Du 11 au 18 août, un lieu éphémère baptisé "Le village de la Loire" près de Mardié accueillera militants écologistes, habitants et opposants au projet de la déviation de Jargeau. L’idée est de croiser les regards sur la question avant de décider de la suite à donner au mouvement.

Installation de toilettes sèches, de douches, d’habitats légers type yourtes en bambous… A la lisière du bois de Latingy, à Mardié, un camp s’érige depuis le 5 août, pour devenir "Le village de la Loire" du 11 au 18 août. Il servira de lieu de rencontres et de réflexion sur la lutte contre la déviation de Jargeau.

A l’origine de ce camp qui se veut éphémère, un collectif informel baptisé Les Premières Pierres.

Alan, l'un des membres, explique l'origine de ce nom : "on pose juste les bases, les premières pierres d’un outil qui va permettre aux gens du coin d’avoir le débat public et la discussion qui n’a jamais eu lieu" sur la déviation.

 

Diminuer les nuisances liées au trafic

Pour rappel, le Conseil départemental du Loiret veut dévier le trafic de la RD 921 entre Jargeau et Saint-Denis-de-l’Hôtel. Le projet consiste en la création d'un pont et d’une route nouvelle à deux voies pour diminuer les nuisances liées au trafic et les embouteillages importants.

D’après le Département, ces travaux permettront "la sécurisation et l’apaisement des itinéraires existants afin d’améliorer le cadre de vie de la population des centres villes traversées".

 

Contre la déforestation du bois de Latingy

Mais cela fait plus de 20 ans que le doublement du pont de Jargeau fait débat dans le Loiret, comme le montre ce reportage de février 2016.
 
Cela fait 20 ans qu'il fait débat dans le Loiret. Le projet de doublement du pont de Jargeau est relancé. Le futur ouvrage a pour objectif de réduire les nuisances liées au trafic routier. Mais ses opposants prônent des solutions alternatives. ©France 3

Des opposants, comme l’association historique Mardiéval, se battent toujours pour empêcher la réalisation du projet, mettant en avant des risques pour l'environnement comme ceux invoqués dans le rapport du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) de 2017.

C’est justement une rencontre entre Mardiéval et des personnes du collectif Les Premières Pierres en mars qui a donné naissance au camp. "Le bois de Latingy à côté duquel se trouve le village risque d’être défriché, comme l'a été le bois des Comtesses l’année dernière", se souvient Alan.

Mardiéval voulait nationaliser cette question et a contacté des personnes du collectif qui participe à une revue, Terrestres, pour écrire un article.

"C’est dans ce cadre-là qu’on s’est dit que cela pouvait être intéressant d’amener une autre forme de lutte, en investissant davantage les lieux", se souvient Alan.


Que se passera-t-il du 11 au 18 août ?

Dans le programme visible sur le site du village, les premiers jours sont intitulés "Se Rencontrer" et "(Se) Construire". C’est "un premier temps où les gens s’approprient les lieux, détaille Alan, pour mettre en place le fonctionnement quotidien d’un camp autogéré."

Un camp fait uniquement avec des matériaux de récupération. "Même les légumes, on essaye de récupérer les invendus dans les Biocoop, chez les maraîchers, etc."

Une fois le camp autogéré, Les Premières Pierres veulent ensuite s’effacer. Ils espèrent à ce moment-là accueillir une cinquantaine de personnes.

A partir du jeudi 15 août, des assemblées, tables rondes, conférences seront organisées pour "lutter contre le pont et son monde", "pour pouvoir discuter de tout ce qui va avec le pont, pourquoi il y a autant de camions à Jargeau ? Est-ce que faire un autre pont c’est vraiment une solution ?"
 
 

Décision commune le 18 août

"L’idée, assure Alan, c’est que le village soit un temps de construction de cette lutte et de créer du lien entre les habitants de Mardié, de Saint-Denis-de-l’Hôtel, de Jargeau, d’Orléans et même plus largement du bassin versant de la Loire."

Enfin, le dimanche 18 au matin, il y aura une assemblée pour décider de la suite à donner à ce village et à cette lutte. "Après une semaine à réfléchir, à vivre ensemble à habiter ces lieux, à ce moment-là on sera plus intelligent collectivement pour décider de ce que l’on doit faire."

 

Filiation avec les gilets jaunes

Quand on leur pose la question d’un lien avec le mouvement des gilets jaunes, Alan s’inscrit dans une filiation. "Dans les Premières Pierres, on vient de différentes formes de militantisme et on a tous été interpellé par la séquence politique de l’automne avec les gilets jaunes et le mouvement climat", avoue Alan, "et par les difficultés à se rencontrer, à réfléchir ensemble, à trouver des formes d’alliances".

"On s’est dit qu’une lutte locale qui mêle des questions sociales et écologiques pouvait être une façon de faire ce lien", conclue-t-il
 

Accord des propriétaires et des chasseurs

Mais à la différence des gilets jaunes, ils ne risquent pas d’être expulsés : ils affirment occuper un terrain privé que leur ont prêté les différents propriétaires des parcelles qui jouxtent le bois de Latingy, comme le montre cette carte. C'est là que le département veut faire passer la déviation.
Par ailleurs, une première réunion publique d'information aura lieu au stade de la Binette, à Bou, ce samedi 10 août à 18h.
 
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