Mercredi, en début d’après-midi, un grand canidé a été pris en photo, trottant dans un chaume de céréales sur la commune de Crucey-Villages, au nord du département d’Eure-et-Loir. L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage est quasiment sûr qu'il s'agit d'un loup.
Les agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) sont fébriles. Ce mercredi 29 aôut, en se baladant sur la commune de Crucey-Villages, un eurélien a aperçu un énorme canidé. Rapidement, l'homme dégaine son téléphone pour filmer et photographier l'animal. L’observateur a transmis la photographie à l’ONCFS qui a immédiatement pu authentifier cette observation comme étant très probablement celle d’un loup gris (Canis lupus lupus). Cette identification a été confirmée par les experts nationaux de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.
Pour l'heure, les agents de l'ONCFS sont sur place pour poursuivre l'enquête car deux questions demeurent : s'agit-il d'un animal sauvage ? ou s'agit-il d'un animal échappé d'une captivité ? Tels de vrais détectives, les agents de l'Etat sont à la recherche de traces de pas mais surtout de poils ou de crottes, ce qui permettraient d’en savoir plus sur la lignée dont il provient, grâce à des analyses génétiques. Si il s'agit bien d'un animal sauvage, ce serait une première depuis plus d'un siècle, mais Jean-Noël Rieffel, Délégué interrégional Centre-Val de Loire et Ile-de-France de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, n'est pas vraiment étonné de cette présence en Centre Val de Loire. "En octobre 2017, un loup a été observé dans la Somme, on a repéré également des loups dans l'Yonne récemment, c'est à dire à moins de 200 km du Loiret. Un loup peut parcourir 60 km par jour. Donc c'est vraiment possible".
L’espèce, de la souche italo-alpine, a réapparu en France dans les Alpes du Sud en 1992. Depuis, l'espèce, connue pour sa grande capacité de dispersion, notamment en phase de recherche de territoire a colonisé des régions aussi éloignées que les Pyrénées, la Lorraine, ou encore la Bourgogne.
La préfecture recommande la prudence aux éleveurs
Ce type d’observation fortuite et isolée de loup est plutôt signalé habituellement à l’automne, rappelle l'ONCFS. L’automne correspond en effet à une étape importante du cycle biologique de l’espèce qu’on appelle la dispersion. A cette saison, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques jours (distances de dispersion pouvantatteindre 800 km depuis le lieu de naissance). Le système de colonisation par « bonds » est caractéristique du loup. Le nouveau territoire d’installation peut être séparé de la meute d’origine de plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres, laissant des espaces vides qui peuvent être colonisés par la suite. Ceci explique notamment certaines observations isolées, loin des zones de présence permanente connues, comme en Eure-et-Loir. Ces individus en phase de dispersion peuvent séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de le quitter. La rapidité de déplacement et la discrétion de cette espèce d’un point à un autre fait que l’espèce peut facilement passer inaperçue le long de son trajet de dispersion.
La préfète d’Eure-et-Loir recommande aux éleveurs une vigilance renforcée dans la surveillance de leurs troupeaux. L’ensemble des services concernés sont mobilisés pour suivre l’évolution de la
situation.
Toute observation suspecte de grand canidé ou tout constat d’attaque doit être rapidement signalé
au service départemental compétent de l’ONCFS (Service départemental d’Eure-et-Loir : 02.37.91.93.57 - sd28@oncfs.gouv.fr).