VIDÉO. Handicapé, atteint de deux cancers et surendetté, il est menacé d'expulsion

Un habitant de Montoire-sur-le-Loir, en Loir-et-Cher, devra quitter son logement social ce lundi 10 octobre. Ne vivant que de son allocation d'invalidité, il n'a plus pu payer son loyer depuis 10 mois. Et se retrouve sans solution de relogement.

Il est de ces destins où l'on croirait que le ciel leur tombe sur la tête. C'est un peu la réflexion que l'on se fait en écoutant l'histoire de Romuald Simier, habitant de Montoire-sur-le-Loir, en Loir-et-Cher. Incapable de payer ses loyers à son bailleur social depuis une dizaine de mois, il a appris son expulsion, programmée ce lundi 10 octobre.

Sa maison, que lui fournit le bailleur Terres de Loire Habitat, il l'occupe depuis 2018, date à laquelle cet ancien peintre dans l'industrie à Vendôme tombe malade. Un cancer. Puis un deuxième un an plus tard.

À l'époque, déclaré invalide, Romuald Simier cesse de travailler, mais perçoit des indemnités journalières et un complément de salaire de son entreprise. Le logement est mis en conformité pour son handicap par le bailleur dès son arrivée. Et puis, après trois ans d'arrêt de travail, il se retrouve avec seulement son allocation aux adultes handicapés (AAH), d'un montant de 922 euros. 

"Il faut avoir le cœur bien accroché"

Dès lors, impossible pour lui de continuer à payer son logement, à 480 euros, moins 130 euros d'aides au logement (APL). "Je n'aurais plus pu payer le gaz, l'électricité", assure-t-il à l'équipe de France 3, qu'il reçoit chez lui. Car, en plus de ses dépenses alimentaires, il doit débourser une assurance complémentaire pour prendre en charge ses lourds soins médicaux.

Il suspend alors ses versements au bailleur, et arrête donc de toucher ses APL. Avec un revenu qui lui permet seulement de "survivre", "dès que vous êtes malade, célibataire, sans argent de côté, il faut avoir le cœur bien accroché", défend Romuald Simier.

Heureusement que j'ai le caractère de ma mère, sinon ça fait longtemps que j'aurais passé l'arme à gauche.

Romuald Simier, habitant de Montoire-sur-le-Loir

Conscient qu'il ne pourrait pas payer son loyer longtemps, il dit avoir demandé un logement "plus petit et donc moins cher" à son bailleur il y a deux ans, avec l'idée de se rapprocher de Contres, dans le sud du Loir-et-Cher, où il a de la famille. "On ne m'a jamais rien proposé."

"Ils disent qu'ils lui ont proposé, mais c'est faux ! On attend le courrier pour qu'ils le prouvent", lance Annick Noury-Lacroix. Présidente de l'association Consommation, logement & cadre de vie Loir-et-Cher, elle suit le dossier de Romuald Simier depuis déjà plusieurs années. Sa première action a été de lui faire changer de fournisseur d'électricité, "c'était scandaleux ce que l'autre lui faisait payer".

Toutes les (mal)chances

Du côté du bailleur Terres de Loire Habitat, on assure avoir "très vite pris attache avec monsieur Simier dès qu'il s'est retrouvé avec un premier impayé fin 2018", explique Erik Ledorguet, le directeur général adjoint :

Nous nous sommes présentés à 25 reprises à son domicile, sans avoir pu trouver de solution avec ce monsieur, qui refuse notre main tendue.

Erik Ledorguet, directeur général adjoint Terres de Loire Habitat

Accumulant les impayés, Romuald Simier a vu une partie de ses dettes -3 500 euros, puis un peu moins de 5 500 euros- effacés respectivement par la Banque de France et par son bailleur. "Je les remercie déjà d'avoir fait ça", salue Annick Noury-Lacroix.

Sauf que, malgré ces effacements (le dernier date de septembre), le Montoirien s'est vu signifier son expulsion, prévue pour ce lundi 10 octobre. "On arrive à une situation où on n'a pas d'autre choix", estime Erik Ledorguet, de Terres de Loire Habitat.

Car la dette de Romuald Simier est à nouveau de près de 1 500 euros. "Je considère que c'est un véritable échec de l'office, toutes les chances ont été mises de son côté pour améliorer sa situation, mais elle ne s'améliore pas", poursuit le directeur général adjoint du bailleur, qui met en avant "seulement 17 expulsions en 2021 sur 2 000 dossiers d'impayés".

"Je n'ai plus rien"

Pour lui, la seule solution à disposition de Romuald Simier, c'est de reprendre le paiement des loyers. "Il ne peux pas les payer ! Il touche 922 euros, il n'a plus d'APL", s'indigne Annick Noury-Lacroix :

Je suis à découvert sur mon compte, ma banque m'a pris 40 euros de frais d'incident de gestion, j'ai 10 euros sur un livret d'épargne populaire parce que c'est la loi, et j'ai un livret A avec 0 euro. Je n'ai plus d'assurance vie. Je n'ai plus rien.

Romuald Simier

Terres de Loire Habitat assure ne pas disposer de logements adaptés dans la zone du Controis-en-Sologne, comme l'espérait Romuald Simier. Le 10 octobre, ce dernier ne sait pas où il ira, incapable de fournir des quittances de loyer pour trouver un nouveau logement.

Il devrait même payer de sa poche (vide) son déménagement forcé. La sous-préfecture de Vendôme assure que, pour l'instant, le bailleur n'a pas requis l'octroi de la force publique en vue de l'expulsion. Le Montoirien dit avoir dû suspendre ses soins, le temps de trouver une solution de relogement.

Propos recueillis par Sanaa Hasnaoui et Yves Le Bloa

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