Professeure de philosophie au lycée Voltaire d'Orléans, Laurence Lacroix juge "passionnants" les sujets de philosophie du baccalauréat, cuvée 2023. Les épreuves ont eu lieu ce mercredi 14 juin 2023 pour 18 493 lycéens en Centre-Val de Loire.
Épreuve reine ou épreuve redoutée, la philosophie est, chaque année, la matière la plus suivie et commentée lors du baccalauréat. Ce mercredi 14 juin, 18 493 lycéens des filières générale et technologique ont affronté les énoncés de dissertation et de commentaire pour tenter de valider leur bac 2023.
Au menu des dissertations : de l'art, de la politique, de l'écologie, et du bonheur. Des thématiques que Laurence Lacroix, professeure agrégée de philosophie au lycée Voltaire d'Orléans, décortique pour France 3 Centre-Val de Loire.
"Le bonheur est-il affaire de raison ?" - Filière générale
Pour la professeure, "le bonheur a l'avantage d'être l'affaire de tous, on est dans le rapport personnel, tout le monde a le désir d'être heureux". Si bien que ce sujet lui semble être le plus facilement appropriable par les candidats au bac. "Un élève peut penser ses propres expériences, son propre mode de raisonnement par rapport à la manière par laquelle il espère vivre."
Et aussi de tirer des enseignements et des réflexions de "l'observation de ceux qui l'entourent, leur façon d'être heureux ou pas". Car "très souvent, un sujet sur le bonheur, c'est un sujet sur le malheur et comment l'éviter". Bref : voilà des questionnements "auxquels les jeunes de 18 ans sont sensibles, parce qu'ils ont la vie devant eux".
"Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?" - Filière générale
À l'inverse du bonheur, qui s'inscrit dans une démarche personnelle, la question de la paix "est beaucoup moins existentielle et beaucoup plus politique", explique Laurence Lacroix. Penser la paix demande, selon elle, "d'être citoyen, d'avoir une réflexion via la volonté générale". C'est donc un sujet "plus lourd" pour lequel "il faut avoir des connaissances, pouvoir citer des auteurs pour rendre la question pertinente".
Il s'agit ici, pour elle, de problématiser : "Peut-on vouloir la paix à tout prix ?", lance la professeure. Et, à l'inverse, "peut-on avoir une justice qui met en place des limites qui font que, à certaines conditions, une paix est impossible". Mener ces questionnements à leur bout demande, selon elle, "un grand courage intellectuel, et c'est passionnant".
"L’art nous apprend-il quelque chose ?" - Filière technologique
"On est toujours sensibles aux sujets qui portent sur l'art, parce qu'ils nous emmènent vers la créativité", note Laurence Lacroix. Pour elle, la question posée ici est : "L'art est-il désintéressé, l'art pour l'art, ou est-il lié à la connaissance ?" La finalité de l'art est-elle "simplement de plaire" ou bien "de nous ouvrir sur une autre dimension".
La professeure estime ainsi que, "dans un monde d'apparences, l'art pourrait permettre de saisir quelque chose qu'on ne verrait pas autrement". C'est ce qui, selon elle, peut rendre l'art "très violent". Encore une fois, il s'agit là d'un sujet hautement personnel, sur la place que chacun apporte à l'art : "périphérique et accessoire, ou centrale et essentielle".
"Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?" - Filière technologique
Comme pour le sujet sur la paix, voici un questionnement hautement politique. Avant tout, Laurence Lacroix voit la transformation de la nature comme "une optique de l'air technicienne". Soit "maîtriser la nature, la mettre à la main de l'Homme, l'humaniser". Ce qui revient, donc, à "être moins soumis au déterminisme naturel, et donc assurer notre liberté".
Cependant, à l'heure actuelle, la maîtrise de la nature peut se retourner contre l'espèce humaine, "et mettre la survie de l'espèce en danger". Le sujet permet donc "de penser les enjeux contemporains, ce qui en fait un très beau sujet".