Amboise : la chapelle Saint-Hubert, un chantier de restauration ouvert au public

C’est un chantier de restauration de 2 ans qui a commencé à la chapelle Saint-Hubert du château royal d’Amboise, qui abrite le tombeau de Léonard de Vinci. Un chantier pédagogique, ouvert au public pour montrer l’excellence des métiers d’art des artisans qui vont se succéder jusqu’en 2023.

C’est un chantier colossal qui a débuté le 13 septembre sur le site du château royal d’Amboise, sous l’autorité de l’architecte en chef des monuments historiques, Étienne Barthélémy.

140 ans après sa dernière rénovation majeure et des travaux d’après-guerre, la chapelle Saint-Hubert va bénéficier d’une restauration traditionnelle qui mobilisera les savoir-faire régionaux et les entreprises du patrimoine vivant, qui se succèderont jusqu’à l’automne 2023. Un chantier de 2,7 millions d’euros, financé à 80% par l’état dans le cadre du plan de relance économique.

Un chantier de restauration avec 3 objectifs

Le 1er objectif c’est une restauration dans les règles de l’art avec des savoir-faire ancestraux. Depuis le 13 septembre, c’est l’association Charpentiers sans frontières, une trentaine de professionnels bénévoles, qui a débuté cet immense chantier. Un chantier participatif où français mais aussi italiens anglais, américains partagent et échangent des savoir-faire comme le raconte Charles Albert : "Moi je connais le piquage, une technique pour tracer les pièces de bois, donc les novices qui ne connaissent pas ça, on leur montre, aux anglais et aux amis des États-Unis aussi. Comme ça ils nous montrent leurs techniques et on leur montre les techniques françaises."

L’objectif est de restaurer de façon traditionnelle une charpente historique. Pas de machine, le bois qui a été choisi en forêt d’Amboise, une vingtaine de chênes, est travaillé à l’ancienne, comme l’explique François Calame, fondateur de Charpentiers sans frontières, au micro de France 3.

On travaille du bois vert, du bois frais, c’est très important à savoir. En charpente traditionnelle on ne travaille pas du bois sec. On l’équarrit avec des haches et puis conformément à ce qui existait en 1840 dans la charpente que nous restaurons, beaucoup de pièces sont travaillées à la scie de long.

François Calame

Le 2ème  objectif, c’est une vocation de médiation auprès du grand public. Une médiation qui se fera de différentes manières : des objets seront réalisés sur place par des artisans mais aussi des guides feront des présentations du chantier. "L’objectif est de faire changer la mentalité des parents, de changer leur regard sur ces professions d’excellence qui ne sont pas des voies de garage. On a vraiment besoin de personnes qui ont la capacité manuelle et l’intelligence de réaliser des ouvrages en complément du travail de l’architecte".

Le 3ème objectif de ce chantier est pédagogique, un travail en direction des plus jeunes, pour susciter des vocations et valoriser les métiers d’art. "On le fait dès la classe de 4ème dans le cadre d’une opération qui s’appelle une école, un chantier, des métiers. C’est une opération nationale qui est menée de concert avec les ministères de la Culture et de l’Education Nationale et là nous accueillerons pour l’instant 4 classes de collèges qui vont venir tout au long du chantier pour constater son évolution et surtout rencontrer à chaque fois des métiers différents. Donc il y a un échange qui va être créé avec les artisans avec le secret espoir de susciter des vocations."

Le même effort sera fait en direction des jeunes qui sont déjà engagés dans des formations au lycée et ce chantier pédagogique s’adresse aussi aux étudiants puisqu’il existe des filières dédiées au patrimoine.

Marc Métay, directeur du château d'Amboise, conclut sur l’intérêt de ces échanges : 

C’est important de faire vivre ces échanges et que les entreprises ligériennes, pour l’essentiel, qui viendront là, puissent recruter de nouveaux collaborateurs. C’est le moyen pour nous de maintenir dans notre vallée de la Loire le savoir-faire car sans le savoir-faire, nous ne saurons plus restaurer convenablement nos monuments. C’est essentiel qu’on conserve l’objet mais aussi le geste, le geste doit être transmis aux générations suivantes.

Marc Métay

C’est vraiment une démarche d’ensemble que nous souhaitons initier à la faveur de ce chantier Pour Marc Métay, également vice-président de la Fondation Saint-Louis, la mission de cette fondation est non seulement la préservation des monuments patrimoniaux mais aussi leur valorisation. Le travail de médiation culturelle auprès du public ne fait que commencer.

Après le travail des charpentiers, va venir le temps de l’échafaudage, la couverture de la chapelle va être intégralement démontée, la flèche sera déposée, pour pouvoir évaluer le travail sur les charpentes, en essayant de conserver les parties encore en état.

Sur la couverture, plusieurs métiers interviendront, des couvreurs ornementistes, les doreurs sur plomb puisqu’à la fin du chantier on verra  réapparaitre des dorures qui existaient à la fin du XIXe siècle. Tailleurs de pierre, sculpteurs, sur pierre, sur bois, mais aussi des maitres-verriers, interviendront sur le chantier, toute une palette de métiers d’art et de techniques séculaires qui 500 ans plus tôt avaient façonné l’esthétique de la chapelle.

Les loges d’artisans, une approche pédagogique du chantier de restauration

C’est sur les terrasses du château, à proximité de la chapelle, que les visiteurs pourront découvrir, des loges d’artisans. Une grande cabane divisée en modules avec des comptoirs qui s’ouvrent au gré de la présence des différents corps de métier à l’œuvre.

Des artisans qui partageront leur savoir-faire avec les visiteurs et permettront au public d’appréhender les techniques, les outils et les réalisations en cours sur l’édifice avec des plans, ainsi que des objets réalisés par les différents corps de métier.

Sur l’arrière de la loge la sécurité est maintenue sur la zone technique du chantier. Ces loges d’artisans existaient sous François 1er et jusqu’au 19ème siècle, on installait les entreprises à proximité du lieu de l’ouvrage. Une fresque pédagogique de 28 mètres, a aussi été installée pour présenter le chantier aux visiteurs qui circulent en autonomie dans le château.

Notre métier au château, c’est de transmettre une passion pour l’histoire et le patrimoine et c’est une belle occasion de le faire. Il y a un regain d’intérêt pour le patrimoine et quand un américain vient en France il est sidéré par cet attachement  au patrimoine, qui est très français.

"Il nous vient du 19ème siècle et le classement des monuments historiques date de 1840. C’est une invention française  nous rappelle Marc Métay, le directeur du château d’Amboise, Louis Philippe, qui est alors propriétaire du château, inscrivit Amboise parmi les premiers monuments classés historiques..."

Un attachement qui s’est ressenti lors des journées européennes  du patrimoine. Les 18 et 19 septembre dernier, plus de 4500 personnes (27% de plus qu’en 2020 ) ont pu visiter le château d’Amboise, découvrir ce chantier à ciel ouvert, et assister aux derniers coups de hache et de scie des charpentiers sans frontières, qui ont débuté le chantier de restauration de la chapelle Saint-Hubert, qui fut l’oratoire privé des rois de France à la Renaissance et le lieu de sépulture de Léonard de Vinci depuis la fin du XIXe siècle.

Le chantier ne fait que commencer mais il révèlera quelques moments spectaculaires, au fil du temps : le dévoilement de la toiture de plomb refaite et la restitution des dorures originelles en haut de la flèche de la chapelle. Et une cloche baptisée Hildebrant, qui n’a jamais sonné. Posée au cœur de la chapelle depuis près de 150 ans et jamais suspendue à son joug à cause d’une erreur dans son installation pendant les travaux réalisés au XIXe siècle, elle devrait sonner pour la première fois grâce à ce chantier exceptionnel.

Le reportage réalisé par notre équipe :

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