Suite au rejet des deux motions de censure examinées à l’Assemblée nationale ce lundi 20 mars, les salariés de Storengy (Engie) poursuivent leur mouvement à Céré-la-Ronde en Indre-et-Loire. La grève est reconduite jusqu’à vendredi 24 mars, au moins.
Ce 21 mars dans la matinée, des drapeaux de toutes les couleurs flottent devant le site de Storengy, leader européen du stockage de gaz naturel. Les gendarmes passent, discutent avec des délégués syndicaux et repartent. L’ambiance est bonne enfant.
"L'union fait la force"
Des cheminots, des instituteurs, du personnel hospitalier venu de Loches, tous les corps de métiers sont représentés. 150 personnes ont répondu à l’appel de l’inter-pro. Parmi elles, Karim, cheminot depuis 18 ans. Ce matin, il n’a pas hésité une seconde pour venir rencontrer d’autres grévistes : "le but est d’échanger des idées, trouver des moyens pour convaincre des gens qui ne seraient pas encore décidés. Il faut bloquer l’économie, nous n’avons pas le choix. "
Muriel Navarro, professeure au lycée Vinci d’Amboise et déléguée FO, soutient également les salariés de Storengy. "Nous sommes une dizaine à les soutenir ; l’union fait la force" explique-t-elle avec malice. "On ne peut pas laisser quelques salariés se battre pour nous. Cela ne fait jamais plaisir d’être à 12 jours de grève, mais nous sommes face à un gouvernement illégitime, il a failli tomber, à 9 voix près."
À Céré-la - Ronde, le mouvement est de plus en plus populaire. Alain, un ancien, se félicite du phénomène de convergence. "Je suis investi pour aider à retirer ce projet de loi. Les gaziers ne sont pas là pour tout casser, mais pour faire pression sur le gouvernement."
80% en faveur du blocage
Ce mardi, 80 % des salariés ont décidé de reconduire leurs actions de blocage. Tous assurent ne pas être là pour priver l’usager, mais sont conscients de leur force de frappe. "Un m3 de gaz qui sort de notre stockage, c’est 11 kilowatts" explique Ludovic Espeves, élu FNME-CGT du secteur gaz.
Les pressions dans les gazoducs sont énormes, mais ce gaz sert également à produire de l’électricité dans des régions où il y en a moins, c'est tendu. Même si nous sommes dans la lutte, nous ne ne voulons pas de black-out. Si le stockage de Gournay-sur-Aronde, dans l'Oise, se coupe, il faudra trois mois pour le remettre en route, chaque habitation devrait être vérifiée...
Ludovic Espeves, élu FNME-CGT du secteur gaz
Si la loi passait, les 26 salariés repasseraient dans le régime général. En effet, l e régime spécial des industries électriques et gazières ( IEG) appartient aux régimes spéciaux de retraite. " Nos régimes spéciaux sont excédentaires.", s'insurge Ludovic Espeves, " à cause de la pénibilité de notre travail, on cotise plus cher que dans le privé, à hauteur de 12 % pour notre propre caisse de retraite et l’excédent va aux agriculteurs et aux artisans, c’est une centaine de millions par an. C’est incompréhensible ! "
Muriel Navarro renchérit : " Il y a des solutions : toutes les entreprises qui font des milliards de dividendes et ne sont pas taxées comme elles le devraient, c’est révoltant ! Je me réjouis aussi que les éboueurs soient très engagés. Ils ont un gros pouvoir de nuisance."
Déterminé, Ludovic Espeves conclut : "Il faut donner le coup final. On est trop impliqué, ce n’est pas le moment de laisser tomber, surtout pas !" En attendant, le filtrage continue, aucune entreprise extérieure ne peut rentrer sur le site.