Blois : avec le Brexit, Claude Gruffat entre au Parlement Européen

Les anglais partis, les "députés fantômes" sont enfin appelés à siéger au Parlement Européen. Parmi eux, Claude Gruffat, figure de l'alimentaire bio, qui a commencé son ascencion à Blois. 

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Ils étaient 27 à attendre, un peu comme sur le banc des remplaçants. Des députés qu'on disait "fantômes", une dénomination qui avait au moins le mérite d'apporter une aura mystérieuse à Bruxelles. 27 à travers l'Europe à avoir été élus comme députés européens de secours, dans l'attente que les députés britanniques poussés par le Brexit prennent le chemin de la sortie.
 

"Je vais vraiment partir !"


Ce sera chose faite dès le 1er février, avec l'officialisation de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Parmi eux, Claude Gruffat. Moustache remontée à la Salvador Dalí, air débonnaire, il a été élu sur le fil : 13ème candidat de la liste écologiste menée par Yannick Jadot. Le dernier à s'assurer un siège, grâce à ceux qui filent à l'anglaise. Un comble. "Le Brexit est une très mauvaise idée. Ça va être lourd de conséquences. J’avais dans l’idée qu’il n’y arriveraient pas, avoue volontiers Claude Gruffat. Pendant 7 mois on a tergiversé, on ne voyait pas clair, et là, ça tombe. C’est un peu plus précipité, mais le mandat prend forme : je vais vraiment partir à Bruxelles et Strasbourg", rit-il.
 
Né en 1957 dans une famille d'agriculteurs, en Haute-Savoie, Claude Gruffat s'intéresse au bio dans les années 80. La France vient alors tout juste de reconnaître officiellement l'agriculture biologique. En 1993, le précoce militant adopte Blois quand il y ouvre ce qui devient rapidement une boutique spécialisée dans les produits bio. En 1994, il intègre avec son enseigne le réseau Biocoop, dont il devient président 10 ans plus tard. 

"Je me qualifie comme un entrepreneur militant. Je me suis engagé pour une consommation bio, plus responsable, contre le gaspillage... Tout ce qu'on a fait, on l'a fait très à contre-courant d'une pensée qui n'allait pas du tout dans ce sens-là" avance Claude Gruffat.
 

"Une vraie force de frappe ? Il va falloir la dégager"


Au Parlement Européen, son champ d'action n'est pas le moins houleux. Gruffat vise évidemment la commission agriculture, où l'attend l'épineux dossier de la Politique Agricole Commune (PAC), à définir pour les 7 prochaines années.
 
"On va essayer de s'orienter vers un modèle d'agriculture fondamentalement différent de l'ancien monde" entame celui qui veut aussi se mobiliser sur la question de la lutte contre les pesticides, la qualité de l'eau et de l'air ou la fertilité des sols. "Avons-nous une vraie force de frappe ? Il va falloir la dégager, dans un parlement qui n'est pas forcément favorable à tout ça. Mais avec la préoccupation du public sur ces questions, je pense que les thèses des défenseurs de l'écologie vont avoir un autre écho."

Biocoop derrière lui, Claude Gruffat est maintenant président de la fédération des transformateurs et distributeurs bio. S'il est sans conteste l'une des figures de son domaine, devenir un monument ne va pas sans quelques fissures. Le 10 juillet 2019, le Canard Enchaîné épingle Biocoop et son président. Le périodique affirme que des avocats étiquetés bio et en provenance d'Espagne auraient en réalité pu être cultivés en Amérique du Sud. Biocoop a reconnu "un problème avec un grossiste" et affirmé l'avoir exclu de ses partenaires. Le deuxième volet est plus personnel. Chez Biocoop, le plus haut salaire de l'entreprise ne peut excéder 5 fois la valeur du plus bas salaire. Or, Claude Gruffat aurait demandé a augmenter sa rémunération de 95 000 à 127 000 euros brut, ce qui aurait conduit à violer cette règle. 

Dans un communiqué, Biocoop a affirmé que cette demande avait bien été faite par le dirigeant, mais que cela avait été refusé par le conseil d'administration. Des accrocs qui n'ont pas empêché le nouveau député européen de s'attirer la confiance des listes écologistes, qu'il conviendra de juger sur leur bilan. 
 
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