Marie Lajus, préfète d'Indre-et-Loire a été remplacée prématurément. Les relations pour le moins tendues avec les élus locaux auraient poussé le sommet de l'État à précipiter son départ.
C'est un départ brusque sur fond de polémique. La préfète d'Indre-et-Loire, Marie Lajus, va quitter ses fonctions deux ans et demi après son arrivée dans le département, sans nouvelle affectation. Selon le Canard enchaîné, ce départ aurait été acté au plus haut niveau de l'État sur pression des élus locaux.
Preuve sans doute, du malaise qui règne en Indre-et-Loire, les élus ne semblent pas s'être bousculés pour rendre hommage à la préfète à l'heure où son départ a été annoncé.
Le maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis, a tout de même tenu à la saluer, en début de Conseil municipal, pour "sa rigueur, son sens de l’état, son sens de l’intérêt général, son impartialité inhérente à sa fonction et aussi son humanité."
Des tensions avec certains élus locaux
Cela n'a rien d'un secret, Marie Lajus n'a pas la cote auprès des élus d'Indre-et-Loire. Les relations ont été tendues durant son passage à la préfecture. En septembre 2022, l'association des maires ruraux des maires de France avait reproché, par communiqué, le manque d'écoute des services de l'État, assurant ne pas avoir été reçue par la préfecture "depuis quinze mois".
Le 6 décembre dernier, c'est le président du Conseil départemental Jean-Gérard Paumier qui, à l'occasion du 76e congrès de l'Association des maires d'Indre-et-Loire, en remettait une couche.
L'élu de centre droit avait dénoncé 'l'exigence de certains services de l'état" qui "génèrent des surcoûts pour les collectivités, leur imposent une esthétique subjective et freinent les grands projets".
Des SMS au ministre de l'Intérieur
Selon un élu écologiste, cité par le Canard enchaîné, certains élus locaux auraient même "envoyé des SMS sans arrêt" au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour s'en plaindre.
À en croire le palmipède, le premier flic de France aurait donc répondu favorablement à leur demande et précipité le départ de la préfète. "C'est une décision nationale qui revient au ministère, je n'ai pas de commentaire à faire", explique Jean-Gérard Paumier qui assure de son côté n'avoir "jamais interféré" dans ce dossier.
Désaccord sur le projet Da Vinci Labs
Parmi ces projets qui ont pu cristalliser les dissensions entre la préfecture et certains élus locaux : le Da Vinci Labs. Un incubateur d'excellence dédié aux projets de startups deeptech, portés par les élus du département et défendus par Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022.
La préfecture, via son service des Bâtiments de France, avait émis des réserves sur l'intérêt de ce projet notamment parce qu'il allait être construit sur une zone boisée non constructible à proximité directe d'un château classé. "Qu'on ait des doutes sur un projet de cette ampleur, c'est normal. Mais l'État doit être un facilitateur. Quand il y a un projet d'intérêt général, il existe des dérogations", avance de son côté Daniel Labaronne, le député de la 2e circonscription d'Indre-et-Loire.
Désormais, à charge au futur préfet nommé le 7 décembre 2022, en Conseil des ministres, Patrice Latron, de recoller les morceaux entre les élus locaux et les services de l'État.