Une minute de silence a été observée ce jeudi 29 juin en hommage au jeune Nahel, en séance délocalisée du conseil régional du Centre-Val de Loire, à l'impulsion du président François Bonneau (PS). Mais juste avant la minute d'hommage, les élus du Rassemblement national ont décidé de quitter la salle.
Les fractures politiques étaient très visibles ce jeudi 29 juin. Après une intervention du président socialiste de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, une minute de silence a été observée par le conseil régional en hommage à Nahel, adolescent de 17 ans tué par balle par un policier à Nanterre après un refus d'obtempérer.
"Le conseil régional exprime son soutien à la famille, aux proches et amis de Nahel", a affirmé le président de la région. En appelant à ce "que soit évitée toute généralisation", qui conduit, selon lui, "à une condamnation a priori des jeunes qui connaissent une si grande difficulté, et des forces de l'ordre qui exercent leur mission dans un contexte souvent difficile".
"Nous refusons de nous associer"
Une minute de silence à laquelle le Rassemblement national a refusé de s'associer. Alors que le président de la région allait entamer son court discours, les élus régionaux du RN ont décidé de quitter l'assemblée, qui se déroule exceptionnellement dans le futur lycée Joséphine-Baker de Hanches, en Eure-et-Loir. Parmi eux, le médiatique député de Montargis, Thomas Ménagé, ainsi que le chef de file régional du RN, Aleksandar Nikolic.
Ce dernier explique avoir demandé à François Bonneau que la minute de silence soit dédiée à tous les morts d'homicides en France. Demande refusée par le président de la région. Aleksandar Nikolic dit ne pas vouloir "faire de concurrence entre les morts", et ne pas comprendre "pourquoi cette mort nécessite une minute de silence." Cependant, "on pense à la famille", assure-t-il.
Devant le refus de François Bonneau, "on a donc décidé de s'écarter sans que ce soit manifeste, préférant se recueillir à l'extérieur en pensant aux 1 000 familles victimes d'homicides en 2022", prétexte l'élu RN.
À noter que, en 2022, le ministère de l'Intérieur recensait 948 homicides en France, soit une augmentation de 8% par rapport à l'année précédente. Le chiffre le plus bas a été atteint en 2012, avec 784 homicides en un an. En 2008, 1 031 étaient recensés. 2022 a été une année record pour une autre raison, avec 13 morts par arme à feu en cas de refus d'obtempérer.
L'exception qui confirme la règle
Au conseil régional, tous les autres groupes ont respecté la minute de silence.
Aleksandar Nikolic a par ailleurs refusé de condamner à ce stade le geste du policier, expliquant que "c'est à la justice de faire son travail". De son côté, le parquet de Nanterre a considéré dans la journée que "les conditions légales de l'usage de l'arme ne sont pas réunies". Le policier suspecté d'être l'auteur du tir a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoir.
Avec Xavier Naizet etAmélie Rigodanzo.