Entamés au cours de l’été 2022, les travaux de construction de la centrale solaire sur l’ancienne décharge des Petites Landes, à Saint-Benoît-la-Forêt dans l'Indre-et-Loire, vont bientôt s’achever. Avec une particularité : il voit le jour grâce à la détermination d'une association citoyenne qui prend en charge la recherche de financement et l'exploitation.
Les travaux se terminent à Saint-Benoît-la-Forêt. Entamés en 2022, ils ont donné le jour à un parc photovoltaïque d’une puissance de 2,83 MW crête, l’équivalent de la consommation électrique de 1434 habitants.
À l’origine en 2008, le projet de centrale solaire sur l’ancienne installation de stockage des déchets de Saint-Benoît-la-Forêt est celui d’un industriel, IEL. Mais celui-ci n’est jamais parvenu à un accord sur les tarifs avec la commission de régulation de l’énergie (CRE).
Avec l’aide du Parc Régional Loire Anjou Touraine, l’association Energies Renouvelables Citoyennes en Rabelaisie (EnRCR) vu le jour en 2018 pour reprendre ce projet qui n’avait pu aboutir. Forte d’un permis de construire et d’une promesse de bail négociée avec la commune, EnRCR a dû se mettre en quête de partenaires industriels.
Un mariage à trois dans l'intérêt des citoyens
Une démarche qui s’est avérée compliquée, mais l’association tourangelle a fini par trouver son bonheur avec la société Changeons notre vision de l’Énergie (CVE, producteur indépendant d’énergie renouvelable) et Énergie Partagée Investissement (EPI, mouvement qui accompagne les projets de territoire à gouvernance citoyenne).
"C’est un mariage à trois qui défend les intérêts citoyens, résume Franck Pottier, coordinateur de Energies Renouvelables et Citoyennes en Rabelaisie. "La nouveauté, c’est l’émergence des citoyens qui participent à la création d’un tel projet et aux investissements nécessaires. Mais c’est surtout d’être à la gouvernance. Le plus souvent, ces projets échappent au territoire. Un industriel arrive, plante sa centrale, puis la revend à des fonds de pension étrangers."
Réappropriation de l'énergie par les citoyens
En effet, afin d’entrer au capital de la société qui exploitera la centrale solaire sur au moins 30 ans, a été créée une société par actions simplifiée, REVE37 (pour Rabelaisie Energies Vertes Ensemble). Celle-ci est chargée de collecter les fonds nécessaires auprès des citoyens et des collectivités du territoire. Chaque personne qui le souhaite peut ainsi donner un sens à son épargne : financer la transition énergétique en souscrivant des actions de 100 euros proposées au public.
"Les citoyens sont partie prenante à la fois dans l’investissement et la gouvernance", poursuit Franck Pottier. "Ils mettent de l’argent dans le projet, mais en plus, au même titre que l’industriel, ils sont décisionnaires des choix stratégiques. Pour un projet qui s’élève à 2,5 M d’euros, CVE détiendra 60% du capital, EPI et REVE37, 20% chacun."
Notre volonté est la réappropriation de l’énergie par les citoyens. Ce que l’on défend, ce sont des moyens de production qui appartiennent aux citoyens. Des citoyens qui représentent au moins une minorité de blocage, qui disposent d’un pouvoir décisionnaire.
Franck Pottier Coordinateur de l'association EnRCR
Sur 170 000 euros espérés, REVE37 en a déjà collecté près de 120 000 (dont 30 000 de simples citoyens, le reste provenant de l’association et de différentes collectivités). Les formulaires de souscription sont disponibles sur le site de Energies Renouvelables Citoyennes en Rabelaisie.
Une mise en service fin juin
À Saint-Benoît-la-Forêt, les travaux sont pratiquement terminés sur le terrain de 3 hectares des Petites Landes. Un site réhabilité dont la mise en service est prévue dès la fin du mois de juin, pour une production représentant la consommation électrique de 380 foyers. Ce qui fera de la commune un territoire à énergie positive, qui produit plus d’électricité qu’il n’en consomme.
"Ceux qui investissent aujourd’hui deviennent presque immédiatement producteurs d’une énergie renouvelable, citoyenne et locale, c’est le côté magique de ce projet", se réjouit Franck Pottier. "Il faut absolument accélérer la transition énergétique, parce qu’on ne va pas assez vite. L’Etat français a été condamné pour son inaction climatique."