Deux jours après la manifestation des gilets jaunes, à Tours, samedi, avec une après-midi de violences, les questions et les réactions se multiplient.
Plus de 1000 manifestants sont arrivés sur la place Jean-Jaurès vers 14h ce samedi. De nombreux témoignages évoquent une action policière particulièrement précoce, à peine le cortège arrivé. Première surprise des manifestants : les forces de l’ordre bloquent l’accès à la rue Nationale, là où, d’ordinaire, les cortèges de manifestations déclarées se rendent sans encombre.
Une réaction disproportionnée ?
Autre question revenant fréquemment : avec l’emploi de force gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes ou de désencerclement, la réaction de la police était-elle disproportionnée ? Là encore, les témoignages divergent. Des poubelles utilisées comme projectiles, une caméra de surveillance cassée, des chaînes du terre-plein central arrachées, mais pas de vitrines brisées ni de voitures incendiées. On reste très loin du spectacle de désolation des rues parisiennes.
Des réactions qui se multiplient
Durant toute la journée de lundi les réactions des sont multipliées. Dans un communiqué, le PCF parle d’une « répression policière ». L’association C’est au tour du peuple évoque « un armement anti-émeute surdimensionné ». L’Union départementale de FO se demande s’il s’agit d’une « volonté politique de chercher à retourner l’opinion publique » ? Daniel Fraczak, le délégué départemental RN se demande, de son côté « à qui profite le crime, sinon à un Etat qui ne cherche depuis le début qu’à jeter le discrédit sur un mouvement dénonçant une politique qui propulse la majorité de nos concitoyens dans la précarité ».
Et Franck Gagnaire, le premier secrétaire fédéral du PS, estime quant à lui que « la nécessaire dénonciation de ces violences doit être accompagnée d’une réponse démocratique ». Christophe Bouchet, le maire de Tours « exprime tout son soutien aux forces de l’ordre ».
Jets d’acide
La préfecture et les forces de l’ordre font état de jets d’acide. Pour Corinne Orzechowski, la préfète de l’Indre-et-Loire, « la violence était extrême, due à environ 150 casseurs. Le blocage de la place Jean-Jaurès et de la rue Nationale n’a été faite qu’à partir du moment où les manifestants ont commencé à lancer des projectiles aux forces de l’ordre, et notamment des projectiles dangereux. Il s’agissait de protéger le reste de la ville ».
De leur côté, les policiers, qui étaient une soixantaine sur le terrain, se disent fatigués. Leurs syndicats réclament des renforts et sont soutenus en cela par la préfète.
Une cellule pour visionner les vidéos de surveillance
Le procureur, Jean-Luc Beck, a tenu une conférence de presse ce lundi. Il a notamment indiqué que 9 personnes avaient été placées en garde à vue dont 2 mineurs. Un jeune homme de 24 ans a été jugé cet après-midi en comparution immédiate pour transport de marchandise incendiaire et violence sur agents de la force publique. Il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.
Deux autres hommes de 19 et 22 ans devraient pour leur part être jugés mercredi. Déjà très connus des services de police, ils sont soupçonnés d’être les auteurs des jets d’acide.
Par ailleurs, une cellule d’investigation a été mise en place pour visionner les images recueillies par les caméras de surveillance et identifier d’autres auteurs de violence.