Ce lundi 6 décembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé dans sa conférence de presse que les personnes de plus de 65 ans pourraient recevoir leur troisième dose de vaccin sans rendez-vous. Au regard des délais actuels, cela ne semble pas si facile à mettre en place.
Avoir sa dose de rappel avant le 15 décembre, date butoir pour les personnes âgées de 65 ans et plus, pour ne pas se retrouver sans passe sanitaire, plus facile à dire qu’à faire. En déclarant que cette tranche d’âge pourrait recevoir sa dose de vaccin sans rendez-vous, le Premier ministre a-t-il réussi à régler le problème ? Pas sûr. Notamment en zone rurale où les centres de vaccination sont bien éloignés et difficilement joignables pour des personnes âgées.
Les pharmaciens qui pratiquent la vaccination sont débordés
Pas question de se tourner vers les officines des pharmaciens, déjà à bout de souffle, entre les tests et les vaccinations contre le Covid et la grippe. Pour ces derniers, les cahiers de rendez-vous sont pleins et pour longtemps. Dans le département rural de l’Indre où il existe un peu moins de 90 pharmacies, ne pratiquant pas toutes la vaccination, les places sont chères !
En témoigne Jean- Paul Dorangeon, pharmacien à Etrechet « Les rendez-vous sont pris jusqu’à mi-février, les gens qui se présentent sans rendez-vous à la pharmacie, en tout cas chez moi, ça ne sera pas possible. Je ne peux pas rajouter des doses à des vaccinations pour lesquelles on est déjà complet sur une journée entière, entre les vaccinations de grippe, les vaccinations de Covid et les tests ». Car les tests se multiplient dans la pharmacie, en moyenne une quarantaine par jour. Un afflux d’activité que ce professionnel a essayé de rendre tenable pour l’équipe en embauchant quelqu’un de plus, mais déclare-t-il « je ne peux pas faire plus. De toute façon je n’ai pas assez de doses. A l’heure actuelle le Pfizer, ils sont en train de nous dire qu’on n’aura pas les doses commandées prévues, en temps et en heure. Je ne sais même pas si je vais pouvoir honorer les rendez-vous pris jusqu’à la mi-février »
Même son de cloche dans une pharmacie urbaine située à Châteauroux. Mathieu Quatresous, pharmacien : « En centre de vaccination, ça me semble déjà compliqué, en officine c’est complétement impossible. Un flacon il y a sept doses, on a cinquante coups de fil par jour, les créneaux sont déjà complets, on ne peut pas se permettre d’annuler les créneaux des gens qui ont appelé depuis un mois pour prendre rendez-vous. C'est impossible à mettre en place dans une officine et au sein des centres de vaccination, je pense qu’ils sont bien embêtés ». Il ajoute que pour l’instant les pharmaciens n’ont pas été officiellement sollicités pour cette nouvelle décision.
Les centres de vaccination, derniers recours
Il faut donc se tourner vers les centres de vaccination. Il y en a dix d’ouverts dans l’Indre. Ils ont été jusqu’à quatorze au plus fort de la vaccination. Normalement ces centres ont 5% de latitude par rapport à leur activité pour effectuer des actes non programmés. Depuis l’annonce hier soir du Premier Ministre, il faut donc envisager un nouveau mode de fonctionnement des centres, pour ces vaccinations sans rendez-vous. L’Agence Régionale de Santé que nous avons sollicitée n’avait pas encore de réponse sur la nouvelle organisation. « L’annonce datant d’hier soir, cela demande un temps de calage d’organisation pour les centres ».
Pourtant il va falloir décider très vite d’un nouveau mode de fonctionnement. Car le 15 décembre approche à grands pas.