Hooligans : qui sont les Turons, les supporters ultras et imprévisibles du Tours FC ?

Samedi 21 octobre, un match de National 3, opposant le Tours FC à Poitiers, a été interrompu à la 83e minute. En cause : une bagarre ayant éclaté en tribunes entre deux groupes de supporters, dont les Turons, venus de Tours. Porteurs d'une imagerie nationaliste, ils auraient la "réputation" de vouloir "avant tout en découdre".

Entre ce qui se passe sur le terrain et en dehors, le Tours FC ne vit pas sa meilleure passe. Relégué en National 3 depuis 2019 (avec une saison en Régional en 2021-2022), le club tourangeau vise clairement la remontée en National 2. Mais, après cinq matchs joués, il ne pointe qu'à la dixième place de sa poule.

La dernière défaite en date : 2-1 sur la pelouse de Poitiers, avec une interruption définitive du match à la 83e minute. En tribunes, une bagarre générale a éclaté après le deuxième but de Poitiers, les joueurs étant venus célébrer le score devant les supporters tourangeaux. "Je vois des coups de poing, des coups de pied s'échanger", explique la commentatrice tourangelle. Son collègue au micro ajoute : "Il y a un peu de panique dans les tribunes, car rien ne sépare les Turons des supporters de Poitiers."

"Une quinzaine de mange-merde"

Les Turons 1951, ce sont les supporters ultras de Tours. Créée en 2012, l'association se définit, sur son site, par la défense des couleurs de Tours et du maillot, la solidarité avec le groupe, et son combat contre le "foot business" et la "répression" des ultras par les autorités.

L'association s'était rapidement construite à ses débuts une réputation plus que sulfureuse, notamment par des incidents lors d'un match avec Angers. En 2013, une vingtaine de jeunes, apparentés au groupe de supporters de retour du match, s'arrêtaient sur une aire d'autoroute et se servaient en sandwichs, outillage et accessoire de téléphonie, sans payer, dans la boutique.

Depuis, le groupe semble avoir fait moins de vagues. Dans une interview en 2015, les Turons se félicitent même de communiquer "très régulièrement avec Monsieur Ettori", le président du club. Le même Jean-Marc Ettori qui, sourire aux lèvres, apparaît sur des photos postées sur le site des Turons, lors de matchs victorieux en Ligue 2 pendant la saison 2014-2015, allant à la rencontre des supporters.

Pourtant, ces supporters, le président du Tours FC les a qualifiés de "racailles", de "supporters à la petite semaine", et de "sous-déchets de l'humanité" juste après le match interrompu face à Poitiers. Leur est reproché l'emploi de fumigènes, de laser, et d'avoir déclenché l'échauffourée. "Un sabotage télécommandé" par "une quinzaine de mange-merde", a ajouté Jean-Marc Ettori (à partir de 2:22:35 dans la vidéo Youtube ci-dessus).

Ce dernier n'a également pas hésité à réclamer la dissolution des Turons 1951, en plus de manifester son intention de déposer plainte. "Je demande à monsieur le préfet de prendre ses responsabilités, et de rayer de la carte ce qui se dit être une association raciste", a clamé Jean-Marc Ettori.

Imagerie nationaliste

Selon le site Streetpress, l'association entretiendrait des liens "forts" avec les hooligans d'extrême droite du Turone Squad. Sur une photo postée sur le site des Turons 1951, un groupe de supporters tourangeaux pose devant la cathédrale d'Orléans avant un match contre l'équipe de Saran. Peut y être clairement distingué un drapeau noir, sur lequel est inscrit "Place Plum Squad", en référence à la place Plumereau, en centre-ville de Tours.

Un totenkopf (tête de mort, en allemand), un crâne humain agrémenté de deux fémurs croisés, y figure également. Le symbole apparaît dans l'armée prussienne dès le 19e siècle. Mais la forme de celui présent sur la photo est surtout très proche de l'insigne utilisé par les unités SS pendant la Seconde Guerre mondiale, et est aujourd'hui notamment utilisée par les mouvances néonazies.

Le logo des Turons 1951 reprend lui aussi l'imagerie du crâne, mais lui associe une symbolique nationaliste française, avec un casque ailé comme peuvent en porter les Gaulois représentés par la peinture romantique du 18e siècle. Le nom de Turon fait d'ailleurs référence aux Turones, peuple gaulois de la région de Tours, et qui lui a légué son nom. Les couleurs (noir et blanc, et un liséré bleu ciel) évoquent les couleurs de l'équipe.

Peu avant la rencontre, une photo (depuis postée par un compte Instagram de "hooligans, ultras, casuals, politiques...") circule sur les réseaux sociaux, montrant une petite quarantaine de supporters tourangeaux, devant l'hôtel de ville de Poitiers, encagoulés, se réclamant de la "Jeune garde Tours", et des Turons 1951.

Les ultras réagissent

Une symbolique qui alimente la "réputation" du groupe, celle de "venir avant tout pour en découdre avec d'autres", estime Antonio Teixeira, président de la Ligue Centre-Val de Loire de football. Il se souvient que des "précautions" avaient dû être prises avant la venue du Tours FC à Saran, niveau sécurité. "On est attentifs quand on a l'information qu'ils se déplacent", ajoute-t-il. Des informations en provenance des renseignements territoriaux, semble-t-il admettre à demi-mot.

Antonio Teixeira adopte un parti pris proche de celui du président du Tours FC : "Ce sont des gens qui vont juste donner une mauvaise image du club, qui ne cautionne pas. Ces gens-là, à un moment, doivent être interdits de stade. On n'en ressort pas grandis."

Il note cependant que la ligue n'avait "pas eu d'autres problèmes cette saison" avec les Turons. Ces derniers se sont d'ailleurs défendus, dans un communiqué, d'avoir utilisé un laser et d'avoir lancé des fumigènes sur la pelouse. Quant aux débuts de la bagarre, l'association assure s'être défendue face à "un attroupement à notre encontre des joueurs, staff et supporters poitevins". Ils accusent également le président du Tours FC, Jean-Marc Ettori, de "méthodes plus que douteuses et diffamatoires".

Contactée, la préfecture d'Indre-et-Loire n'a pas donné suite à la demande de France 3.

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