Depuis un an, le CHRU traite 23 patients atteints de douleurs neuropathiques grâce à un médicament à base de THC, le principe actif de base du cannabis. Avec des résultats plus ou moins probants.
Le cannabis peut-il s'imposer comme un traitement médical efficace dans les prochaines années ? Ce mercredi 16 septembre, la mission parlementaire sur les usages du cannabis doit rendre un rapport d'étape à mi-parcours, notamment sur la question de la légalisation du cannabis thérapeutique.
D'ici janvier doit par ailleurs débuter une expérimentation nationale du cannabis thérapeutique. L'opération devrait concerner 3 000 patients dans toute la France.
Sans anticiper les conclusions qui seront présentées, notre inquiétude est de voir l’expérimentation une nouvelle fois repoussée.
— Caroline Janvier (@CarolineJanvier) September 14, 2020
Celle-ci, qui doit durer 2 ans et qui a été repoussée à cause de la #Covid_19, doit se tenir pour les patients qui en ont besoin. @F3Centre #cannabis pic.twitter.com/t9aIoWYTRj
Mais à certains endroits, on n'a pas attendu cette future expérimentation pour tester le cannabis thérapeutique. C'est par exemple le cas au centre d'évaluation et de traitement de la douleur du CHRU Bretonneau de Tours. Ici, on prend en charge 1 600 patients à l'année, souffrant pour la plupart de maladies chroniques.
Et depuis un an, 23 d'entre eux ont reçu un traitement à base de cannabis : le Marinol, des gellules contenant du THC, principale molécule active de la plante, sous forme synthétique.
Là où tous les autres traitements ont échoué
Tous ces patients souffrent de douleurs neuropathiques, causées par une atteinte du système nerveux, à l'exemple des malades de la sclérose en plaques. Et tous étaient déjà passés par "l'ensemble des traitements classiquement admis, médicamenteux ou non", explique la docteure Anne Philippe, responsable du centre.De plus, l'usage du cannabis sous forme thérapeutique nécessite une procédure temporaire d'utilisation auprès de l'agence du médicament. Avec une obligation de "surveillance de l'efficacité du produit et des effets secondaires".
Des effets secondaires "qui ne sont pas rares", précise la docteure. Activité mentale perturbée, confusion, mal-être psychologique... "Un certain nombre de patients a arrêté, soit parce que le traitement n'était pas efficace, soit parce qu'il était mal toléré."
Pour autant, Anne Philippe se dit favorable à l'expérimentation :
J'estime qu'on n'a pas le droit de priver des patients d'atouts thérapeutiques, même s'ils sont modestes, qu'ils ne répondent pas à tout ou qu'ils ont des effets secondaires.
Le cannabis ne fait pas de miracles
Elle rejette ainsi le qualificatif de "médicament miracle" : "On n'a pas de preuves extrêmement rigoureuses et valides d'une efficacité remarquable, contrairement aux morphiniques, qui ont fait l'objets d'études sur de grands échantillons de population avec une certitude thérapeutique."Cependant, les propriétés addictives du cannabis thérapeutique restent faibles, alors que "la totalité des antalgiques présents sur le marché présente des risques de dépendance.
Pour la médecin, il est "important, quand on a de nouvelles techniques, de sortir de la vision livresque et d'échanger avec nos collègues". D'autant que l'expérimentation devrait ouvrir la voie à l'utilisation de médicaments à base d'autres molécules contenues dans le cannabis, avec des effets secondaires potentiellemnt plus faibles à la clé.
Votée au Parlement, l'expérimentation n'a cependant pas encore reçu de décret d'application, ni de budget dédié. "Des patients nous demandent quand ça va commencer, et on peut entendre qu'ils soient déçus que ça n'aille pas plus vite", abonde Anne Philippe.
Rapporteure thématique de la mission parlementaire, la députée LREM du Loiret Caroline Janvier se dit favorable à la légalisation du cannabis, à la fois thérapeutique et récréatif, sous contrôle de l'Etat.