En juin, l'ambassadeur Zhai Jun avait rendu une huitième visite à Montargis. Lu Shaye, son successeur à l'ambassade de Chine en France, est à son tour en pélerinage dans cette ville emblématique de l'amitié franco-chinoise.
Une visite codifiée, classique et sans doute aseptisée. A la suite de son prédecesseur, Zhai Jun, le nouvel ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, fait lui aussi sa visite de courtoisie à la Venise du Gâtinais ces 26 et 27 août. Montargis a une place dans l'histoire officielle de la Chine : dans les années 1920, des centaines de jeunes chinois y arrivent pour travailler et y découvrent le Marxisme et le communisme.
Le souvenir de Tian'anmen
Le circuit commencera à 14h par la place Deng Xiaoping, inaugurée en 2014. L'étape semble évidente et anodine, mais elle comporte en elle-même sa charge polémique. Car depuis juin, les manifestations ont repris a Hong-Kong, territoire indépendant sur lequel la Chine cherche à accroître son emprise. Ces derniers jours, la tension est encore monté d'un cran : manifestants éborgnés, usage de canons à eau et tirs de sommation...
Quel rapport avec la visite de la place ? Deng Xiaoping, qui faisait partie de ces jeunes travailleurs chinois arrivé dans les années 20, a été le premier secrétaire du parti communiste chinois, puis président de la Chine de 1978 à 1992. Il est aussi celui qui a brutalement réprimé le très célèbre soulèvement de la place Tien'anmen, en 1989. En juin dernier, le monde a commémoré les 30 ans du massacre des étudiants protestataires, qui aurait fait jusqu'à 10 000 victimes.
François Cormier-Bouligeon, député de la région, avait d'ailleurs soutenu un texte appelant la Chine à "ouvrir le dialogue" à Hong-Kong.
Notre réaction sur les événements à #HongKong avec @JFCesarini et plusieurs autres collègues députés @LaREM_AN@leberry_fr @wvdk @fra_si @FB_Berry @RCFenBerry @F3Centre https://t.co/aeK11WacuR
— F Cormier Bouligeon (@FCBDeputeduCher) 11 août 2019
La diplomatie du panda
L'officiel Lu Shaye passera ensuite rendre visite aux investissements chinois dans la région. D'abord, le musée de l'amitié franco-chinoise, inaugré en 2016 et dans lequel la Chine a elle-même investi 1 million d'euros. Avant de faire un coucou à un autre symbole chinois, devenu emblématique de la région : les panda du zoo de Beauval.
Yuanzi et Huan Huan, qui ont depuis donné naissance à un bébé panda, Yuan Meng, sont un prêt de la Chine au zoo français, à l'occasion du G20 de Cannes, en 2012. Cette arrivée s'inscrit dans une démarche politique que la Chine a inauguré dans les années 1940, surnommée "la diplomatie du panda". Emblème national, le panda est devenu un symbole d'entente politique lorsqu'il est offert ou prêté à une puissance étrangère.
Grâce à ces pandas, le nombre d'entrées au zoo de Beauval est passé en moyenne "de 600.000 à 1 million d’entrées" chaque année.
Les châteaux de la Loire, un marché en développement
Le mardi, Lu Shaye est invité à visiter le château royal d'Amboise, ainsi que le Clos-Luce et enfin le château de Chambord, trois monuments au coeur des célébrations des 500 ans de la Renaissance, festivités massivement dédiées au génie Léonard de Vinci.
Là encore, le symbole économique est bien présent. Car les touristes chinois sont une clientèle que les châteaux de Loire essaient activement de capter, notamment avec la création du label "Val de Loire Romantique pour les touristes chinois", en 2013. C'est à ce moment-là que le château d'Amboise a commencé à proposer des mariages scénariés sur son domaine.
Autre label couru, le label "Accueil des touristes chinois" qui certifie un accueil adapté aux ressortissants de la république populaire, en les guidant pour leurs transports, leurs loisirs ou encore leur shopping. La région Centre a mis en place, pour eux, "une offre régionale capable de répondre (châteaux, romantisme, oenotourisme…) aux attentes d’une clientèle à fort potentiel". L'année dernière 11 château de la Loire et 5 offices de tourisme, ainsi que le zoo de Beauval, se sont associés pour apparaître sur les principaux réseaux sociaux chinois, Sina Weibo et WeChat.
Avec ces étapes, comme autant de preuves de l'influence économique de la Chine, l'ambassadeur chinois sera sans doute à l'abri des polémiques.