Nécessité de sensibiliser ou manque de légitimité : à Terres du Son, la crise climatique vue par les artistes

Les artistes venus se produire au festival de Monts, en Indre-et-Loire, sont bien conscients des enjeux écologiques. On a parlé avec L'Impératrice, Deluxe, First Draft et Crenoka des valeurs éco-responsables de Terres du Son.

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"Maintenant, trouvons toutes les solutions, ou choisissons le déni." Voilà une partie des paroles de Declines Are Long Gone, chanson issue de l'EP du même nom, produit par le duo tourangeau First Draft. Une réplique mélancolique sur une désillusion amoureuse, mais qui résonne en double discours sur la crise environnementale. Sur la pochette du single, une ville est submergée par une vague géante. Pas de doute : le sous-entendu est assumé.

"Tout l'EP parle du déni des catastrophes environnementales", confirme Marine Arnoult, la batteuse-chanteuse du groupe aux tonalités rock proches de Royal Blood. Pour elle, chacun peut faire "à son niveau pour sensibiliser" aux enjeux climatiques, y compris les artistes. "L'album peut sembler sombre, mais il nous a permis de nous interroger sur notre rôle en tant qu'artiste", ajoute le bassiste Clément Douam.

Avant-gardisme écologique

Ce samedi soir, ils venaient jouer à Terres du Son, une bonne caisse de résonnance pour leur message environnemental. Car le festival organisé à Monts en Indre-et-Loire entre vendredi 8 et dimanche 10 juillet se veut éco-responsable et éthique, tentant à tout prix de réduire son empreinte carbone. Compliqué quand on accueille presque 40 000 personnes en un week-end, pour la plupart venus en voiture.

Pour y parvenir, le festival promeut le végétarisme, le tri des déchets, limite au maximum le plastique à usage unique, et fait venir tout un tas d'associations -dont certaines à vocation écologique- dans son "éco-village". Il propose aussi des toilettes sèches, pour gâcher moins d'eau et réutiliser les litières via épandages. Le groupe Deluxe était venu à Terres du Son il y a une petite dizaine d'années. Et déjà, "le festival était avant-gardiste sur la question", se souvient LiliBoy, la chanteuse de la formation, quelques heures avant leur concert de samedi. "C'est bien que des festivals montrent l'exemple", confirme Pépé, le saxophoniste.

Cette philosophie, "il faudrait qu'on la retrouve partout ailleurs", fustige Nastasia Paccagnini, venu.e défendre ce dimanche son projet solo Crenoka. Car, si Terres du Son n'est plus le seul festival à avoir ce genre de pratiques, peu s'attachent à pousser la démarche aussi loin. De son côté, l'artiste considère qu'il vaut mieux parler d'écologie en montrant le positif et ce qui peut être fait, comme ce que propose l'organisation du festival. Crenoka prépare un spectacle, Planète Corail, sorte de suite à son premier album solo, et souhaite s'éloigner des thématiques science-fiction du passé qui lui sont chères pour parler d'une science de moins en moins fictionnelle, en lien avec la crise climatique. Un spectacle "qui ne part pas du négatif", pour tenter de "participer à réinventer les choses et à changer les comportements", promet l'artiste. La scénographie sera assurée par une boîte tourangelle qui compose à partir de matériaux recyclés.

Se tirer une balle dans le pied

Une manière de tromper l'empreinte carbone, dans une vie d'artiste forcément très énergivore. "On n'a pas toujours la main sur les chemins qu'on prend, mais parfois on fait des centaines de kilomètres tous les jours quand on fait la tournée des festivals, et on ne s'en rend compte que quand on est dans le tour bus", concède Flore Benguigui, la chanteuse du groupe L'Impératrice. Les cinq membres de la formation (et non six, le bassiste a le Covid) se produisaient ce samedi à Monts.

Pas facile alors de tenter de limiter leur empreinte carbone. SLSTS, lui, a carrément décidé de venir à Terres du Son à vélo. Mais, au vu de la logistique, impossible pour L'Impératrice et pour la quasi-totalité des artistes qui se produisent au festival. "Il y a Coldplay qui essaient de diminuer les trajets et leur consommation, mais c'est Coldplay, ils peuvent se le permettre", souffle Charles de Boisseguin, chargé des synthés. L'Impératrice revient ainsi d'une tournée américaine au printemps, et continue d'aller jouer sa pop mélancolico-funk à travers une bonne partie de l'Europe. "On est un groupe en développement, si on ne le fait pas on se tire une balle dans le pied", ajoute le musicien.

Même sensibilisés à la question écologique, difficile alors pour des artistes de chanter les valeurs vertes tout en continuant de brûler un maximum de carburant en coulisses pour assurer leur survie, sans paraître quelque peu hypocrites. Ainsi, Flore chante sur la société, les émotions, mais aussi de certaines causes telles que le féminisme. Mais pas d'environnement. "Pas sûr qu'on serait tellement légitimes", insiste Hagni Gwon, lui-aussi aux claviers.

Source d'inspiration

Pour First Draft à l'inverse, l'écologie est une source d'inspiration, et plus : un sujet majeur, qui devrait infuser un peu partout. "Je pense qu'on devrait en parler un peu tout le temps", lance le bassiste Clément Douam. En parler, mais sans culpabiliser ceux qui restent dans le déni. 

Si quelqu'un vient me dire que psychologiquement, il est pas armé face à un tel sujet, une telle catastrophe, qu'est-ce que je peux lui répondre ? Et là, je ne parle pas de ceux qui s'en foutent et qui continuent de prendre leur gros SUV pourri pour faire 3km. Et je parle encore moins des énormes industries polluantes et de l'élevage intensif.

Clément Douam, bassiste du duo First Draft

Pour réduire leur empreinte carbone, les deux musiciens tourangeaux essaient au mieux de grouper les dates par localisation, "pour ne pas faire 1 200 km tous les jours". Pour le reste, "on a chacun notre part à faire, y compris de sensibilisation". Elle est peut-être là, la double philosophie de Terres du Son : changer de pratiques systémiques, et sensibiliser au maximum.

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