"J'appelle madame la ministre à agir", les joueuses d'Orléans rétrogradées par leur président tentent le tout pour le tout

Les joueuses de football d'Orléans jouaient leur dernier match de la saison face à Strasbourg au stade d'honneur de la Source. L'occasion pour elles de se faire entendre, deux jours après l'annonce du président de l'USO de rétrograder l'équipe.

Les mots sont forts, les espoirs aussi. Avant d'affronter Strasbourg dans leur dernier match de la saison, les joueuses de l'US Orléans ont choisi de prendre le micro. Les témoignages médiatiques étaient jusque-là anonymes. Manmata Traoré s'en remet désormais à l'Etat "j'appelle la ministre des sports à agir". Mais aussi à Jean-Michel Aulas, nommé président de la Ligue professionnelle féminine. Les visages des joueuses sont fermés, les visages rougis par l'émotion. 

Une équipe "détruite" par son président

Les deux équipes ont finalement décidé de ne pas jouer la première minute de la rencontre, laissant place à 60 secondes de silence. Les maillots des Orléanaises étaient aussi marqués d'un adhésif rouge, qui barrait le blason du club. 

Les Strasbourgeoises sont leader du championnat, et atteindront le plus haut niveau du football français l'an prochain, en D1.

La presse en parlait depuis plusieurs jours, les Orléanaises voulaient en avoir le cœur net : quid du budget pour leur équipe à la saison prochaine ? Sollicité par les joueuses, Cyril Courtin, président depuis avril annonce la couleur vendredi 24 mai "les filles, je ne suis pas le père noël, je n'ai pas d'argent à injecter dans la section" se souvient Manmata Traoré. 

Le combat est bien au-delà du football. Je n'ai pas l'habitude de parler contre mon patron, mais là on est obligé. Il va à l'encontre même de la femme dans son essence même, et de la sportive.

Namnata Traoré, joueuse de l'US Orléans

Le nouveau propriétaire et président du club souhaite faire rétrograder l'équipe au niveau D3 et assure ne pas souhaiter sa disparition. La manipulation semble pourtant compliquée, puisque les joueuses s'étaient maintenues en D2. "On a été détruites" insiste Mariane Amaro, la capitaine de l'équipe. 

Sans kinésithérapeute, sans entraîneur pour les gardiennes et en préparant leur propre pique-nique pour les déplacements, la performance tenait de l'exploit mais leurs efforts n’ont pas suffi. 

Arguments budgétaires 

Le club Orléanais justifie sa décision sur son site internet : "L’USO ne peut malheureusement pas supporter les charges financières de deux clubs professionnels, masculin et féminin". "On est vingt-deux professionnelles, vingt-deux pour qui c'est notre métier, on vit de ça, qu'est-ce qu'on devient ?" se questionne alors Manmata Traoré. 

"Ce sont des arguments qu'on entendait il y a 10 ou 15 ans mais on ne peut plus l'entendre aujourd'hui. On a besoin de montrer aux jeunes filles qui vont faire du sport tous les week-ends, qu'il y a des débouchés" souligne de son côté Baptiste Chapuis, conseiller Départemental du Loiret, venu assister au match.

Plus on investira, plus il y aura de sponsors. C'est un cercle vertueux. Ça fait 10 ans qu'on le sait. Mais à Orléans on a l'impression qu'on est complètement décalé de ça.

Baptiste Chapuis, conseiller Départemental du Loiret

Selon l'élu, aucune demande de subventions supplémentaires n'a été faite auprès des institutions "Si la Région, le Département, la Mairie, avaient été contactés en disant 'attention, la division féminine est en difficulté', là j'aurais compris". 

L'association qui fait évoluer l'équipe prend un sérieux coup avec cette annonce, puisque président, vice-président et trésorier décident de démissionner. "Le problème c'est qu'on n'est pas du tout aidés par les collectivités territoriales. La mairie donne 1,5 million au basket, 300 000 pour l'USO, dont seulement 39 000 pour l'association" se désole le président Philippe Boutron. 

Une inspiration pour les futures professionnelles 

Parmi les messages que les joueuses souhaitent faire passer, il y a ceux aux jeunes footballeuses. "Continuez de vous battre, continuez de jouer, continuez de progresser" leur adresse la capitaine Mariane Amaro "continuez surtout de vous battre surtout pour vos droits et vos idées". 

Ne laissez personne vous faire douter de votre valeur ou vous manquer de respect et porter atteinte à votre dignité.

Mariane Amaro, capitaine de l'équipe féminine de l'USO

"Vous avez autant de valeur que les hommes !" lance un supporter masculin. Le match s'est soldé par un 0-0. Les Strasbourgeoises sont leader du championnat, et atteindront le plus haut niveau du football français l'an prochain, la D1, future Première Ligue. Les Orléanaises restent quant à elles sur la touche. 

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