Le cannabis thérapeutique va probablement faire l'objet d'une expérimentation pendant deux ans. La député du Loiret Caroline Janvier se ravit de cette nouvelle en rappelant que "c'est important de le faire dans de bonne conditions".
Le député Olivier Véran a annoncé mercredi 9 octobre sur RTL vouloir défendre un amendement visant à expérimenter le cannabis thérapeutique en France. Caroline Janvier, députée LREM du Loiret, la première des 23 députés de la région Centre-Val de Loire à s'être positionner en faveur du cannabis thérapeutique, se félicite de cette nouvelle. Elle précise néanmoins "qu'il ne s’agit pas de dire qu'il est le remède à tous les maux, à toutes les douleurs" et "qu'il faut le faire dans de bonnes conditions". L'amendement se concentre uniquement sur le cannabis thérapeutique et non récréatif et il propose de faire entrer l'expérimentation dans le budget de la sécurité sociale.
L'expérimentation de l'usage médical du #cannabis, ce sera:
— Olivier Véran (@olivierveran) October 9, 2019
✅ 3000 malades
✅ sur prescription spécialisée
✅ pour des indications précises comme les douleurs de cancer
✅ pendant 2 ans avec évaluation
Tel est l'objet de mon amendement au #PLFSS2020 pic.twitter.com/y6bBJKGcnX
En effet, si l'amendement est voté, l'expérimentation concernerait 3.000 personnes et s'étendrait sur deux ans à partir de janvier 2020. Un délai qui peut paraître long pour certains patients mais qui est essentiel d'après la député. Son point du vue est partagé par le Dr Philippe du CHU de Tours : "On ne peut pas en vouloir aux patients de trouver que c'est long mais on ne peut pas non plus en vouloir aux autorités de santé de vouloir faire ça dans de bonnes conditions." Elle exerce au Centre d'évaluation de traitement de la douleur qui fera, elle l'espère, partie des centres de test.
Élargissement de l'accès au traitement
"Je trouve que c'est une avancée intéressante, confie le Dr Philippe. Mais il faut être prudent". Exerçant dans une unité très spécifique, elle bénéficie déjà du droit de délivrer du cannabis thérapeutique mais les conditions sont drastiques : les patients doivent venir chercher le traitement directement à la pharmacie de l'hôpital, une seule forme est utilisée (le THC) sous forme de marinol (non commercial) et on ne peut l'utiliser que dans le cadre d'une Autorisation temporaire d'utilisation (ATU). De plus, les médecins doivent faire une demande écrite auprès de l'Agence nationale du sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) à chaque nouvelle prescription. "Demain, il y aura probablement plus de souplesse", espère-t-elle.L'expérimentation permettrait notamment d'augmenter la gamme de molécules utilisées et ne serait plus exclusivement réservée au Centre d'évaluation de traitement de la douleur. Autrement dit, cela faciliterait l'accès au traitement. "On pourrait le proposer dans le cadre des soins palliatifs ou en neurologie et les différentes formes de produits permettraient de mieux cibler la douleur du patient."
La médecin tout comme la député appelle à la rigueur. "Je suis favorable sous réserve que l'on soit bien formés. Cela nécessite une observation extrêmement rigoureuse du patient, affirme Dr Philippe. Ce ne sera jamais un médicament de première intention, conclue-t-elle. C'est vraiment quand on n'a pas trouvé d'autres solutions".