Fleury-les-Aubrais : l'IGPN saisie après une interpellation violente sur les quais de la gare

Un homme a été blessé au bras lors d'une interpellation ayant débuté dans un train en quai à la gare de Fleury-les-Aubrais. L'IGPN a été saisie pour faire la lumière sur les circonstances de cette arrestation, qui a choqué les passagers et dont les vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux.

L'IGPN a été saisie ce mercredi 16 septembre après l'arrestation mouvementée d'un homme en gare de Fleury-les-Aubrais dans l'après-midi du 15 septembre. Un Anglais de 42 ans, voyageant sans masque et sans titre de transport à bord d'un train à destination de Toulouse, devait faire l'objet d'un contrôle d'identité de la part de deux agents de police.

Une poignée de minutes plus tard, des vidéos réalisées par les passagers du train montrent les derniers instants de l'intervention. L'homme interpellé gît menotté, dans une mare de sang, tandis qu'un des deux agents de police semble lui donner des coups de pied au niveau de la tête.
 

 

Blessé au bras et au visage, l'individu a été hospitalisé le jour-même puis placé en garde à vue. "C'est une intervention qui a mal tourné" pour le syndicat policier Alliance, qui explique que les deux policiers ont été appelés par la SNCF pour contrôler un individu "virulent et vociférant".
 

Des témoignages divergents

"Ils ont fait le nécessaire pour l'évincer du train", poursuit le syndicat. L'homme a ensuite sorti un couteau suisse et tenté, selon les policiers, de poignarder un des deux agents à l'abdomen. "Nous considérons cela comme une tentative de meurtre", affirme le syndicat Alliance, qui soutient "à 200%" les agents de police.

Pourtant, les témoignages des passagers du train, dont ceux qui ont publié les vidéos de l'intervention sur les réseaux sociaux, mettent en lumière certains détails qui divergent de la version policière. Il est environ 15h40 ce mardi 15 septembre lorsque l'Intercités Paris-Toulouse 3645 s'arrête en gare de Fleury-les-Aubrais. Pendant que le train est à l'arrêt, deux policiers montent à bord afin de contrôler l'identité d'un homme voyageant sans titre de transport sur le siège numéro 8 de la voiture 17.

Les deux agents s'approchent d'un homme âgé d'une quarantaine d'années. "Il avait enlevé ses chaussures pour dormir" se souvient Clémence*, une passagère occupant avec son compagnon les sièges 13 et 14. "Il les avait posées sur son sac", un gros sac de randonnée de marque Quechua. Monté à Austerlitz sans masque, ni titre de transport, il est contrôlé par le personnel de la SNCF, qui fait appel aux forces de l'ordre pour contrôler son identité.

Le plus jeune des deux agents de police semble déjà "très agité" lorsqu'il monte dans le train, rapporte Pierre, un autre passager installé à trois rangées de là, qui a également transmis à France 3 une copie de son signalement auprès de l'IGPN. "Il y avait déjà de l'animosité de sa part en fait, ça se voyait qu'il était déjà énervé."
 

"Let me take my bag !"

Les deux policiersdépassent Pierre et interpellent le contrevenant, qui ne parle pas un mot de français et donne, selon Alliance, des signes "d'ébriété". "Il est où ton masque ?", demande le jeune policier, dont les propos sont rapporté par le jeune homme. L'individu répond qu'il a du mal à respirer avec. "Il y a écrit quoi là ?", relance l'agent en désignant son gilet. "Y a marqué 'Police', il y a pas marqué 'assistante sociale', tes problèmes j'en ai rien à foutre !"

Clémence* et son compagnon, comme le reste du wagon, remarquent aussi que le ton commence à monter. "On s'est retournés pour regarder au moment où le plus jeune des deux policiers a commencé à avoir des propos complétement déplacés envers ce monsieur", raconte-t-elle. "Il lui a dit 'T'es en France ici, t'es pas dans ton pays, donc maintenant du bouges et tu fais ce qu'on te dit !' Nous ce qu'on a entendu, c'est que le monsieur a juste insisté pour aller jusqu'à la gare de Châteauroux."

L'homme résiste à l'interpellation, sans violence d'après les témoins, mais en s'agrippant fermement à son siège. "Il criait 'let me take my bag'", se souvient le compagnon de Clémence. "Laissez-moi prendre mon sac !" Pour finir, les policiers lui font une clé de bras et l'emmènent de force à l'extérieur.
 

Une blessure auto-infligée selon la police

Selon Pierre, c'est à ce moment que survient la blessure au bras. "Je pense qu'en voulant se retenir au siège il a dû se péter le bras, ça a fait une fracture ouverte", explique-t-il, décrivant un "gros trou au niveau du poignet" aperçu dans le feu de l'action. En revanche, pour les sources policières, c'est de lui-même que l'homme s'est blessé, en tentant de poignarder l'un des agents à l'aide d'un couteau suisse.

L'interpellation se poursuit sur le quai de la gare, juste en face du wagon où se trouvent plusieurs dizaines de témoins, dont Pierre et Clémence*. "Quand je l'ai revu sur le quai, il avait le bras ouvert, avec un couteau dans la main", raconte Pierre. "Le couteau était dirigé vers le bas, à aucun moment je ne l'ai vu être pointé vers un policier ou un passager."

C'est à ce moment, pour les témoins, que le plus jeune des agents de police met en joue l'individu à l'aide de son pistolet en lui intimant de lâcher l'arme. "A la première sommation il a lâché son couteau", décrit Pierre. "Il les a un peu invectivés : quand il a lâché le couteau par terre, il a regardé le policier qui l'avait mis en joue, et en gros il a montré son front, comme pour lui dire 'si tu tires, tire là et te loupe pas'. Et après ça il s'est mis au sol."
 

Des coups de pieds sur le quai de la gare

C'est à ce moment que le récit des différents témoins rejoint les vidéos abondamment partagées sur les réseaux sociaux, qui ne montre "que la fin de l'intervention" selon les sources policières. Son arme toujours en main, le plus jeune des deux policiers s'approche du contrevenant tandis que son collègue lui appose une pression sur le bas du dos pour le menotter.

Le policier toujours debout semble alors poser son talon sur la tête de l'homme, qui remue avant de subir plusieurs coups de pieds au niveau de la tête sous les regards horrifiés des passagers. Une autre vidéo montre l'homme, à plat ventre et menotté dans une mare de sang. Pierre affirme qu'il voit deux blessures "au niveau de l'arcade sourcilière et du cuir chevelu". Une information démentie par Alliance, qui insiste sur le fait que les coups de pieds de l'agent sont dirigés vers la main du suspect.

Les investigations de l'IGPN, qui viennent de commencer, doivent faire la lumière sur les circonstances de cette interpellation. Le syndicat policier, lui, se dit favorable à l'enquête, attendant "avec sérénité" ses conclusions tout en attribuant au "manque d'effectif" le fait que l'interpellation ait dégénéré. L'homme interpellé, lui, est sorti de l'hôpital et se trouve toujours en garde à vue.
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