"On n'est pas là pour foutre le bordel" 1 000 personnes dans une rave party du nouvel an à Descartes

Environ 1 000 personnes se sont réunies sur le site d'une usine désaffectée à Descartes, au sud de la Touraine, pour une rave party du nouvel an. Un évènement entre revendication, affirmation de valeurs, et amusement. Un dispositif de gendarmerie a été déployé sur place.

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Ils défendent un mouvement culturel et musical à part entière. Si un millier de teufeurs (participants à une rave party, l'équivalent des festivaliers pour un festival NDLR) se sont réunis dans une usine désaffectée à Descartes, au sud de la Touraine, c'est pour clore l'année 2023 en tapant du pied, mais aussi pour "lutter contre la répression". 

Un week-end de fête pour le nouvel an 

Environ 1 200 personnes sont arrivées sur le site de l'ancienne usine Everite dans la nuit de samedi 30 à dimanche 31 décembre, vers 23h. La préfecture d'Indre-et-Loire avait anticipé la possibilité de la tenue de l'évènement non déclaré, en prenant deux arrêtés qui, justement, interdisaient à la fois tout "rassemblement festif à caractère musical", mais aussi de transporter du matériel sonore et autres groupes électrogènes dans des véhicules.

Sans déclaration à la préfecture, la rave party n'était par conséquent pas autorisée. Iuri, Brésilien arrivé à Paris il y a 4 ans, rêve pourtant d'une "fête libre qui se ferait avec l'Etat à nos côtés".

Dans un long chemin qui mène à l'entrée du bâtiment, les voitures qui ont pu entrer sur le site avant le bouclage des gendarmes se sont installées. Quelques toiles de tente permettent aux plus téméraires de passer la nuit à la belle étoile. Certains sont emmitouflés dans des vestes chaudes, d'autres arborent du maquillage festif, ou encore des guirlandes lumineuses.  

On est des gens normaux, comme tout le monde. Avec un métier ou des études, on participe à l'économie du pays et on veut juste profiter d'une soirée autogérée, comme d'autres iraient en boîte de nuit, en festival ou dans un appart.

Iuri, participant à la rave party près de Descartes

Faire la promotion de valeurs chères au milieu de la rave 

"On n'est pas là pour dégrader ou foutre le bordel" insiste Iuri. Toutes les personnes rencontrées s'accordent pour dire qu'elles défendent un idéal de vie, avec des valeurs qui sont chères à la free party. "L'entraide, le respect de l'autre, de la nature et des sites" affirme AD, qui préfère rester anonyme. "Ici il n'y a pas de classe sociale, riche comme pauvre, tu es le bienvenu".

AD remarque cependant que la visibilisation du mouvement sur les réseaux sociaux n'apporte pas que du bon. "Des personnes qui ne sont pas dans cet esprit-là débarquent" regrette-t-il. 

À 13h pétantes, la musique s'est arrêtée dimanche. Tous les teufeurs savent ce que cela signifie "nettoyage du site" explique Iuri. Le son ne sera relancé qu'une heure et demie plus tard, le temps de ramasser les détritus qui pourraient avoir été abandonnés. 

Sortir de l'image stigmatisante d'un "milieu de drogués"

Comme souvent sur ce genre d'évènements, un stand de "prévention et réduction des risques" a été installé. Il permet de venir se servir en bouchons d'oreilles, préservatifs, produits hygiéniques, désinfectant, mais aussi pour trouver de la documentation autour de la consommation de drogues.  

La circulation de stupéfiants et d'alcool ici, on ne la nie pas, mais on aimerait que les non initiés à la rave party voient autre chose. "Oui, il y a des excès, mais comme partout ailleurs" souligne Antonin, teufeur et organisateur de soirées. 

Que les gens viennent nous voir pour discuter et comprendre notre mouvement.

Un participant à la rave party près de Descartes, et bénévole au stand de "réduction des risques"

Le week-end est festif, mais aussi revendicatif, comme beaucoup de rave party, celle-là a un sens pour les plus convaincues. "Des gens sont morts comme Steeve à Nantes, d'autres blessés comme à Redon, alors qu'ils faisaient la fête" se souvient Antonin.

"C'est un mouvement réprimé depuis longtemps" considère Iuri. "Comme le rock avant, était mal vu, nous c'est pareil" détaille Antonin. Antifascisme, de gauche, la free-party n'est pas que musicale et culturelle elle est aussi "sociale et politique" soutient Iuri. 

La liberté, l'acceptation de soi et de l'autre, ce sont des valeurs de mon pays, le Brésil, que j'ai retrouvées dans le mouvement de free party.

Iuri, Brésilien vivant à Paris depuis 4 ans et teufeur.

Des paroles qui font particulièrement écho à des décisions politiques récentes, comme la loi immigration. Sous quelques cernes et des cheveux bouclés, le jeune homme reconnaît que "le but c'est aussi d'apprécier de la musique ensemble, c'est pas cher et plutôt marrant de partir pour un endroit sans savoir où on va".

Pour éviter d'être débusqués par les autorités, les organisateurs de rave party donnent aux participants des indications GPS. Un premier rendez-vous, puis d'autres qui suivent. Les informations se donnent souvent de bouche à oreille, en essayant de les rendre le moins visible possible sur les réseaux sociaux.

Pas d'évacuation prévue, mais des contrôles

Ce 31 décembre, à la mi-journée, aucune évacuation n'était prévue. Des moyens de gendarmerie "adaptés" ont été déployés, sans que l'on ne puisse connaître l'ampleur du dispositif. Des contrôles sont effectués, et le préfet d'Indre-et-Loire s'est rendu sur le site peu avant midi.

La fête devrait se poursuivre pour la Saint-Sylvestre, mais aussi lundi dans la journée. Les riverains croisés, eux, ne semblaient pas particulièrement dérangés par la musique. Aucun trouble particulier n'a d'ailleurs été relevé par la gendarmerie. 

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