Ils sont cinq à ne pas avoir donné leur aval à la proposition de loi "anti-casseurs" du gouvernement mardi. Les députés de votre région Centre-Val-de-Loire expliquent leur décision.
La loi "anti-casseurs" a été adoptée mardi à 387 voix contre 92 en première lecture, dans le contexte tendu de la crise des gilets jaunes.Ce texte controversé a pour but de "prévenir les violences lors des manifestations et de sanctionner leurs auteurs".
Au coeur des critiques des opposants, l'article 2. Celui-ci autorise les préfets à interdire préventivement certains manifestants d'assister à un rassemblement, si leur "comportement constitue une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public" ou si ceux-ci ont déjà commis des infractions lors de précédentes protestations.
Parmi les 23 députés de la région Centre-Val-de-Loire, 22 étaient présents. Si 18 ont choisi d'adopter le texte, 5 d'entre eux n'ont validé la proposition de loi du gouvernement.
3 abstentions
Parmi les abstensionnistes, Caroline Janvier. La députée LREM du Loiret s'est abstenue "par prudence". "Je pense qu'il faut préserver nos libertés publiques et les limiter quand il n'y a vraiment pas d'autre solution", explique-t-elle à France 3. L'élue estime aussi qu'il existe "suffisamment d'outils dans l'arsenal juridique" pour en rajouter de nouveaux.
Elle écarte en revanche la théorie de tensions au sein de la majorité parlementaire. "Nous venons tous de bords différents et avons des sensibilités différentes. Le fait de voter différemment ne remet pas en question l'équilibre du groupe LREM", ajoute-t-elle
Un avertissement ? Je ne sais pas. Nous donnons un signal fort sur la question des libertés publiques.
— Caroline Janvier (@CarolineJanvier) 5 février 2019
En des temps troubles, il faut savoir à quel point l'arsenal juridique à notre disposition aujourd'hui est adapté. Il faut prendre le temps d'agir.
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La députée UDI d'Indre-et-Loire Sophie Auconie s'est également abstenue. Mais elle devrait bientôt réviser son jugement. "Je voterai sûrement contre en seconde lecture", affirme-t-elle.
L'élue redoute les dérives d'une telle loi, et notamment de son fameux article 2. "Avec la conjoncture que nous connaissons en Europe, il est dangereux de donner un tel pouvoir à l'exécutif, justifie-t-elle. Tant que l'exécutif est modéré, c'est bien. Mais dans le cas contraire, cette interdiction peut prendre une tournure totalitaire..."
Loïc Kervran a également choisi de s'abstenir. Le député LREM du Cher craint surtout que le vote de la loi banalise d'autres mesures administratives, notamment celles qui touchent à la lutte contre le terrorisme. "Pour moi, toutes les menaces ne se valent pas", ajoute-t-il.
L'élu considère aussi que les députés n'ont pas suffisamment de recul sur ce texte, rédigé dans l'urgence. "La crise sociale n'est pas finie, et ce n'est pas simple pour les législateurs de prendre une décision dans un tel contexte".
1 absence
Laure de la Raudière était absente lors du vote de la proposition de loi mardi. Et pour cause, la députée Agir La Droite constructive d'Eure-et-Loir a été prise de vertiges et a dû quitter précipitamment l'hémicycle en début d'après-midi.
"Mais si j'avais pu voter, je me serais abstenue", précise-t-elle. Pour l'élue, la question de l'équilibre des pouvoirs n'est pas respectée. "Je suis pour un meilleur encadrement des manifestations. Mais il faut que celui-ci passe par le juge, et non pas par le préfet."
1 vote contre
Philippe Vigier, député UDI d'Eure-et-Loir, est le seul député de la région à s'être prononcé contre le texte. Il n'a pour l'instant pas répondu à nos sollicitations.