Cannes 39 : quel film de la sélection aurait pu obtenir la palme d'or ? Un jury lycéen pour un prix jeune public

Le festival Cannes 39, relancé cette semaine à Orléans, est celui qui n'a jamais eu lieu à cause de la guerre. Des 25 films en compétition, quels sont les favoris pour remporter le Grand prix Jean Zay ? Quinze lycéens de la région délivreront leur palme d'or au nom du jeune public.

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Le Festival de Cannes 1939 aura aussi sa palme d'or jeune public grace à un jury lycéen. Quinze jeunes issus des lycées de l'Académie Orléans-Tours ont intégré le festival en visionnant 12 films de la programmation. Leur mission est de débattre chaque jour des films pour finalement décerner leur palme d'or. Un collectif d'adolescent qui arpentent les salles de cinéma et partagent leur point de vue.


Si les films en compétition en 1939 sont trés éloignés des standarts du cinéma d'aujourd'hui, de la télévision ou d'internet, les éléves replongent dans les années d'avant-guerre grace à ces vieux films en noir et blanc.
Point de vue lycéen avec Jeanne Bartolli, élève de terminale au lycée Jean Zay d'Orléans et Jean-Marie Genard, professeur. ©France Television

Responsable pédagogique et cinéma des rendez-vous de l'Histoire de Blois, Jean-Marie Genard, accompagne le groupe de lycéens à travers le festival. Présent à leur côté durant les projections et leurs débats, il constate leurs réactions dans cet univers cinématographique d'avant-guerre : "La dimension d'un festival des nations libres est quelque chose qui les a touchés. Ces jeunes reprennent vraiment à leur compte le message politique de Jean Zay avec leurs préoccupations d'aujourd'hui".

Une journée lycéenne

Vendredi 15 novembre 
            8h45 : Départ du Lycée Charles Péguy pour les non-orléanais avec bagages
            9h30 : Cinéma Les Carmes : Projection de L’enfer des anges, de Christian-Jacque
12h15  : Déjeuner au Lycée Jean Zay 
13h30 : moments d’échanges et de délibération  au lycée Jean Zay
14h30-15h30 : rencontre avec Amos Gitai, président du jury et éventuellement d’autres membres du jury, au lycée Jean Zay
            16 h : Salle Vitez : Projection de Au revoir, Monsieur Chips, de Sam Wood
            19h30 : projection de l’avant-première J’Accuse
            22h10 : Dîner festif à la pizzéria

Quatre film en un aprés-midi


Élève de terminale, Elsa Brosseau, trouve un peu épuisant l'enchaînement des films, débats et rencontres. Elle se souviendra des 4 films vus dans un seul après-midi durant ce festival et s'enrichit des échanges avec ses camarades. Un rythme qui ne l'empéche pas d'apprécier la richesse de l'expérience "On plonge vraiment à fond dans ce festival. S'il m'arrive de voir des vieux films, j'avoue que, de moi-même, je n'aurai jamais été voir tous ces films de l'époque. Là, j'ai pu voir des films soviétiques, que franchement, de moi-même, je ne serai jamais allé voir. Mais au final, je suis très contente de les avoir vu".

Il faudra attendre la remise officielle des prix ce samedi soir pour connaitre le choix des lycéens. Un prix jeune public de 2019 qui sera décerné à un film de 1939, un décalage dans le temps qui pourrait démontrer que l'oeuvre cinématographique traverse le temps et les générations.

     Un festival alternatif voulu par Jean Zay


En septembre 1939, il y a 80 ans, la ville de Cannes aurait dû accueillir la première édition du célèbre festival international du cinéma. A l'époque, c'est le ministre de l'Education nationale Jean Zay qui portait ce projet. Les organisateurs souhaitaient proposer une alternative à la Mostra de Venise qui venait de donner un prix à un film documentaire nazi. 

Mais ce Festival de Cannes 1939 et sa trentaine de films en sélection officielle n'aura finalement jamais lieu, la faute à la Seconde Guerre mondiale, qui retardera de quelques années cet ambitieux projet porté par le ministre orléanais.
 
Cannes 39 se voit pourtant ressuscité à partir de ce mardi 12 et jusqu'au dimanche 17 novembre à Orléans. Au programme, 25 films en compétition pour une récompense : le Grand prix Jean Zay. La palme d'or, elle, n'a été créée qu'en 1955 pour la huitième édition du Festival. Petit éventail de ces films qui auraient pu décrocher le premier sésame cinématographique cannois en 1939. Lequel la remportera en 2019 ? 
 
  • Monsieur Smith au Sénat

Chef d'oeuvre du réalisateur américain Frank Capra, Monsieur Smith au Sénat s'inscrit dans une lignée de cinéma dit "populiste". Le film met en vedette la star James Stewart en jeune idéaliste propulsé au Sénat américain. L'occasion pour le jeune homme de mettre son grain de sable dans la machine politique bien huilée et manipulatrice de Washington.

Un film efficace et admirablement mis en scène par le maître Capra, déjà très respecté en 1939. Grand coup de pied dans la fourmilière américaineMonsieur Smith au Sénat part comme l'un des favoris pour le Grand prix.  
  • Le Magicien d'Oz

Le Magicien d'Oz fait partie de ces rares films octogénaires à toujours imprégner la culture populaire, y compris en dehors des Etats-Unis. L'aventure enchanteresse de Dorothy et ses amis le long de la route de briques jaunes à travers le pays fantastique d'Oz a amusé petits et grands depuis sa sortie.

Porté par une musique cultissime, Le Magicien d'Oz mise tout sur l'émerveillement et l'évasion. Assez pour embarquer le jury cannois ? 
  • La Grande Parade de Walt Disney

La Grande Parade est une succession de quatre courts-métrages de Walt Disney. Au programme, une aventure de Mickey inspirée du conte populaire allemand Le Vaillant Petit Tailleur repris par les frères Grimm, ainsi qu'une balade marine de Donald accompagné de ses neveux Riri, Fifi et Loulou. Le programme est complété de deux "silly symphonies" ou "symphonies idiotes", mettant en scène et en musique l'éveil d'une cour de ferme et une adaptation du conte Le Vilain Petit Canard d'Andersen.

Deux ans après la sortie du révolutionnaire Blanche-Neige, Walt Disney ne propose rien d'inédit avec cette sélection mais offre une pause ludique au Festival. 
  • Pacific Express

1939 est l'année de la postérité pour le genre du western. Alors encore considérés comme un style de série B, les films sur la conquête de l'Ouest se font une nouvelle jeunesse grâce à l'arrivée sur le marché de succès publiques et critiques aux budgets conséquents. C'est le cas de Femme ou démon, des Conquérants mais surtout de La Chevauchée fantastique de John Ford. Pacific Express de Cecil B. DeMille prend place dans cette veine anoblie des westerns, et met en vedettes Barbara Stanwyck et Joel McCrea.

Le "jury 1939", présidé par Jean d'Ormesson en 2002, avait déjà choisi de décerner la palme d'or rétroactive à Pacific Express.
 
  • Seuls les anges ont des ailes

Seuls les anges ont des ailes, c'était la promesse d'un défilé de stars hollywoodiennes plus prestigieuses les unes que les autres : l'incontournable Cary Grant, Jean Arthur (également à l'affiche de Monsieur Smith au Sénat) ou encore Rita Hayworth. Et même si ces légendes d'Hollywood ne fouleront pas le tapis rouge d'Orléans, Seuls les anges ont des ailes réserve aux spectateurs un joyeux mélange de romance et d'aventure, mis en scène avec fougue par Howard Hawks.

Reflet de son époque, le film abuse de clichés sexistes. Assez peut-être pour rebuter le jury 2019, mais qui n'auraient pas découragé le jury 1939. 
  • L'Homme du Niger

Impossible pour L'Homme du Niger de remporter la palme d'or 2019. Le film est un éloge du colonialisme et de ce qu'il présente comme ses "bienfaits" sur les populations africaines dans les années 1930. Il met en scène des colons décrits comme altruistes, dévoués au sort des colonisés. Une fable patriotique sur la France et son empire colonial, apparaissant comme nécessaire pour les colonisés et symbole de la puissance française.

Le film aurait certainement rencontré un vif succès en 1939, alors que le pays est en manque de foi patriotique face à la montée des fascismes. Un long-métrage révélateur à ne surtout pas regarder sans une certaine distanciation.
 
  • La Grande Solution

Ce film n'expose peut-être pas la meilleure mise en scène, ni le scénario le plus consistant. Mais La Grande Solution d'Hugo Haas est un symbole de son époque. Son tournage s'est bouclé en 1938 à Prague, capitale de la Tchécoslovaquie, peu avant l'annexion des Sudètes par l'Allemagne nazie. Le film dépeint le destin du dictateur belliciste d'un pays fictif, dont les hommes tombent un à un malade d'une mystérieuse "peste blanche" dont le seul remède est... la paix.

A mi-chemin entre les Rhinocéros de Ionesco et Le Dictateur de Chaplin, La Grande Solution est le témoin d'une époque torturée. Autant que l'annonciateur quelque peu naïf des troubles alors à venir. 
 
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