Le président du Conseil départemental d'Indre-et-Loire veut lancer une concertation suite à l'annonce du gouvernement de vouloir laisser la main aux départements. Idée qui fait réagir les associations de sécurité routière moins d'un an après le passage aux 80 km/h sur les routes secondaires.
Je propose qu'une concertation se fasse avec les maires, la préfecture et et ses services de sécurité - police, gendarmerie- et les services technique du département.
A quelques jours des élections européennes, Jean-Gérard Paumier, président du Conseil départemental d'Indre-et-Loire a annoncé le lancement d' une concertation sur le retour possible aux 90 km/h sur les routes départementales. " Il faut que l'Etat retienne la leçon de tout cela et comprenne que le local se gère toujours lieux qu'au national. "Mais pour lui "c'est un piège de confier cela aux présidents de conseil départemental. Ils ne doivent pas décider seuls mais avec les services de l'Etat ainsi que les associations de prévention routière".
Une concertation qui pourrait améliorer la compréhension des automobilistes ?
Pierre Graziano, président de l'association des familles des victimes des accidents de la route d'Indre-et-Loire, salue l'ouverture du dialogue sur ce sujet.
" Cette concertation est une bonne nouvelle. Nous n'avons pas compris pourquoi elle ne s'est pas tenue avant." Pour lui, "cette mesure a été prise à la va vite. Du coup, elle n'a pas été comprise par les automobilistes et donc pas respectée. Elle a engendré de nombreux excès de vitesse paradoxalement et pas seulement sur les routes limitées à 80 km/h", nous explique Pierre Graziano.
" Il faut que cette mesure soit bien expliquée aux citoyens. Elle ne doit pas être généralisée. Il y a des portions de route où cette mesure n'est pas justifiée. J'espère que cette concertation va permettre d'améliorer les choses", ajoute-t-il, confiant.
Pour la Prévention routière, la concertation doit être pilotée par l'Etat
Pour l'association régionale de Prévention routière, c'est aux commissions départementales de sécurité routière pilotées par les Préfectures d'animer cette concertation. Pas aux Départements. " On pense que pour être efficace, une mesure de la sorte doit être lisible et uniforme sur l'ensemble du territoire", nous explique Florian Marcon, directeur régional de l'association Prévention routière.Trop tôt pour évaluer l'efficacité de la mesure au niveau local
Le bilan du passage à 80 km/h a été évalué au niveau national. Selon l' association de Prévention routière et les chiffres des préfectures, cette mesure aurait permis d'épargner 116 vies."On aurait préféré attendre juillet 2020 comme c'était prévu au départ pour évaluer l'efficacité de cette mesure au niveau local. Là? c'est beaucoup trop tôt pour avoir du recul", nous dit Florian Marcon. Mais il l'assure : "Dans chaque département de la région Centre Val de Loire, les routes les plus meurtrières sont les départementales sans séparateur central. Et la première cause de mortalité sur ces routes est la vitesse. Ce n'est pas par hasard que cette mesure avait été prise."
Des panneaux 90 conservés par le Conseil départemental 37
Selon l'amendement déposé par le groupe LREM ( La république en marche), les présidents de département auront la capacité de décider seuls de déroger aux 80 km/h sur les routes secondaires. En laissant la seule responsabilité à ces élus, la majorité mise aussi sur le fait que peu d’entre eux oseront franchir le pas, trop soucieux de ne pas assumer les accidents mortels.
En attendant le lancement de la concertation, en Indre-et-Loire, quelques panneaux 90 sont conservés par les services routiers du Département, à Bléré, au service territorial d'aménagement, prêts à être réinstallés.