Le Château de Gizeux appartient à la famille de Laffon depuis 1786. Aujourd’hui dans ce château vivent trois générations. Un couple, six enfants et la grand-mère. Rencontre avec Géraud de Laffon qui a hérité du domaine et de sa grande responsabilité.
"On tient à cette vieille dame et nous voulons qu'elle ait un bel avenir." C'est avec beaucoup d'amour que Géraud de Laffon parle du château de Gizeux. Il en a hérité en 2003. Il avait alors 38 ans mais il s'occupait déjà de l'ouverture au public depuis dix ans. Il était ingénieur commercial à Paris et son épouse, guide conférencière à Chinon.
Le château appartient à notre famille depuis 1786. Alors nous avons avons accepté de nous en occuper. Nous sommes là pour servir son histoire le temps qu'on aura l'énergie et la possibilité de le faire. Ensuite ce sera aux autres générations de faire de même s'ils en ont envie.
Comme tous les propriétaires de châteaux privés, le couple de Laffon travaille pour financer l'entretien du domaine. Elle s'occupe des chambres d'hôtes pendant qu'il gère une structure de diagnostic en bâtiments pour les bailleurs sociaux. Ils possèdent aussi un petit élevage bovin pour vendre leur viande en direct.
"Notre grande chance est de pouvoir vivre ici avec nos six enfants et ma mère. Trois générations sous le même toît c'est rare et précieux pour nous", se réjouit Géraud de Laffon.
Et les enfants ? Seront-ils obligés de prendre la suite ?
Les enfants du couple de Laffon ont entre 13 et 26 ans. "Nos enfants ont tous des caractères différents. On ne les oblige pas. On les encourage à participer selon leurs souhaits."Il complète : "J'en ai un qui est passionné par l'environnement. Un autre par tout ce qui touche à la forêt et la chasse. Ils ont tous leur place dans l'aventure. Ils peuvent apporter leurs passions au service de la propriété. Mais l'erreur serait vraiment de les contraindre parce qu'il y aurait un risque de rejet. C'est évident".
Et si les enfants ne veulent pas du domaine... Géraud de Laffon est plutôt philosophe. "Il y a eu plein de turpitudes, d'événements familiaux, de guerres, d'occupations. L'histoire du château continuera avec ou sans nous. Ce qui compte c'est d'en prendre soin le temps qu'on l'occupe. Il faut le faire avec passion sinon ce n'est pas la peine".
Prendre soin d'un château coûte cher...
Quand on hérite d'un château qui date du Moyen Âge et qui a été agrandi par la famille du poète Joachim du Bellay à la Renaissance, la responsabilité est immense. Et les travaux de restauration très onéreux.Derniers en date : la galerie des châteaux. Il aura fallu 6 ans et 500 000 euros pour qu'elle retrouve sa beauté originelle. "Nous avons financé une partie de la restauration mais sans l'accompagnement de la DRAC (50 %) et sans l'aide du mécénat participatif ( 25%) cela aurait été impossible. Les gens peuvent penser que l'aide est modeste. Quand ils donnent 15,30 ou 50 euros, on se dit que c'est une goutte d'eau mais la goutte d'eau de plus de 500 personnes a permis de compléter et de finaliser les travaux," raconte Géraud de Laffon, reconnaissant.
Le château de Gizeu accueille chaque année 11 000 visiteurs. Sa galerie des châteaux restaurée lui a valu une deuxième étoile Michelin en juillet 2020. " Nous espérons qu'elle incitera beaucoup de monde à venir. Avec le Covid, nous avons perdu 75 % de la fréquentation en juin. L'année s'annonce compliquée. Mais c'est le cas pour tous les châteaux privés."
La région Centre-Val de Loire compte 890 châteaux privés dont 120 sont ouverts au public.
"Page été" réalisée par Marine Rondonnier, Sanaa Hasnaoui et Anne-Astrid Grandveau :