Art contemporain: Tours accueille le travail de l'artiste Allemand Klaus Rinke

Le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours expose le travail de Klaus Rinke. La démarche de distanciation du réel et l’esprit de la Kunstakademie sont les fruits du contexte traumatique allemand post-nazi. Un courant majeur dans le renouveau de l’art allemand.

La froideur des toiles d’inspiration norvégienne d’Olivier Debré a laissé derrière elle un écrin parfait pour accueillir Klaus Rinke. And friends puisque le glacis du CCC O.D. vient sertir au même moment quelques pierres rares de l’école de Düsseldorf, comme Gerhard Richter (Tigre), Harald Klingelhöller (Leiterstück) ou le panthéonique Joseph Beuys et sa « Vierge au linge mouillé – Nasse Wäsche Jungfrau II)». Un creuset anthracité comme la Ruhr sait les fabriquer, et qui résonne parfois des accents Bahaus tant certaines rectitudes ou bichromies peuvent claquer strictement. Nous sommes en plein avènement germanique, bercé par un malicieux fond sonore de Kraftwerk et son Autobahn mythique qui rythma les journées loufoques des acolytes. La déclinaison sérielle noire et blanche d’autoportraits de Rinke dans un tunnel est juste géniale. Tout un programme pour lequel il faut malgré tout quelques clés pour y entrer. La présentation tourangelle est de haute volée.

Une interprétation évoluée

Si la sublime White box du 1er étage est « habitée » par la joyeuse bande, la grande nef du CCC O.D. est taillée sur mesure pour la renaissance, la résurrection peut-être même, de l’œuvre magistrale de Rinke, l’Instrumentarium. Car il s’agit de l’installation réalisée en 1985 au Forum du Centre Georges Pompidou, à Paris. Dans une interprétation évoluée puisqu’elle transpire aujourd’hui la géopolitique européenne, sur le thème des flux migratoires…
A l’origine, l’Instrumentarium traduit à la fois cette obsession du temps chez Rinke (partout, jusqu’autour de son cou, une horloge le poursuit), et la quasi vénération de l’eau qu’il considère comme matériau ultime de la sculpture.

Parabole saisissante


En 2017, l’eau coule toujours dans les tuyaux industriels de l’installation, dont les quatre jarres de 2000 litres peuvent ressembler au premier abord à des myocardes dans lesquelles plongent des aortes vitales. Mais cette fois, pour symboliser un espace ouvert de Schengen dans lequel, malgré tout, les peuples ont du mal à circuler librement. Car l’eau reste parfois coincée dans les gros tubes, les mélanges de couleurs et de turbidité se font mal. Ou pas du tout. La parabole est saisissante, certainement intelligente. Il faut dire que pour imager cette Europe des peuples, Rinke est allé siphonner des milliers de litres d’eau dans chaque fleuve. Et il nous met sous les yeux qu’il n’est pas facile de tout mélanger. Là, on frôle le coup de génie sémantique. Une figure de style qui n’appartient qu’à lui.

« Klaus Rinke. Düsseldorf mon amour » - Jusqu’au 1er avril 2018 au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, à Tours.

Reportage sur l'installation de l'oeuvre signé Jean-Paul Baume, Patrick Ferret et Gilles Engels

 

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