C’est dans un endroit méconnu et excentré de la région Centre-Val de Loire que l’émission Renversant a posé ses caméras ce mois-ci : à Malesherbes, dans le Loiret, à un jet de pierre de la voisine Île-de-France.
Là, au milieu des sociétés de transport et autres bâtiments industriels, se cache un lieu de culture insoupçonné : l’Atelier-Musée de l’Imprimerie (AMI).
Ouvert en septembre 2018, c’est le plus grand musée de l’imprimerie d’Europe, rien que ça ! Pour le visiteur, c’est la traversée de 600 ans d’histoire, une période au cours de laquelle les sociétés du monde vont connaitre trois bouleversements majeurs : l’imprimerie, l’industrialisation et le numérique.
D’où viennent les livres ?
Petit saut dans le temps. Vers 1450, Gutenberg reproduit le premier livre (la Bible à 42 lignes) à l’aide d’une presse à bras qu’il a mise au point. L’imprimerie était née. Plus tard, Victor Hugo en dira que cette invention qu’elle est la mère de toutes les révolutions : en effet, les écrits se démultiplient et les connaissances circulent. Au 19e siècle, la diffusion du savoir s’accélère d’un coup avec la révolution industrielle : c’est l’avènement de la mécanisation et son triptyque : plus vite, plus fort, plus loin.
Aujourd’hui, les technologies ont pris la place des machines industrielles et "drivent" la révolution numérique : l’information se déplace à l’instant T et n’a plus aucune frontière.
Mais pourquoi ce pan de l’histoire de l’humanité se raconte-t-il à Malesherbes ? Pourquoi cette dernière est-elle surnommée la cité du livre ? Car la commune et les écrits sont liés et ce, depuis le 18è siècle, grâce à un personnage : Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes. Directeur de la librairie royale et donc en charge de la censure, c’est à lui que l’on doit la publication de l’Encyclopédie de Diderot.
Le nord Loiret est donc un chef-lieu de l’imprimerie depuis le siècle des Lumières et ce jusque dans les années 1960, puisque des entreprises de l’édition, de la reliure, du papier s’y sont installées.
Pour raconter cette grande histoire, le musée s’appuie sur une collection de presque 150 machines à imprimer des 18e, 19e et 20e siècle. À l’image de l’emblématique Muséum national d’histoire naturelle à Paris, déambuler entre les mastodontes de ce patrimoine industriel donne une impression de traverser la grande galerie de l’évolution de la presse !
On y trouve notamment la première machine à impression recto-verso, dans de 1860, celle-là même qui a imprimé Les Misérables, de Victor Hugo. On y trouve aussi une machine appartenant à un ami de ce dernier : Honoré de Balzac. Eh oui, l’auteur de La comédie humaine s’est essayé au métier d’imprimeur. Mais ce dernier se révèle piètre gestionnaire et son affaire fait faillite. Un échec qui lui inspirera d’ailleurs le roman Les illusions perdues, mettant en scène un jeune provincial tentant sa chance dans le milieu littéraire parisien.
Comment on fait du papier ?
Pour appréhender le vaste monde de l’imprimé, le Musée mise sur la médiation et de nombreux ateliers de création de papier ou calligraphie, notamment :
Le geste nous parait important pour apprendre. C’est un endroit où l’on peut faire des choses, pratiquer, expérimenter… C’est un musée actif où l’on fait soi-même : reconstituer un livre, fabriquer du papier. C’est la grande différence avec des musées passifs.
Jean-Marc Providence Directeur de l’Atelier-Musée de l’Imprimerie.
Les points communs entre le livre et le disque : une exposition temporaire à visiter !
Une visite à l’AMI permet aussi de se rendre compte que l’imprimé, ce n’est pas que le papier et les livres, mais les objets que nous manipulons au quotidien, toutes matières confondues : un T-Shirt, un emballage de yaourt, un billet de dix euros, le carton d’un colis Amazon…
L’exposition temporaire du musée y fait d’ailleurs opportunément écho : un mur entier de pochettes de vinyles datant des années 60, 70 et 80. Le temps des vinyles est en effet dédié à la musique de cette époque et ses idoles : Hallyday, Gainsbourg, Berger, Sanson, etc.
Un univers musical mais culturel surtout, via ses objets et leur signature visuelle, graphique et colorée : jukebox, scopitones, cassettes, etc. Nous sommes à l’aube de la révolution numérique, Deezer et autres Spotify…
Le musée cache aussi un vaste auditorium dont les murs sont "habillés" de milliers de livres. Un lieu Renversant, parfait pour accueillir les invités de l’émission. C’est ici qu’Elodie Frégé,Cyril Mokaiesh et Jekyll Wood ont donné un concert Renversant inspiré par les lieux.
À retrouver dans le magazine culturel Renversant sur France 3 Centre-Val de Loire mercredi 30 mars à 23h et en replay sur francetv.fr