Terres du Son, en Indre-et-Loire, est un festival réputé éco-responsable et mise sur la responsabilité des nombreux festivaliers qui foulent ses allées. La brigade verte veille au grain, et tente de rappeler les bons gestes en matière d'écologie et d'environnement.
Ils sont quarante, ils foulent avec entrain les allées du festival Terres du Son, à Monts près de Tours. Leur mission : trier, guider, sensibiliser. Leur valeur maîtresse : l'écologie, le respect de l'environnement. Depuis le début du festival ce vendredi 8 juillet, les bénévoles de la "brigade verte" font respecter les idéaux écolos des organisateurs.
Ils ne se distinguent du public que par un t-shirt "organisation" avec la liste des artistes dans le dos. Sinon, rien d'officiel, rien de coercitif. Leurs seules armes sont leurs conseils, et un pistolet à eau. "On leur autorise à tirer sur les gens asséchés quand il fait très chaud, et ça leur permet de créer un premier contact", explique Elsa Roulant. Sortant d'études de gestion des déchets à l'IUT de Tours, elle est la responsable de la commission environnement du festival. Celle qui, justement, organise les missions de la brigade verte.
Tout trier, tout retrier
Parmi ces missions justement, il y a la sensibilisation. "On parle de déchets et de prévention avec les festivaliers", pour "garder un site propre tout le long du festival", ajoute Elsa Roulant. Une partie de cette prévention est assurée par Tri37, une entreprise spécialisée dans le recyclage en Touraine. Près des grandes scènes, la boîte tient un stand où les festivaliers peuvent venir s'informer, "toujours de leur plein gré", assure Eric Lachabrouilli, le dirigeant de l'entreprise. Les visiteurs, entre deux concerts, y prennent une piqûre de rappel sur les bons gestes écolos, "un peu perdus pendant le confinement". Les personnels de l'entreprise leur font retrier les poubelles du festival, pour leur rappeler quel déchet va dans quelle poubelle.
Mais Tri 37 ne fait pas que de la prévention sur le site, ils s'occupent aussi de l'ensemble des déchets qui leur sont ramenés par les bénévoles de la brigade verte, depuis les bacs de tri du festival. Car chaque poubelle est en réalité composée de trois bacs : un jaune pour le recyclable, un vert pour le compostable, et un noir pour les ordures ménagères. Mais il arrive que tel déchet se retrouve dans le mauvais bac. "On retrie tout", lance Eric Lachabrouilli, pour assurer le débouché de chaque déchet. Un vrai défi face aux montagnes de poubelles produites par un festival de l'ampleur de Terres du Son. Tout le recyclable est ensuite envoyé au centre de tri de la métropole de Tours, tandis que le compostage partira en épandages.
Les brigadiers verts s'occupent donc de collecter les poubelles, mais aussi de ramasser les déchets qui sont par terre. Et il faut bien dire que le sol du festival est assez propre, comparé à d'autres festivals. "On se bat contre les gens qui disent qu'on est payés pour ramasser les déchets, parce qu'on a tous notre part à faire", explique Elsa Roulant, la responsable de la commission environnement. D'autant que les brigadiers verts ne sont pas payés, puisque bénévoles.
Manque de bras
Ils sont épaulés dans leur mission par douze membres de la "brigade mégots", qui s'occupent de ramasser les mégots laissés un peu partout à travers le site, et de diriger les fumeurs vers de gros tuyaux installés un peu partout sur le festival. Des tuyaux en forme de... mégots, servant de poubelle, mesurant pour certains 1m70, pour "rappeler" qu'il y a toujours une alternative à jeter ses déchets par terre. Les mégots seront ensuite décontaminés par une entreprise spécialisée, pour éviter la pollution des eaux. "Avant, ils se retrouvaient dans les ordures ménagères..."
Mais la brigade verte manque de bénévoles, "comme dans toutes les commissions", regrette Elsa Roulant. Si bien que la prévention passe nécessairement au second plan, au milieu de leur emploi du temps déjà bien chargé. "On en fait un peu quand on peut, quand on a un créneau libre", sourit Léna Thouy. Venue de Montpellier, la jeune femme a réussi à "motiver quatre amis" pour venir gonfler les rangs de la brigade verte. Ils sont chargés de faire tourner les toilettes sèches du site, et de guider les festivaliers. "Je l'ai déjà fait l'année dernière, donc si je suis revenue, c'est que ce n'est pas si ingrat", plaisante-t-elle.
Chaque geste compte
Elsa Roulant reconnait que la mission "rebute un peu au début". Mais finalement, "tout le monde participe et aime bien faire ça", promet-elle. Les bénévoles distribuent aux festivaliers des petits bacs remplis de copeaux, "qui servent à tirer la chasse". Les bacs doivent ensuite leur être rapportés : pas de gâchis ! "Pour beaucoup de gens, c'est la première fois dans des toilettes sèches, ils nous voient leur donner des bacs pleins de copeaux, ils ne comprennent pas bien", raconte Léna Thouy. Et malgré, parfois, l'incompréhension au premier abord, "ils se plient tous au jeu".
Se questionnant elle-même sur sa responsabilité dans le combat écologique, la Montpelliéraine trouve dans cette participation à Terres du Son un moyen de "faire un petit geste" :
Pour une fois, c'est cool d'être acteur et pas consommateur.
Léna Thouy, bénévole de la commission environnement à Terres du Son
D'autres membres de la brigade sont chargés, dans les coulisses, de changer les bacs des toilettes sèches, qui partiront eux-aussi vers des épandages. Car, à Terres du Son, (presque) rien ne se perd, le moins possible se crée, et beaucoup sera transformé.