Depuis Mayotte où il a passé le Nouvel An, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a justifié le limogeage de Marie Lajus, l'ancienne préfète d'Indre-et-Loire. Celle-ci avait été remplacée début décembre suite à des relations tendues avec certains élus.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a justifié auprès de BFMTV le limogeage début décembre de la préfète d'Indre-et-Loire Marie Lajus, en dénonçant "beaucoup de mensonges" autour de cette affaire.
Dans cette déclaration depuis Mayotte où il a passé le Nouvel an, Gérald Darmanin a affirmé que la décision de démettre la préfète de ses fonctions n'avait "rien à voir avec des projets immobiliers". "Mais parfois au comportement des uns et des autres", a-t-il ajouté de manière sibylline.
Une préfète opposée à un projet immobilier en zone protégée
L'éviction de Marie Lajus a suscité une mobilisation inédite d'élus locaux, de parlementaires, de responsables d'associations et d'une ancienne procureure générale de Paris par le biais de pétition, de tribune et de courriers.
Parmi les "projets immobiliers" cités par le minstre de l'Intérieur, et qui ont pu cristalliser les dissensions entre la préfecture et certains élus locaux : le Da Vinci Labs. Un incubateur d'excellence dédié aux projets de startups deeptech, portés par les élus du département et défendus par Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022. Il devait voir le jour dans le parc du château Louise de la Vallière, à Reugny.
La préfecture, via son service des Bâtiments de France, avait émis des réserves sur l'intérêt de ce projet notamment parce qu'il allait être construit sur une zone boisée non constructible à proximité directe d'un château classé. "Qu'on ait des doutes sur un projet de cette ampleur, c'est normal. Mais l'État doit être un facilitateur. Quand il y a un projet d'intérêt général, il existe des dérogations", avait avancé Daniel Labaronne, le député de la 2e circonscription d'Indre-et-Loire.
"Un représentant de l'État doit être inattaquable"
"Nous avons tous considéré", a poursuivi le ministre, "dans la responsabilité qui est la nôtre, et moi je prends mes responsabilités, qu'il fallait savoir changer lorsque que les choses n'allaient pas".
"Un représentant de l'Etat doit être inattaquable et respectable et lorsque ce n'est pas le cas, je prends mes responsabilités en tant que chef de l'administration", a-t-il accusé sans citer le nom de la préfète.
Ce 2 janvier, lors de sa prise de fonctions, Patrice Latron, le successeur de Marie Lajus, a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a évoqué ce limogeage. Il a ainsi fait valoir que dans le "métier passionnant" de préfet, il y avait "des servitudes".
Et dans ces servitudes il y a le fait qu'on est à la disposition du gouvernement. On est révocable ad nutum, c'est à dire d'un signe de tête. Ça fait partie des conditions d'exercice du métier. Il faut l'intégrer. C'est extrêmement désagréable quand ça vous arrive (...) mais il faut l'intégrer. C'est comme ça !
Patrice Latron, nouveau préfet d'Indre-et-Loire
Gérald Darmanin avait lui aussi insisté sur le fait que les préfets étaient nommés à la discrétion du gouvernement. Leur nomination est décidée en Conseil des ministres sur proposition du ministre de l'Intérieur. Mais c'est le chef de l'État qui a le dernier mot.
Source : AFP