La députée LREM, Caroline Janvier, sera chargée de la thématique du cannabis à usage récréatif, au sein d'une mission d'information parlementaire qui devrait présenter ses résultats d'ici un an. L'objectif : mieux connaître les usages du cannabis en France.
Cette nomination n'est pas vraiment une surprise. La députée LREM du Loiret Caroline Janvier, depuis longtemps prompte à adouber une potentielle légalisation du cannabis en France, a été nommée ce mardi rapporteure thématique de la mission d'information parlementaire sur le cannabis.
La mission devrait durer un an. Un an d'auditions "d'experts, de militants, de juristes, de médecins, psychiatres et addictologues, de criminologues et de forces de l’ordre", explique Caroline Janvier. Avec pour objectif final de dresser un portrait de la consommation de cannabis en France, une consommation sur laquelle "on n'a pas assez d'éléments", estime la nouvelle rapporteure.
Première étape : définir les différents usages du cannabis, et leurs enjeux respectifs. Thérapeutique d'abord, pour soulager certains malades. Mais également l'usage "bien-être", sans effets psychotropes. Et enfin un usage récréatif bien moins balisé.
Signe d'un changement de l'opinion publique après des années de tabous sur la question, Edouard Philippe avait exprimé en avril 2019 qu'il serait "absurde" de ne pas étudier les possibilités du cannabis thérapeutique.
Un sujet qui concerne toute la société ?
Aujourd'hui, Caroline Janvier considère que la question du cannabis n'est "plus seulement une affaire de militants comme il y a une dizaine d'années, et que les gens qui ne sont ni farouchement pour ni farouchement contre ont désormais leur mot à dire".
La députée considère d'ailleurs que cette mission devenait nécessaire, et dresse un "constat d'échec" de la politique française face au cannabis. Le Baromètre santé 2017 de Santé publique France notait ainsi que 44,8% des Français de plus de 18 ans avaient déjà expérimenté le cannabis, et que le nombre de consommateurs par an avait augmenté de presque 4% entre 2014 et 2017.
Autres facettes de cette échec selon Caroline Janvier, "l'inexistance d'une politique de santé publique, et l'absence de prise en charge et d'accompagnement" des consommateurs, ainsi que la présence de "réseaux de trafic qui mobilisent les forces de l’ordre et affectent des quartiers entiers".
Monopole de l'Etat
C'est pour lutter contre ces aspects que la députée LREM assume de s'engager pour une légalisation totale du cannabis, au-delà des simples usages thérapeutiques. "J’étais favorable à ce que l’Etat reprenne le contrôle sur la consommation, qu’il y ait un monopole", précise-t-elle, en particulier sur l'usage récréatif.
Avec pour but de "recevoir des recettes qui permettraient de financer une politique de santé publique", cette dernière consituant selon elle sa "priorité". "Mon but n'est pas d'augmenter la consommation chez les jeunes, mais de pouvoir l'encadrer légalement", complète-t-elle.
Sa position sans détour est peut-être à l'origine de sa nomination en tant que rapporteure thématique sur le sujet précis du cannabis à usage récréatif, sujet en faveur duquel peu de politiques de la majorité ont osé se placer.
Faire du cannabis un sujet du débat public
Caroline Janvier assure garder l'esprit ouvert, et souhaite "établir des constats, qui me surprendront peut-être moi-même". Cependant, elle assume vouloir bouger les lignes : "Mon objectif à titre personnel, c’est de pouvoir faire un certain nombre de propositions sur l’usage récréatif", et à terme de faire évoluer la loi. Ou tout du moins de faire du cannabis "un sujet de débats lors des prochaines présidentielles".
Une position qu'elle devra tenir avec conviction, face aux scepticismes respectifs du président de la République et de la ministre de la Santé, ne serait-ce que sur l'usage thérapeutique du cannabis. Caroline Janvier estime que les premières conclusions de la mission arriveront en automne prochain, avant la présentation d'un rapport en début 2021.