bilan assez maigre sur les bâtiments communaux. Sur les 150 qu’il a prospectés, il n’y en a que deux où il a trouvé des colonies intéressantes, notamment la mairie de Saint-Maurice-Saint-Germain où mettent bas des oreillards : "c’est la seule colonie de ce type que j’ai trouvée en Eure-et-Loir".
 

Il explique l'absence de chauves-souris par des bâtiments "trop hermétiques : il manque souvent une entrée. Au niveau des églises, tout est grillagé à cause des pigeons."
 


200 pipistrelles chez un particulier

Chez les particuliers, Maxime Gincheleau a eu plus de résultats. Logique, puisque ce sont les propriétaires qui le sollicitaient après avoir entendu parler du recensement dans la presse ou en mairie.

"Dans 95% des retours, il s'agissait de pipistrelles communes (l’espèce qu’on trouve partout) par groupe de 10 à 20 individus, situées derrière un volet, dans des combles", résume-t-il. "Mais j’ai trouvé des colonies de 120 (à Saint-Ange-et-Torçay) à 200 pipistrelles (au Boullay-Thierry)", commune au nord du département comme vous pouvez le voir sur cette carte.
  
En plus du Nord du département et notamment de la vallée de l'Avre, les zones les plus propices aux chauves-souris en Eure-et-Loir sont le Perche à l’Ouest, et la zone de Châteaudun et ses alentours au Sud.



En voie de disparition

En tout, une quarantaine de personnes a contacté le chargé d'études d'Eure-et-Loir Nature, qui s’est rendu environ chez la moitié d'entre elles. Les autres "font le comptage elles-mêmes et m’envoient une photo des chauves-souris quand elles sont visibles."

La plupart des propriétaires sont réceptifs à la présence de ces animaux, et quand certains sont rétifs à l’idée de vivre sous le même toit que ce mammifère volant, Maxime essaye de les sensibiliser. "On rappelle qu’elles sont en voie de disparition, qu’elles ont un rôle écologique car elles mangent des insectes", détaille-t-il.

Il indique aussi aux particuliers l’importance d’avoir un gîte de mise bas chez soi : "ce n’est pas anodin, cela veut dire qu’elles trouvent les conditions idéales pour se reproduire." Au final, "toutes les personnes que j’ai pu rencontrer vont garder la colonie chez elles, se réjouit-il. Il n'y en a qu’une seule, que je n'ai pas encore vu, qui veut s’en débarrasser."
 
 

600 chauves-souris ont mis bas

Au total, il a recensé cette année toutes espèces confondues environ 600 individus répartis sur une trentaine de colonies de reproduction. "On est très loin de toutes les connaître", nuance-t-il. De fait, l’association a déjà dénombré lors des périodes hivernales 2.000 chauves-souris en hibernation, dans l’Eure-et-Loir.

Un département qui n’est pas favorable au développement et à la survie de ces animaux. "Je viens de la région angevine, souffle Maxime Gincheleau. Là-bas, on compte 15.000 individus en hibernation tous les ans, alors qu’ici on en compte 2.000."

Il explique ce faible nombre par les grandes étendues céréalières de la Beauce. "C’est une région avec beaucoup de grandes cultures où il y a peu d'insectes, donc presque rien pour se nourrir, argumente-t-il. Les territoires de chasse des chauves-souris sont "soit des massifs boisées, soit des régions de bocages".

 

Un travail de fourmi

"C’est un travail de fourmi pour fouiller tout le département à la recherche des colonies de reproduction", insiste Maxime. Un comptage répété chaque année qui va permettre le suivi des populations dans le temps. Mais ce n’est pas le seul objectif.

Le second est de créer "le contact avec les propriétaires des bâtiments pour que la colonie se porte bien à long terme, leur apporter des conseils pour ne pas la déranger", et surtout éviter qu’elle disparaisse en cas de travaux ou d’aménagement.

Le recensement touche à son terme, mais si vous pensez avoir une colonie de chauves-souris chez vous ou si vous souhaitez participer à la Nuit de la Chauve-Souris le 30 août prochain, contactez Maxime Gincheleau par téléphone au 02.37.30.96.96 ou par mail : m.gincheleau@live.com
 
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