Réunis au sein d’une association, Berry Energie et Paysages, un groupe d’élus du Cher et de l’Indre propose aux candidats aux élections régionales et départementales et aux élus locaux de signer une charte de 8 engagements contre l’installation d’éoliennes.
C’est un sujet sensible en Berry. L’implantation d’éoliennes a ses pour et ses contre. Et ces derniers n’hésitent plus aujourd’hui à demander l’engagement des responsables politiques locaux.
Dans l’Indre Serge Descout, le Président sortant de l’assemblée départementale avait écrit, fin février au Préfet, pour demander un moratoire sur la question. Il avait été saisi en janvier dernier, par plusieurs collectifs qui soulignaient l’incompatibilité de ce qui est fait en matière d’attractivité du territoire, et le développement "anarchique" des projets.
Selon les dernières statistiques en ligne de la Direction Départementale des Territoires, 109 éoliennes sont actuellement en service dans le département de l’Indre, sans compter les projets en cours. Serge Descout ne sera pas candidat à sa succession, et le problème reste toujours en suspens.
Des élus du Cher et de l'Indre se fédèrent pour alerter les candidats et leur demander de s’engager
Face à ce constat, cinq élus des deux départements ont décidé de créer une association dont la vocation est de faire signer aux candidats des prochaines élections régionales et départementales une charte de huit engagements.
Parmi eux, l’interdiction de nouveaux projets dans les deux départements, la transparence sur les retombées financières réelles pour les communes concernées ou le subventionnement des associations anti-éoliens pour les aider à amplifier leurs actions. Une préoccupation qui fait écho à celles de beaucoup d’élus, affirme le Président de l’association.
Alexis Renault Sablière s’appuie sur les retours reçus depuis sa création le 30 avril dernier. "Aujourd’hui on approche de la centaine de membres, ça grossit très très vite… La spécificité de notre association, parce qu’il y a déjà beaucoup d’associations dans les deux départements, c’est de regrouper les élus à tous les échelons. La condition pour être membre, c’est d’être élu au jour de l’adhésion."
Les objectifs de cette nouvelle structure sont nombreux. "Le premier objectif c’est de tordre le cou à cette affirmation : les élus sont pour les éoliennes, parce que ça rapporte des sous. Et bien la réponse c’est non. Vous avez beaucoup d’élus, et beaucoup plus que ce qu’on croit, et on ne les entend souvent pas, qui sont contre l’éolien". Au nom de la qualité de vie de leurs communes, de leur vision de la transition énergétique ou de l’acceptabilité de leur population poursuit-il.
Mettre les candidats aux élections régionales et départementales au pied du mur
L’approche des élections régionales et départementales est une opportunité à ne pas laisser de côté pour les membres de l’association. "On veut interpeller les candidats, les têtes de liste départementales et régionales, de tous les partis politiques, en soumettant notre charte, et en leur proposant de la signer. Et nous rendrons publics les résultats de cette démarche". Pour Alexis Renault Sablière c’est la seule solution,
On est complétement démuni face à l’activisme des promoteurs éoliens qui prospectent dans nos territoires comme dans un nouveau Far-West….on veut redonner du poids au politique pour nous aider face à ce rouleau compresseur.
Le constat est commun aux deux départements. La saturation des territoires est déjà une réalité souligne- t-il. Pour l’association, la mise en place de moratoires n’est pas suffisante. Cela ne fait que repousser de quelques mois des projets. Il faut dire stop. "Prenons l’exemple de Lury-sur-Arnon dans le Cher. En traçant un cercle de 20kms de rayon autour de la commune, on dénombre 168 mâts éoliens autorisés ou exploités, plus 37 en instruction. D’où qu’on soit dans le Cher ou dans l’Indre, on les voit".
L’initiative de ces élus va sûrement être examinée à la loupe. Tant il est vrai que les berrichons ressentent comme une injustice le fait que leurs paysages et monuments ne soient pas considérés comme suffisamment dignes d’être protégés, au même titre que d’autres dans la région.