Collectif "Pas d'enfant à la rue" : "En un mois et demi, 17 enfants et leurs familles ont dormi dans notre école"

Plus de quatre-vingt parents, enfants et enseignants des écoles de Tours se sont rassemblés place Jean Jaurès ce samedi 10 juin pour alerter l'opinion publique sur le manque de places au 115 pour les élèves et leurs familles. Mobilisés depuis fin mars, les membres du collectif "Pas d'enfant à la rue" demandent à la Préfecture de réunir rapidement les acteurs de l'hébergement d'urgence pour mettre à l'abri leurs élèves et leurs familles.

Des peluches, des lits parapluie, un petit matelas, une tente, une petite table d'école et toujours la même banderole : "Des enfants dorment à la rue à l'école".

Ce samedi 10 juin, place Jean Jaurès à Tours, les membres du collectif tourangeau "Pas d'enfant à la rue" ont organisé un nouveau rassemblement pour alerter l'opinion publique. "En un mois et demi, 17 enfants et leurs familles ont dormi à l'école Michelet. Quand pendant un certain temps le 115 leur trouve une solution d'hébergement, on apprend qu'en fait c'est parce que d'autres familles ont été remises à la rue", s'insurge Aurélie Ardouin, enseignante en CM1-CM2 à l'école Michelet. 

Mélanie Andrieux, enseignante à l'école Marie Curie dans le quartier du Sanitas confirme : "Comme notre collectif commence à faire du bruit, une famille de trois de chez nous est prise au 115 et aussitôt on apprend qu'une famille de trois de Saint-Pierre-des-Corps a perdu sa place d'hébergement d'urgence. Ce n'est pas une solution. Ça nous met en colère."

A trois semaines des vacances scolaires d'été, il y a urgence

Les membres du collectif sont d'autant plus inquiets que les vacances scolaires d'été approchent. "Je ne sais pas si on pourra continuer l'accueil dans les écoles", nous confie Aurélie Ardouin. 

Evelyne Gauché est maman d'un enfant scolarisé à l'Ecole Michelet vient de rejoindre le collectif : "Je pense qu'il y aura toujours des personnes pour se mobiliser durant l'été. Nous avons aussi proposé d'héberger des personnes chez nous au dernier moment s'il n' y avait pas de solutions à l'école. En tant que parents, on ne peut pas rester insensibles". 

Une table ronde pour trouver une solution rapidement 

Les membres du collectif "Pas d'enfant à la rue" qui sont enseignants, parents d'élèves, ou citoyens solidaires, demandent à la Préfecture d'inviter tous les acteurs de l'hébergement d'urgence autour d'une table et de trouver une solution rapidement.

Perrine Hernandez, enseignante aux élèves de CM1-CM2 à l'école Anatole France s'est retrouvée ce vendredi 9 juin, avec un élève et sa famille qui ne savaient pas où dormir. "Je suis dépitée parce que je ne comprends même pas qu'on laisse dormir des enfants à la rue.  Il n'y a pas de place ?  C'est faux. On sait qu'il y a des logements vides, des gymnases qui pourraient être réquisitionnés. Il y aurait plein de solutions mais pour ça il faut de la volonté", s'indigne-t-elle. "On espère qu'en mobilisant les gens, on va faire un peu plus de bruit et faire comprendre à l'Etat que ce n'est pas une situation qui peut durer. La balle est dans son camp. Il n'y a que l'Etat qui peut ouvrir des places et qui peut faire en sorte que toutes ces personnes soient mises à l'abri rapidement." 

Le 3 mai dernier, nous avions joint la directrice de cabinet du Préfet d'Indre-et-Loire à ce sujet. Anaïs Aït Mansour, déplorait cette situation et tenait à rappeler les chiffres de l'hébergement d'urgence dans le département : "En 10 ans, le budget alloué à l'hébergement d'urgence a été multiplié par deux passant de 7,5 millions à 15 millions d'euros. L'Etat finance 608 places et nous poussons jusqu'à 800 places pour faire face à l'augmentation de la demande. Une augmentation de 25 % en un an d'appels au 115 et surtout une augmentation de 38 % de femmes seules avec enfants.

Par ailleurs, elle expliquait que la Préfecture d'Indre-et- Loire avait demandé une enveloppe supplémentaire d'un million d'euros à la DIHAL, Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement. " On est en attente d'un arbitrage. Cela prend du temps. On prend la mesure de la situation. Nous ne sommes pas dans l'attentisme face à ça. En parallèle, nous finançons aussi des dispositifs d'hébergement pérenne pour que ces personnes sortent de l'hébergement d'urgence."

Pour le collectif, depuis que l'alerte a été lancée fin mars, chaque institution se renvoie la balle. "Nous ne voulons viser personne. Nous voulons juste travailler ensemble et trouver une solution", rappelle Aurélie Ardouin de l'école Michelet.

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