PORTRAIT. Alain Biet : sculpteur, dessinateur, réalisateur, performeur, découvrez ce chasseur d'objets

Alain Biet est un artiste pluridisciplinaire : musicien, sculpteur, dessinateur, réalisateur. De multiples talents qui s'expriment hors des cadres, en toute liberté et qui donnent des ailes aux arts plastiques et à l'échange.

Dans la collection Atelier 205, à voir en intégralité sur France.tv, consacrée aux artistes et à leur territoire, l’habillage graphique du film de Philippe Gasnier nous invite à retenir le numéro 41, département du Loir-et-Cher où réside Alain Biet.

Une addition de numéros de département sous forme de puzzle virtuel qui décode le nom de cette collection et esquisse, au fil de ces portraits, la richesse artistique de notre région Centre-Val de Loire. Huit artistes, huit univers dont la renommée traverse les frontières de l’hexagone.

Des objets dans la masse

Alain Biet sort diplômé des Beaux-arts d'Orléans où il enseigne pendant cinq ans avant d'occuper un poste de professeur aux Beaux-arts de Blois. Membre de plusieurs collectifs, il participe et organise de nombreuses manifestations et expositions d'art contemporain en France, Italie et Belgique.

La multitude de ses dessins est impressionnante. Son cœur balance davantage pour l'univers électro, d'optique et de mesure, mais aucun objet du quotidien qui l'entoure n'échappe à ses traits de crayon.

"Le défi, c'est de ne pas choisir. Tout est intéressant."

Alain Biet

Le degré de réalisme n'est pas son sujet, rendre au mieux la matière, voilà son objectif ! Le dessin suit des étapes, ne se termine jamais d'un seul coup, même accroché au mur, il s'offre aux dernières retouches.

Les objets d'hier, les objets de l'enfance, les objets du quotidien, les objets caractéristiques à chaque métier... les objets dont on a besoin et ceux, inutiles qui n'existent que pour nous séduire. Les objets amoncelés dans les caves et les greniers et ceux qui finissent à la déchetterie. Les objets souvenirs qui trônent sur les étagères et l'objet que l'on garde parce que c'est un cadeau ! Celui que l'on a en double, en triple et que l'on conserve au cas où. Aussi, l'objet qui manque, que l'on perd, que l'on prête, que l'on donne ou que l'on échange. Des objets qui transmettent des histoires que l'on veut garder en mémoire.

Conserver tous les objets d'une vie et d'une famille est inconcevable aujourd'hui. Alain Biet réalise ce tour de passe-passe en dessinant tout ce qui l'entoure. Une image offerte, comme celle que l'on conservait précieusement enfant, dans notre boîte à bons points.

Cocktail électro, petits et grands canons

L'exposition "Cocktail électro" fait le point sur les objets empruntés à Emmaüs.et plus particulièrement des objets électros, en transit. Une collection toujours en expansion qui contient près de 8000 spécimens.

La série des petits canons regroupe des dessins à l'aquarelle à l'image des jouets de ses enfants. Une multitude d'objets à l'échelle des petits, des réductions à portée de petites mains et représentatifs du monde des grands. Des collections répertoriées comme des jouets bien rangés dans le tiroir adéquat : les petites voitures, les jeux d'extérieur, les personnages ou les animaux...

Chaque image est découpée, pliable et peut ainsi devenir une boîte pour l'objet qu'il représente.

Cette série comprend environ 3000 dessins qui ont fait l’objet d’un catalogue et d’un dessin animé "Petits canons".

À chaque génération, les enfants, petits ou grands sont attirés par les mêmes possessions. Un effet de mode, de publicité, d'identification... Des jouets adulés, conservés au fil des années ou bien vite oubliés dans un coffre plein à craquer. Cassés, troqués, donnés, jetés, remplacés, les compagnons de jeu en plastique ou en tissu disparaissent souvent au fil du temps. Les dessins d'Alain Biet les figent sur le papier et leur donnent ce coup de crayon magique qui retient l'enfance.

La série des grands canons répond à un nouveau défi : dessiner tous les objets qui entrent dans sa maison. Une sorte d'état des lieux des choses qui prennent une place dans son quotidien, de sa fourchette, à sa paire de lunettes.

Un film suivi de l'exposition "Similitude" : des produits en lien avec le corps, apparemment identiques à distance et pourtant différents. Des dessins où se glissent sciemment des intrus.

Un jeu d'échange d'images, prisé par Alain Biet, qu'il utilise aussi dans la série des pliables.

"Quand on dessine, l'intérêt, c'est qu'on peut inventer aussi tout ce qu'on veut."

Alain Biet

Un talent qui lui ouvre les portes de la maison Hermès. Il dessine un carré pour la marque prestigieuse, une création qui sera suivie d'une invitation à travailler sur leur collection d'objets sous forme de carte blanche. Alain Biet choisit l'axe des instruments d'optique, son fil conducteur.

Sténopodes

Après ses moulages en latex, une matière qui évoque la peau et la chair, mêlée de poils, de cheveux, de coton, Alain Biet travaille le bois.

Un rapport intime avec cet élément naturel puisque son père était vigneron, mais encore jamais investie par son inspiration artistique. Une façon de remonter le temps et de retrouver des sensations de l'enfance.

Puis, en collaboration avec le photographe Bertrand Vyain, il crée des sortes "d'appareils photos sur pattes" appelés Sténopodes. Jusqu'alors, il avait conçu des objets suggérant un regard. Le sténopode, lui, a pour vocation de photographier, de produire une image à partir de ce qu'il a vu.

Le sténopé est un dispositif optique très simple, un appareil photographique dérivé de la chambre noire qui permet de reproduire une image après passage de la lumière par un orifice de très petit diamètre. Sur la surface opposée à cette ouverture vient se former l'image inversée de la réalité extérieure.

Ces sténopodes déclinés en"solos, couples, colonnes, autonomes" deviennent producteurs d'images, photographiques. La photo est contenue dans l'appareil et tous deux sont aussi importants l'un que l'autre.

D'autres expériences découlent de cette expérimentation :

  • La "série des pertes" : un ensemble de traces de voyage réalisé en Algérie,
  • La "série des filtres" : une famille de sténopodes en zinc qui produit des photographies en couleurs,
  • Les "Sténoportraits" : une famille de masques sténopodes en zinc. Les orifices naturels des masques (yeux, nez, bouches) deviennent les trous "sténopés".

Le "réseau interminette" et "la série des équivalences" : un objet fabriqué en quarante exemplaires et envoyé à quarante personnes en échange d'un objet équivalent. Une collecte fructueuse et originale restituée dans une exposition.

Les pliables : inspiré par les illustrations d'un livre de physique des années trente, il reproduit toutes les images qui le concernent d'une encyclopédie en sept volumes et s'amuse dans ses planches à insérer un objet qui n'est pas représenté dans l'encyclopédie. Un travail de longue haleine représentée par au moins 4000 dessins. Les images remplacées par les intrus se cachent dans une structure pliable. Un jeu de passe-passe qui le réjouit toujours autant.

► La collection Atelier 205 est à voir en intégralité sur France.tv

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