Alors que les Championnats du monde de gymnastique ont démarré samedi à Liverpool et doivent s'achever le 6 novembre, la gym française est agitée en coulisses par un conflit entre la Fédération et le club d'Avoine (Indre-et-Loire), qui compte dans ses rangs quelques unes des meilleures compétitrices.
Les tensions ont été rendues publiques en juin dernier avec le "cri du coeur, de colère et d'incompréhension" lancé par Gina Chirilcenco, directrice technique du club d'Avoine, dans un long message publié sur Facebook.
Elle accuse alors la Fédération de vouloir "extraire" les gymnastes du club d'Avoine, contre leur volonté et celle de leurs parents, pour qu'elles viennent vivre et s'entraîner à l'Insep ou au pôle gymnastique de Saint-Étienne, comme le prévoit le projet fédéral en vue des JO-2024 de Paris. Elle dénonce également une campagne "de harcèlement et de menaces" visant les gymnastes, le club et les entraîneurs.
Mais en plus de ce différend sur le lieu d'entraînement des gymnastes, s'ajoute une procédure disciplinaire lancée contre les coaches du club "pour manquement à l'éthique et à la morale" dans un autre dossier, qui a conduit à la convocation des dirigeants du club lundi dernier devant la Commission de discipline de la Fédé.
Parmi les athlètes affectées par ce contentieux figure notamment Carolann Héduit, médaillée de bronze à la poutre aux derniers Championnats d'Europe.
Une source proche de la Fédération a ainsi estimé que la gymnaste de 18 ans était "prise en otage entre la fédé et ses entraîneurs".
"Se concentrer sur la compétition"
Perturbée par ces tensions, Carolann Héduit avait renoncé à participer aux Internationaux de France en septembre dernier, mais elle est bien présente à Liverpool pour les Mondiaux.
"Carolann vit très bien dans le collectif de l'équipe de France, elle est très bien encadrée", a assuré à l'AFP le Directeur technique national de la gym Kévinn Rabaud. "Il est important de se concentrer sur la compétition, il y aura ensuite des vérités à rétablir."
Autre licenciée du club d'Avoine en contentieux avec la Fédération, Kaylia Nemour, championne de France aux barres asymétriques en 2021.
Opérée des deux genoux cette année-là en raison d'une maladie de croissance, elle a dû attendre de longs mois l'aval du médecin fédéral français pour pouvoir reprendre la compétition, et ce malgré le feu vert des médecins du club avoinais.
Estimant son avenir bouché au sein des instances françaises, elle a finalement choisi de représenter l'Algérie, pays d'origine de son père et a récemment brillé lors des championnats arabes à Oran, où elle a décroché trois médailles, à seulement 15 ans.
Le conflit entre le club d'Avoine et la Fédération semble en tout cas intéresser les autorités sportives. "L'Agence nationale du sport regarde le sujet de près", explique-t-on au sein des services de l'État.
Source AFP.