Report des Jeux olympiques : le cavalier Karim Laghouag entend rester dans la course

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Préselectionné pour les JO de Tokyo reportés en 2021, le cavalier d'Eure et Loire Karim Laghouag, médaille d'or par équipe en concours complet d'équitation à Rio, entend profiter de cette année supplémentaire pour parfaire encore la complicité avec son cheval de tête Triton Fontaine.

Sur la carrière des écuries de Karim Laghouag, à Nogent-le-Rotrou, le vent qui souffle en rafales ne parvient pas à déconcentrer ni le cavalier, ni son cheval. Le couple enchaîne magistralement les exercices de saut d’obstacles prévus cet après-midi là.

Saut d’obstacles avec Triton :Une gymnastique indispensable en ce temps de confinement pour le médaillé d’or par équipes à Rio, et Triton Fontaine.

Le beau bai aura sans doute la lourde tâche de remplacer l’étalon magique Entebbe de Hus, décédé des suites de coliques en octobre 2018, avec lequel le cavalier était monté sur la plus haute marche du podium au Brésil, deux ans plus tôt.

Le charismatique Karim Laghouag, formé à Sandillon, près d’Orléans, dans les écuries de son oncle Pierre Defrance, peut aussi compter sur le petit Punch de l’Esques, crack des épreuves de cross indoor et chouchou du public.
Mais à 17 ans, un âge qui sonne plutôt comme une fin de carrière en compétition de haut niveau pour un cheval,

 Les années comptent double et le report des JO en 2021 est un handicap pour lui. C’est moi qui l’ai formé. Je le connais par cœur et je le préserve au maximum.

En revanche, cette année de plus est plutôt un avantage pour Triton Fontaine. Rentré dans les écuries de Nogent-le-Rotrou il y a seulement deux ans, le cheval, âgé de 13 ans, était monté par un jeune cavalier.

La complicité est venue assez vite. Mais lorsqu’il a fallu passer aux choses sérieuses, rentrer dans le dur, je me suis aperçu qu’il y avait des choses à régler dans la compréhension de ce que je lui demandais.

En réalité, les succès en équitation ont ceci d’extraordinaire qu’ils se construisent à deux, après des années de patience, de mésentente et d’espoir, entre deux êtres, un humain et un animal, qui communiquent par un langage unique.

Le concours complet d’équitation, hérité de la sélection des chevaux en temps de guerre, est composé de trois épreuves, dressage, cross et saut d’obstacles.

C’est une discipline complexe qui exige des chevaux et des cavaliers performance dans tous les domaines. Pour Karim Laghouag, il est primordial de continuer à gérer le physique et le moral de ses athlètes quadrupèdes, comme le sien propre.

Du coaching à cheval et en direct

Grâce au système Equivisio, le cavalier bénéficie d’un coaching du staff fédéral comme dans la réalité.

Une caméra montée sur un pylône sur la carrière le relie en direct et par internet, via un casque audio, au coach installé tranquillement chez lui. Ce dernier peut ainsi intervenir instantanément au cours de l’exercice. Un atout de premier plan en cette période de confinement.

Car pour l’instant, les conditions de reprise de compétitions sont encore floues. Même si Karim avait démarré très fort sa saison en terminant 4ème avec Triton et 9ème avec Punch dans la première grosse compétition de la saison début mars à Saumur :

On redémarrera certainement par des concours d’entraînement à la place des grosses épreuves qui étaient au programme. Mais tout le monde est logé à la même enseigne.

Pour Tokyo, report de l’entrainement sous bâche, avec 90 pour cent d’humidité

La préparation spécifique aux Jeux olympiques de Tokyo s’est interrompue. Le champion olympique avait mis toutes les chances de son côté en prenant soin d’adapter l’organisme de ses cracks au climat spécifique de la capitale japonaise l’été.

Triton et Punch avaient commencé à s’entraîner sur un marcheur sous bâche, entre 30 et 35 degrés, avec 90 pour cent d’humidité… Tous les deux ont des origines de pur-sang arabe et supportent plutôt bien la chaleur. Cette préparation, qui aurait dû durer six à sept mois, est reportée à l’hiver prochain.

Le confinement aura aussi un impact économique, c’est sûr. Pas de gains en compétitons, des sponsors qui ont déjà annoncé une probable baisse de dotations, et puis le manque à gagner des stages et cours dispensés par Karim, environ 30 pour cent des recettes…
En attendant, Karim ronge son frein. Mais il n’a pas le temps de s’ennuyer. Ils sont quatre, en permanence, pour monter les 22 pensionnaires de l’écurie. Comme pour tous les sportifs de haut niveau, manque l’adrénaline de la compétition.

"Moi, je suis absent 200 jours par an pour aller en concours. Je n’ai jamais monté autant à la maison ! Mais à la maison, on est tous champions du monde ! Un cheval, c’est en compétition qu’il se révèle. Là, on est hors sol ! C’est pas la vraie vie !"Et malicieux, d’ajouter :

"C’est vrai, notre médaille, on va l’avoir une année de plus, mais après Tokyo, on l’aura une année de moins !"

C’est en tout cas ce qu’on lui souhaite de pire !

Face au report des Jeux olympiques, le cavalier prend son mal en patience :
 
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