Des citoyens tentent l'achat collectif de parcelles boisées pour préserver la biodiversité forestière

C'est le tout premier GFCE (groupement collectif citoyen et écologique) de la Région Centre-Val de Loire. Créé il y a deux ans par 6 tourangeaux bien décidés à agir pour l'environnement, Komorebi a pour objet l'acquisition de parcelles forestières, afin d'en préserver la biodiversité.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'idée un peu folle a jailli lors d'une fresque de la biodiversité, un atelier ludique et collaboratif pour cerner les enjeux, comprendre l'impact des activités humaines dans l'effondrement actuel (une déclinaison de la fameuse Fresque du climat) :

"Dans la dernière partie de l'atelier, nous cherchions collectivement des actions à mettre en œuvre pour limiter le déclin de la biodiversité, raconte Carole Le Tenaff, l'une des membres fondateurs de Komorebi. La protection des forêts s'est imposée lors du tour de table, mais comment faire ? Aucun d'entre nous n'avait les moyens de s'acheter une parcelle boisée. On s'est dit qu'il fallait faire ça ensemble, monter un groupement forestier."

Si l'idée n'est pas nouvelle en France, elle l'est en région Centre-Val de Loire. Sur son site internet le Réseau pour les alternatives forestières recense sur le territoire national une vingtaine de GFCE, ainsi définis :

"Un groupement forestier est une société civile dont l’objet est la constitution, l’amélioration, l’équipement, la conservation ou la gestion d’un ou plusieurs massifs forestiers, ainsi que l’acquisition de bois et forêts. La particularité des Groupements Forestiers Citoyens et Écologiques (GFCE) identifiés par le RAF réside dans leur création et leur gouvernance d’initiatives citoyennes ainsi que leur volonté d’action pour l’environnement, la biodiversité et la sauvegarde des paysages."

Jérémie, Thomas, Emmanuel et Carole, 4 des 6 fondateurs de Komorebi, lors d'une présentation du projet à Ballan-Miré, ce lunidi 27 janvier. © P. Ferret / France3 CVDL

Faute d'un GFCE auquel adhérer dans la région, les 6 Tourangeaux, d'horizons très divers mais unis par un sentiment d'urgence face aux atteintes environnementales, ont donc dû se résoudre à en créer un.  

Forêts en danger

"La particularité d'un GFCE, poursuit Carole, est que ce groupement forestier est constitué par un collectif de citoyens réunis dans une société civile. Le but étant de protéger la forêt, plutôt que de l'utiliser comme ressource pour le bois. Nous voulions arrêter d'observer en silence la destruction de la forêt française par les coupes rases et les plantations en monoculture."

Il est vrai que le tableau n'est guère réjouissant. Voici comment le brosse, encore, le Réseau pour les alternatives forestières :

"Dérèglement climatique, industrie mondiale du bois de plus en plus prégnante, filière bois-énergie en développement, marché carbone émergent, marché financier en quête de valeurs refuges, la forêt et les forestiers sont mis sous pression de toutes parts. Coupe rase, usage d’intrants chimiques et destruction d’une multitude d’espèces animales et végétales, monocultures, exploitation mécanisée, rachat par de gros acteurs financiers, concentration des filières, perte d’emplois et de savoir-faire …"

Déterminés à agir, les 6 Tourangeaux ont donc déposé il y a deux ans les statuts de leur société civile, qu'ils ont choisi de baptiser Komorebi.

En Japonais, Komorebi désigne la lumière du soleil filtrée par les feuilles des arbres © Wikimedia Commons

Le rayon de soleil traversant les feuilles

"Notre fille (Carole est l'épouse de Thomas, l'un des autres fondateurs, NDLR) est fan du Japon et a déniché ce mot, Komorebi. Il n'existe pas de traduction en Français, c'est un mot qui désigne la lumière du soleil qui passe à travers les feuilles d'un arbre. Nous avons trouvé cela très poétique, et cela exprime bien l'amour de la forêt, sa beauté, la volonté d'en préserver la richesse".

Le droit d'entrée au GFCE peut se faire soit en nature (si l'on possède une parcelle forestière), soit en numéraire : il faut acquérir une ou plusieurs parts sociales, à 1000 Euros l'unité. Un tarif qui peut paraître prohibitif, mais il faut garder en tête que le coût moyen d'une parcelle forestière en Indre-et-Loire se situe entre 8000 et 15000 Euros (dans certains GFCE, la part sociale peut s'élever à 10 000 Euros).

Lors d'une réunion publique qui a réuni une cinquantaine de personnes le 27 janvier 2025 au soir, à Ballan-Miré, les fondateurs de Komorebi ont précisé leur projet.

Laisser faire la nature ou lui donner un coup de main

"Quelle qu'en soit la taille, il est vital d'acquérir des espaces boisés, explique Jérémie Courdent, un vrai passionné des arbres, qui a d'ailleurs déjà acquis de toutes petites parcelles dans le Loir-et-Cher. Un grand groupe qui veut faire des coupes rases devra renoncer si un propriétaire s'y oppose. Il faut contrebalancer le pouvoir des fonds d'investissement qui acquièrent de grosses parcelles uniquement parce que le bois, ça rapporte."

Deux types d'acquisitions sont envisagés : soit une parcelle forestière où l'on laissera la biodiversité s'épanouir pleinement (juste un peu de sylviculture douce, le strict nécessaire), soit un terrain moins boisé où l'on pourra envisager de replanter avec des essences plus résistantes face au changement climatique. Les premiers associés de Komorebi ont commencé à multiplier les repérages.

Devant un public visiblement séduit par cette démarche, ils ont encore fait part de leur rêve : trouver et acheter une parcelle boisée d'environ 20 hectares, la surface idéale pour un bon développement de la biodiversité. Et, cerise sur le gâteau, avec une zone humide, pour un écosystème encore plus riche. Convaincre les futurs associés, puis acquérir le terrain idéal, le beau projet prendra sûrement un peu de temps à se concrétiser...

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information
en direct

DIRECT. Qu'est-ce qu'être agriculteur aujourd'hui ? Est-ce une vocation ou un sacerdoce ? comment préparer l’avenir ? La relève est-elle prête ?

regarder