PORTRAIT. Laetitia Bourget : sang menstruel et excréments transformés en tableaux, patchworks et figurines

Laetitia Bourget est une artiste plasticienne qu’il est impossible de définir en quelques mots tant son univers et ses moyens d’expression sont multiples et hors cadre. Comment s’en étonner quand elle cherche elle-même à se laisser surprendre en laissant libre court à la métamorphose, à l’alchimie singulière des matières et des rencontres.

Dans la collection Atelier 205, à voir en intégralité sur France.tv, consacrée aux artistes et à leurs territoires l’habillage graphique du film de Philippe Gasnier nous invite à retenir le numéro 36, département de l’Indre où réside Laetitia Bourget.

Une addition de numéro de département sous forme de puzzle virtuel qui décode le nom de cette collection et esquisse au fil de ces portraits, la richesse artistique de notre Région-Centre. Huit artistes, huit univers dont la renommée traverse les frontières de l’hexagone.

Quand l’oiseau fait son nid

Ancrée dans le village de Néon sur Creuse dans le Berry, elle a créé l’environnement propice à son épanouissement personnel, artistique et social : une maison autoconstruite, un jardin de plantes et de fleurs comestibles, un point d’eau, un poulailler… Un havre de paix et un souffle d’autonomie pour assumer ce qui se délègue en milieu urbain, sans oublier de créer du lien, de l’échange et de l’entraide pour multiplier le champ des possibles.

C’est ici ou dans son atelier du Blanc, l’Interface, qu’elle laisse libre cours à la création et c’est agenouillé sur le sol, face à une grande feuille blanche que nous découvrons Laetitia Bourget, plume en main, concentrée sur le mouvement de sa main qui trace un entrelacs de cercles de couleur rouge.

Sanguines vibratoires et recyclage de la matière

Laetitia Bourget s’affranchit de l’attente, elle ne connaît pas le résultat de ce qui se joue sous ses doigts, il n’y a pas d’anticipation possible. Elle laisse les éléments se mêler, se fondre, se conjuguer et laisse la magie de la transmutation opérer. Sa matière première fait corps avec elle, le sang menstruel qui habituellement se cache, s’expose au grand jour sous forme de tableaux ou de patchworks, de mouchoirs maculés de taches.

Malaxés, les excréments se modèlent en figurine féminine, se figent dans la résine, deviennent objet d’art et prennent place là où ne les attend pas.

À fleur de peau, À fleur de pot

Laetitia Bourget coud les lignes pré-dessinées de sa main ou fait le tour de sa paume. Funambule, elle flirte avec les limites de l’intérieur et de l’extérieur du corps en pénétrant sous la couche superficielle de la peau. Elle voyage sur un fil entre le dedans et le dehors de soi, à l’écoute des sens, de la bonne mesure. Un cheminement pour s’interpénétrer sans se mettre en danger.

Masseuse, elle malaxe, pétrit les corps sous ses mains, associe harmonieusement le geste et le silence.

Elle s’attarde aussi sur les lignes brisées des objets en les réparant, tout en mettant en évidence « les cicatrices », les zones d’impact sublimées par la couleur du laiton.

À fleur de mots, À fleur de maux

Lorsqu’elle était enfant, Laetitia Bourget avait pour but d’écrire des livres dans sa vie, mais elle avait oublié cette envie jusqu’à ce qu’une amie d’atelier, Emmanuelle Houdard illustratrice jeunesse l’invite à poser des mots sur ses créations. Par amitié et touchée par cette confiance, elle accepte de relever le défi en racontant sa première histoire « Les choses que je sais ». Riche de son expérience, elle collabore aussi avec Alice Gravier et se projette vers d’autres pages, intimes, liées à sa lignée qu’elle choisit d’illustrer en s’émerveillant du chemin parcouru.

Écriture, vidéo, photo, peinture, modelage, gravure, collections improbables… Le travail artistique de Laetitia Bourget vient au monde sous différentes formes. Il est l’expression d’un message personnel et universel qu’elle nous invite à partager.

Un film de Philippe Gasnier et Olivier Daunizeau de la collection "Atelier 205", initiée et dirigée par Christophe Camoirano et Philippe Gasnier en collaboration avec Oliver Daunizeau. Produit par Girelle Production et Bip TV, avec la participation de CNC, DRAC Centre et la Région Centre Val de Loire.

► La collection Atelier 205 est à voir en intégralité sur France.tv

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