Saint-Nicolas–de-Bourgueil : après la tornade, une vague de solidarité autour des sinistrés

Clocher de l’église arraché, toitures envolées, la tornade qui a traversé le village de Saint-Nicolas de Bourgueil samedi 19 juin a occasionné des dégâts considérables mais aussi suscité un élan de solidarité pour aider les sinistrés et la municipalité à restaurer ce village meurtri.

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Le clocher de l’église, arraché et tombé dans la nef, c’est l’image symbolique de Saint-Nicolas de Bourgueil qui témoigne de la violence de cette tornade qui, sur un couloir d’environ 300 mètres de large et 4 km de long, a ravagé une partie de la commune. Une tornade qui a aussi touché Chouzé-sur-Loire et Continvoir.

La tornade, les jours d’après

Des toits envolés comme celui de de la salle des fêtes, des faîtages détruits, une cinquantaine de maisons a été gravement  touchée mais aussi des chais à ciel ouvert et des hangars agricoles. 1600 foyers ont été privés d’électricité.

Au cours des jours suivants, il a fallu mettre en sécurité le village, face à d’éventuelles chutes de pierres et dégager des arbres tombés, et tout ce qui pouvait gêner l’accès des caves et des chemins des viticulteurs pour remettre en état les vignes après le passage de la tornade.

"C'est une zone de guerre"

C’était la priorité de Sébastien Berger, nouveau maire de Saint-Nicolas de Bourgueil : s’assurer qu’il n’y ait aucune victime après avoir constaté l’étendue des dégâts impressionnants. "C’est une zone de guerre, comme un souffle de bombe, sur le centre bourg. Dans la forêt, 60 hectares sont tombés, certains secteurs comme le vignoble de la Jarnoterie sont aussi dévastés.

Pour son premier mandat, ce pompier  professionnel a su mettre son expérience au service des habitants : "Dès que j’ai vu que le clocher était parti, même avant d’arriver dans le centre bourg de la commune,  j’ai appelé mes collègues pour qu’ils m’envoient rapidement des conseillers techniques sauvetage déblaiement, ce qui a permis de gagner du temps sur la mise en œuvre des opérations. Il fallait prévoir un périmètre pour le poste de commandement, et le gymnase était prêt pour les impliqués."

Cinq heures après le passage de la tornade, 70 pompiers du SDIS 37 et des renforts venus du Maine-et-Loire et de l’Indre ont été à pied d’œuvre pour dégager les chaussées, les obstacles dans les rues du village, déblayer pierres, tuiles et tôles et bâcher les toitures, sans trouver de blessé ou victime. Un énorme soulagement.

Le maire ajoute avoir été très touché de la solidarité des maires du canton de Bourgueil, de coups de main d’une entreprise qui a fourni des bâches en urgence arbres tombés. Le soutien est aussi venu de l’autre rive de la Loire. Christophe Baudry, vigneron et maire de Cravant-les-Côteaux est venu tout de suite avec des agents de sa commune qui sont intervenus pendant plusieurs jours. Là  aussi pour déblayer et nettoyer le village. Un geste d’entraide naturel comme celui d’un traiteur du Maine-et-Loire qui fournit gratuitement des repas pour les bénévoles qui s’activent quotidiennement.. Entre 50 et 80 personnes avec un pic de 100 personnes mercredi.

A tous ceux et celles qui participent à cet élan de solidarité, le maire a tenu à faire passer un message : "Un grand merci, merci à tous, à tous ceux qui nous aident sur le terrain mais aussi à ceux qui, tous les jours, nous envoient des messages de soutien."

Nathalie Mabileau vigneronne, habite en face de l’église. Chaque matin, quand elle ouvre ses volets, son premier regard est pour le clocher de Saint-Nicolas. Ce samedi après-midi,elle a eu très peur. "J’avais une dizaine de jeunes, qui étaient dans les vignes, ils ont vu la tornade arriver, ils se sont garés au pied de l’église et ont juste eu le temps de sortir de leurs voitures pour rentrer sur le domaine. J’étais plutôt soulagée qu’il n’y ait aucun blessé alors qu’à 30 secondes près, l’église, les pierres, seraient tombées sur eux."

Malgré les dégâts matériels, Nathalie estime s’en sortir mieux que d’autres sinistrés et avec beaucoup d’émotion dans la voix, confie à nouveau son soulagement : "C’est vraiment impressionnant, c’est du jamais vu ! Lorsqu’on est ressorti on a eu l’impression qu’il y avait eu un bombardement dans la commune tellement c’était impressionnant, il y en avait partout."

"On n’a pas eu un seul blessé alors que quand je vois tous les toits arrachés, je me dis on a eu énormément de chance", poursuit Nathalie. "Je m’estime très heureuse qu’il n’y ait eu aucun blessé sur toute la commune. C’est ça le plus important."

Entraide et solidarité, une commune soudée.

Dans ce village viticole de 1112 habitants, qui compte 80 vignerons pour 1100 hectares de vignes la solidarité s’est tout de suite organisée. Avec la commune, le syndicat des vins de Saint-Nicolas de Bourgueil a mis en ligne une cagnotte Leetchi pour financer les réparations non prises en compte par les assurances et le maire Sébastien Berger a demandé l’état de catastrophe naturelle.

Au cœur du village, chacun, selon ses possibilités et ses compétences, a proposé son aide. Sébastien Boissinot lui, habite à quelques kilomètres de là, à Restigné. Ce jeune entrepreneur, gérant d’une entreprise multimédia, spécialisée dans les visites virtuelles, a proposé ses services gratuitement aux sinistrés pour constituer des dossiers avec photos et visites en 3D pour les assureurs. "Pour moi c’était normal de proposer mon aide", raconte-t-il. "J’ai posté un message samedi soir sur les réseaux sociaux, j’ai eu des demandes et le lendemain matin j’étais là à 9h pour aider les familles." 

 J’ai pris des photos de google street view, avant et des photos après  la tornade. Là où je pouvais accéder après la sécurisation des pompiers, j’ai fait une visite virtuelle 360°pour que les experts puissent évaluer l’étendue des dégâts. J’ai pu constituer des dossiers pour 6 familles, comme le vignoble de la Jarnoterie.

Nicolas Boissinot, habitant de Restigné

Une aide précieuse pour les propriétaires Carine et Didier Rezé, sous le choc, leur exploitation viticole se situant dans le couloir de la tornade. Tout l’ensemble des bâtiments a été touché et 90% des arbres déracinés.

Carine, très émue, souligne aussi la solidarité de tous les habitants. "La solidarité qu’on a sur la commune est incroyable. Une heure après la tornade, j’avais des tracteurs, des plateaux, j’avais 50 personnes au domaine, des amis, des copains, des inconnus, un client qui est resté, ils sont tous venus pour nous aider, ça fait chaud au cœur et au niveau énergie c’est énorme."

 

"Notre couvreur, les pompiers ont bâché les toits, tout s’est organisé avec des gens positifs, actifs, c’était incroyable mais il faut penser aux autres aussi."

Après avoir aussi bénéficié de personnels pour remonter et palisser les vignes à terre après le passage de la tornade Carine et Didier Rezé sont allés donner un coup de main à d’autres vignerons. L’esprit d’entraide est partagé par tous, c’était déjà le cas avant ces intempéries.

Après la sidération de la tornade, la parole des habitants est aussi au cœur des préoccupations de la municipalité. Deux psychologues sont venus à l’école mardi 22 juin, et le jeudi 24 la Cellule d’Urgence Médico Psychologique du SAMU 37 est venue à la rencontre des habitants pour parler avec eux. Un épisode traumatisant pour certains qui ont vu s’envoler des toitures ou tomber le clocher.

Durant 2 semaines la départementale qui traverse Saint-Nicolas de Bourgueil va être coupée à la circulation (avec accès aux riverains) pour permettre la sécurisation du clocher et de l’église avant de pouvoir penser à la  restauration. Des travaux estimés entre 2 et 3 millions d’euros. La Fondation du Patrimoine a d’ailleurs lancé un appel aux dons pour la restauration de l’église et les dégâts sur tout le territoire communal avoisineraient les 15 millions d’euros selon le maire, à confirmer après les expertises. Une semaine sera aussi pour enlever les arbres tombés dans la forêt et permettre l’accès aux chemins de randonnée mais aussi pour les secours en cas d’incendie.

Il faudra du temps pour panser les plaies et retrouver le clocher de Saint-Nicolas de Bourgueil qui veille sur le village depuis près de deux siècles mais l’entraide et la solidarité font partie à tout jamais du patrimoine de cette commune de 1112 habitants des bords de Loire.

 

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