Dans le Loir-et-Cher, des réfugiés ont été embauchés comme saisonniers par des exploitants agricoles. L'enjeu est double : pallier le manque de main-d'oeuvre et intégrer les réfugiés par le travail. Exemple à Soings-en-Sologne dans l'entreprise Marionnet, spécialisée dans les fraises.
Armani a 27 ans. Après 4 mois d'apprentissage de français, il parvient à s'exprimer. Il désherbe depuis 6 heures du matin, comme tous les jours depuis 2 mois. " J'ai besoin de travailler, pour avoir un peu d'argent. Mais aussi parce cela faisait trop longtemps que je n'avais pas le droit de travailler. Aujourd'hui je suis content. "J'ai demandé un logement quand j'ai eu mon statut de réfugié mais ils voulaient un contrat de travail. Maintenant que j'ai un contrat je vais pouvoir avoir mon propre logement
Pourtant la tâche est très difficile. Désherber à genoux, 7 heures par jour en plein soleil.
A côté de lui, Ihsan vient lui aussi d'Afghanistan. 20 ans, un sourire radieux, il raconte comment il est arrivé là. Il ne parle pas encore français. C'est Armani qui traduit " J'ai dû quitter mon pays à cause de la guerre. Je viens d'avoir mon statut de réfugié. Pour moi avant il n'y avait ni travail, ni école, ni argent. J'ai demandé à l'aide sociale qui m'a proposé que je vienne ici chez Marionnet". Et d'ajouter : "Agriculture, commerces, restaurants. Je peux tout faire tant que je travaille".
17 réfugiés engagés pour la saison
L’entreprise Marionnet à Soings-en-Sologne est spécialisée dans les fraises et les framboises. Elle emploie 17 réfugiés depuis début juin.
" Nous avons besoin de beaucoup de main d'oeuvre : 90 saisonniers en plus des 80 permanents. Jusque-là nous prenions des salariés espagnols, mais avec la reprise de l'activité chez eux, ils ne viennent plus en France".
Franck Dindault est le directeur de l'exploitation Marionnet en Sologne. Après deux mois de travail avec ces nouveaux salariés, il constate : " Ils sont super motivés et ils travaillent bien. Nous devons faire tourner l'entreprise. Et le faire en aidant ces gens qui ont fui la guerre c'est valorisant. On apprend beaucoup d'eux."
Une expérimentation au niveau départemental
Dans le département du Loir-et -Cher, les réfugiés sont actuellement embauchés dans le cadre d'un partenariat entre l'Etat, Pôle emploi, les entreprises agricoles, le Département et les élus locaux.
" L'enjeu est double, explique le Préfet du département, Jean-Pierre Condemine : pallier les manques de main-d'oeuvre dans l'agriculture et mettre le pied à l'étrier à ces hommes et ces femmes. Ils ont le statut de réfugiés. Nous nous devons de les protéger et de les intégrer. L'intégration passe par le travail et le logement".
L'idée est que cette expérimentation s'étende à d'autres exploitations.
Le reportage de Marine Rondonnier et Juliette Roché