À la clinique Saint Gatien de Tours, le constat est alarmant : depuis le début du déconfinement, le service des urgences cardiologique reçoit, par jour, une demi dizaine de patients souffrant de cardiopathies graves. Les patients ont trop attendus durant le confinement avant de consulter.
On ne peut pas leur jeter la pierre… c’est humain de vouloir éviter les hôpitaux, cliniques et cabinets médicaux en cette période de crise sanitaire. Surtout lorsqu’on ne connaît pas les symptômes d’une insuffisance cardiaque. Et puis, il faut dire que la filière diagnostic et l’organisation de la prise en charge du patient ont pris un coup avec le confinement.
Cabinets de généralistes fermés, urgences saturées, pas assez de transports, peur d’attraper le Covid, crainte de déranger les médecins, … les arguments sont nombreux, mais les conséquences aussi.
Le Covid a t il changé notre degrés d’urgence ?
Tout retard dans la prise en charge aggrave le pronostic. Mais difficile d’anticiper des formes sévères d’insuffisances cardiaques lorsque les gens fuient les milieux hospitaliers."Les symptômes sont malheureusement méconnus et beaucoup de personnes n’imaginent pas souffrir d’insuffisance cardiaque. Ils ne tiennent pas compte des signes d’alertes et, particulièrement pendant le confinement, ils n’ont pas le reflexe d’aller consulter et au bout de 3 à 4 jours, c’est l’infarctus."Quand on voit qu’aujourd’hui, presque un mois après le déconfinement, 30% des gens sont encore réticents à aller chez leurs médecins, je suis inquiet ! déplore le cardiologue tourangeaux Pierre Raphael.
De quoi se poser la question, pour l’avenir, quant à une nouvelle organisation lors d’une prochaine crise sanitaire ? Mais ne parlons pas de malheur.
Les habitants du Centre Val de Loire (comme beaucoup d’autres français), se sont fait plaisir pendant le confinement et ont pris du poids ce qui ne fait pas bon ménage avec cette pathologie.
Probablement à long terme, nous verrons un impact de l’alimentation des gens lors du confinement et on risque d’avoir de mauvaises surprises.
Alors, à la rédaction de France 3, il nous a semblé nécessaire de rappeler quelques éléments importants :
"Les nouveaux patients"
Il y a donc les "nouveaux patients", et les patients déjà diagnostiqués. Comment les personnes atteintes d’une cardiopathie sévère, à l’origine de plus de 200 000 hospitalisations et 70 000 décès chaque année en France, ont-ils vécus les deux mois de confinement ? Globalement bien, d’après le docteur Pierre Raphaël."Nos patients ont-ils été plus malade pendant le confinement ? On ne peut pas le dire. Ce qui est sûr, c’est qu’on a évité un ou des épisodes aïgu(s). Nous avons fait en sorte de ne pas les faire venir dans les milieux hospitaliers et de développer la téléconsultation et le télésuivi. C’est ça qui a vraiment fait la différence."
Le télésuivi dont parle le cardiologue s’appelle Twocan Pulse, un système de télésurveillence à domicile des patients insuffisants cardiaques chroniques. C’est d’ailleurs ce même cardiologue, Dr Raphaël, qui à créé cet algorithme capable de prévenir les risques des patients à domicile.
"Auparavant donner aux personnes très malades, le ministère de la santé a étendu à tous les patients pendant le confinement."
Une décision qui a permis à 140 patients de la clinique Saint Gatien de Tours de bénéficier de ce dispositif et de ne pas être hospitalisé.
"Pour nous, c’est une vraie satisfaction". Comme quoi, c’est dans des situations difficiles comme celle que nous traversons que nous arrivons à trouver de vraies solutions.
Insuffisance cardiaque : 4 règles de vie
- Exercice - Faire de l'activité physique
La durée et l'intensité sont adaptées au cas par cas. L'OMS recommande 10000 pas par jour soit 1h30 de marche quotidienne pour la population générale. Si l'exercice physique est bénéfique pour la majorité des personnes atteintes d'insuffisance cardiaque, il est impératif d'arrêter immédiatement toute activité si l'un des symptômes suivants apparait : essoufflement, vertiges, douleurs dans la poitrine, nausées ou sueurs froides.
- Prendre son poids - Se peser régulièrement pour prévenir les décompensations
- Observance du traitement
- Ne pas saler pour éviter la rétention d'eau et de sel
Il est possible de demander au médecin de bénéficier des conseils pratiques d'une diététicienne.