Pendant 24h, SOS Médecins cesse ses activités ce lundi 27 septembre. Mobilisés depuis déjà deux semaines, les praticiens de l'antenne tourangelle dénoncent un manque de rentabilité qui fait fuir les médecins d'une profession garantissant le maintien à domicile des personnes.
Depuis 8h ce lundi 27 septembre, les activités de SOS Médecins sont en "arrêt total". Pendant 24h, la fédération nationale est en grève pour "alerter les Français sur la disparition programmée de la visite à domicile". Une décision prise le 3 septembre dernier mais dont la date n'a été annoncée qu'hier.
Il y a déjà deux semaines, l'antenne d'Indre-et-Loire avait décidé de prendre les devants. Dans les faits, depuis lundi 13, les praticiens de SOS Médecins Tours ne font plus de visites à domicile en journée de semaine, qui constituent environ 10% de leur activité. Continuent cependant les visites de nuit et le week-end, ainsi que les consultations sans rendez-vous en cabinet.
Le but : dénoncer ce que la profession considère comme un manque chronique de moyens alloués à la visite médicale à domicile. "Le gouvernement veut à tout prix miser sur le maintien à domicile des personnes fragiles plutôt que de les envoyer à l'hôpital, mais elle ne nous donne pas les moyens de le faire", regrette le docteur Antoine Campagne, représentant de SOS Médecins Tours.
De moins en moins de candidats
Exemple frappant pour les grévistes : la majoration de déplacement est de 10 euros en journée, et l’indemnité de déplacement est de 3 euros 50 pour les visites le soir et le week-end. Des tarifs jugés rédhibitoires pour de potentiels nouveaux arrivants. En 2022, deux des 12 médecins de l'antenne de Tours quitteront leurs postes, sans qu'une solution de remplacement ait été trouvée à l'heure actuelle.
Fin juin, une lueur d'espoir avait pourtant surgi au milieu de la crise sanitaire : "Le ministre Olivier Véran nous avait remercié de notre engagement pendant la période Covid, où on a été au plus près des gens sans être vaccinés", se souvient Antoine Campagne. Et finalement, "on a été exclus de la revalorisation professionnelle de l’avenant n°9", signé entre l’Assurance Maladie et les médecins libéraux fin juillet.
Avec ce texte, les libéraux bénéficient du passage à 70 euros de la consultation à domicile pour les patients de plus de 80 ans en affection longue durée, alors qu'elle reste à 35 euros pour les praticiens de la fédération SOS Médecins. "On se réjouit qu'ils en bénéficient, mais on est un peu surpris de ne pas en bénéficier, nous", souligne le médecin tourangeau.
"Notre profession est en train de mourir, et plus personne n'en fera d'ici 5 à 10 ans si rien n'est fait" sur son attractivité financière, prophétise le médecin, qui en appelle directement au gouvernement. "C'est quand même paradoxal : notre cœur de métier, c'est garder les patients à domicile, ce qui fait faire des économies à la société. Mais comme on a de moins en moins de monde, les gens vont à l'hôpital, où ça peut déjà coûter 200 euros d'attendre le médecin." Bel exemple de serpent qui se mord la queue.