PORTRAIT. Charlotte Beluet, nouvelle procureure de Blois souhaite que la justice soit rendue plus vite

Après le Gers et la Corse, la Toulousaine vient de prendre ses fonctions de procureure de la République à Blois. Elle apporte avec elle ses luttes. Violences intrafamiliales, environnement et des délais d'audiences plus rapides seront ses chevaux de bataille.

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Elle ne peut pas cacher son sud natal bien longtemps : "je suis Toulousaine, vous devez l'entendre" affirme Charlotte Beluet dans un sourire. C'est la Corse, lieu de sa dernière affectation de procureure, qu'elle a quittée pour remonter tout droit vers le centre de la France. "Pour mes amis, passer au-dessus de la Loire, c'est de l'inconscience, plaisante-t-elle mais j'ai appris il y a peu que mon arrière grand-père est né dans le Loir-et-Cher, c'est peut-être un signe. "

Contrairement aux critiques familiales que Michel Delpêche chante dans "Loir-et-Cher", elle le dit clairement : "je n'ai pas peur de marcher dans la boue". Une déclaration qui résonne professionnellement. Là où elle a commencé, dans le Gers, sa politique était déjà, de ses mots, "incisive".  

Les violences conjugales au cœur de ses combats

Une chose est sure, l'environnement change drastiquement, que ce soit à travers la fenêtre ou dans le palais de justice. Sur l'île de Beauté, moins de dossiers : "là bas, il n'y a pas de délinquance de droit commun, pas de cambriolages par exemple" explique-t-elle, mais une criminalité organisée bien plus présente. Ici, les dossiers s'accumulent, et les violences intrafamiliales, c'est tous les jours. 

Nommée en juillet, installée officiellement vendredi 30 septembre, la nouvelle procureure de Blois a commencé à travailler dans le Loir-et-Cher depuis le début du mois. L'un de ses chevaux de bataille restera clairement la question des violences intrafamiliales. C'est à la quadragénaire que l'on attribue la maternité du terme "fémincide", elle a été la première à l'utiliser dans une communication publique. Pour elle, il reste encore beaucoup de choses à faire, notamment dans les esprits : "il faut mieux former et faire comprendre les mécanismes de l'emprise". Les lignes doivent encore bouger : "pendant longtemps, la violence a été synonyme de virilité" constate-elle. 

Ni jugement ni injonction

Charlotte Beluet met un point d'honneur à ne porter ni jugement, ni injonction : "on sait que les victimes peuvent se rétracter" et ce revirement de situation ne devrait même pas être un sujet, insiste-t-elle. C'est sur la justice que doit reposer la charge de la sanction, pas sur les victimes.

Ce qu'elles attendent, ce n'est pas forcément un jugement, mais que les violences s'arrêtent

Charlotte Beluet

A mesure que la parole se "libère", la pression sur le dépôt de plainte s'intensifie : "bien sûr que je préfère que l'on se tourne vers la justice, mais pour certaines victimes, ce n'est pas ce qui va leur permettre de se reconstruire". Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de plainte que les victimes ne parlent pas, insiste-t-elle. "Je ne suis pas là pour croire" rappelle-t-elle cependant, "en revanche je dois écouter sans juger, et prouver". 

Dès qu'il y a de la violence, il doit y avoir une réponse : "Je veux mettre en place un circuit d'urgence" explique la quadragénaire. Une prise en charge rapide, à la fois de la victime et de l'auteur : "il faut que l'une et l'autre soient entendus". Avec un préalable : la garde-à-vue quasi systématique. 

Autre thématique qu'elle souhaite voir davantage prise à bras-le-corps, les infractions environnementales : "la maison brûle et maintenant on ne peut plus regarder ailleurs". Pollution des eaux, incendies, il est urgent de réagir, avec les instances dédiées, et les organisations en place sur le territoire. 

"je suis une fille de la République"

Depuis le début de sa carrière, la magistrate est du côté de la société : "être procureur, c'est prendre soin de la République, je suis une fille de la République" affirme-t-elle. Dans cette fonction : "il faut conserver foi en la nature humaine", sans quoi, la mission devient impossible selon elle. 

Dans un monde judiciaire profondément marqué par le manque de moyens, hors de question pour la représentante du ministère public de "maltraiter le personnel du tribunal". "

Etre architecte d'une justice à bout de souffle, c'est parfois difficile

Charlotte Beluet

"Je pense qu'il faut savoir parfois s'extraire des chiffres" poursuit-elle. Beaucoup de juridictions voient les heures d'audiences s'accumuler et durer parfois jusque tard dans la nuit "à minuit, on ne juge pas correctement". Le respect, elle l'adresse autant aux victimes, qu'aux auteurs, pour lesquels il faut éviter la récidive à tout prix. De l'autre côté de la barre : " il est important que les magistrats soient bien dans leur tête, quand on perd le sens du métier, on ne peut pas travailler". 

Défèrements et alternatives aux poursuites

Pour que tout le monde retrouve un sens en la justice, la nouvelle procureure souhaite voir les procédures aller plus vite. Pour ça, deux solutions à la fois contradictoires et complémentaires : "augmenter les défèrements, mais aussi les alternatives aux poursuites". La Toulousaine préfère une bonne alternative, plutôt que des faits jugés deux ans plus tard "avec un procès qui n'a plus de sens".

Dans le Gers, les délits étaient en moyenne jugés quatre mois après leur commission, contre six à dix mois dans le Loir-et-Cher. Une amélioration qui ne se fera pas en quelques mois, mais en un, voire deux ans, prévient-elle. 

Lorsqu'on l'interroge sur le nombre d'années qu'elle compte passer dans le département, Charlotte Beluet n'a rien établit. La fourchette est de toute façon comprise entre trois et sept ans. Ses deux prédécesseurs sont restés le temps maximum. Là aussi, c'est peut-être un signe. 

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