Le LOAC, invention issue du CNRS d'Orléans, a fait parler de lui en septembre dernier pour ses analyses sur la qualité de l'air dans le métro parisien. Le petit outil est destiné à prendre de la hauteur et devrait être envoyé prochainement dans l'espace par la NASA.
Quelques cartes électroniques, une dizaine de fils et un étroit tuyau d'une quinzaine de centimètres. La petite machine n'a l'air de rien. Pourtant, le "Light Optical Aerosols Counter" (à traduire par "Compteur d'aérosols optique léger"), aussi appelé LOAC, a fait du chemin. Depuis sa première sortie en 2013, l'engin portatif a été envoyé en Islande, en forêt tropicale ou encore en Italie, sur les pentes de l'Etna...
A chaque fois le même objectif : étudier la diffusion des particules, et, par conséquent, la qualité de l'air. L'appareil ne pèse pas les particules comme un capteur classique, mais les compte. Le dispositif atteint ainsi une précision inédite et analyse des éléments qui atteignent 0,2 micron.
Dans son discret bureau du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) d'Orléans, Jean-Baptiste Renard planche sur le LOAC depuis une dizaine d'années. Le directeur de recherche en est le créateur et a vu son invention partir aux quatre coins du monde... Et même dans les transports parisiens.
En septembre dernier, l'association Respire publiait une étude sur la qualité de l'air aux abords des quais du RER et du métro. Les analyses générées par le LOAC permettent de mettre en lumière une pollution jusqu'à dix fois plus importante qu'à l'extérieur. L'instrument passe tout au peigne fin : la poussière de ballast, les particules métalliques liées au freinage des navettes, la pollution extérieure qui s'engouffre dans les dédales du réseau...
Des études accablantes et quelques critiques
Le LOAC met en avant des chiffres impressionants : entre 300 et 800 millions de particules fines/m3 résideraient dans une station de RER comme celle de la Gare de Lyon. Mais du côté de la RATP, on pointe du doigt le sérieux de cette étude : les engins portatifs ne donneraient pas des relevés assez fiables, selon la régie des transports parisiens.Ce n'est pas la première fois que le dispositif fait l'objet de critiques : "Sortir des conclusions pareilles attire toujours quelques reproches ou suscite la jalousie de certains confrères scientifiques", regrette, non sans sourire, Jean-Baptiste Renard.
Le chercheur se rappelle d'un des premiers gros coups du LOAC. En novembre 2014, le CNRS organise une conférence de presse au Ballon de Paris, où est suspendu un appareil à l'année pour mesurer la qualité de l'air extérieur à Paris :
Nous avions expliqué que respirer dans la capitale lors d'un pic de pollution était l'équivalent de la teneur en particules d'une pièce de 20 m2 où se trouvent 8 fumeurs. La comparaison n'a pas été appréciée par tout le monde, même dans le milieu scientifique.
De l'air à l'espace
Malgré les critiques, le LOAC continue son ascension. Le CNRS d'Orléans et l'équipe de Jean-Baptiste Renard ont même été approchés par la NASA (l'agence gouvernementale qui est responsable de la majeure partie du programme spatial civil des États-Unis) pour différents programmes. Le chercheur aborde avec précaution ces futurs projets. Pour cause, ils prendraient date sur les trois - voire quatre - prochaines décennies. Mais l'objectif final serait d'envoyer le LOAC sur des sondes en partance pour Vénus, Uranus ou Neptune afin d'analyser la composition de leurs nuages : "C'est extraordinaire de faire partie d'une telle collaboration scientifique", se réjouit-il avant de poursuivre : "Aucun vaisseau ne s'est encore déplacé aussi loin dans l'espace. Pouvoir faire partie d'une grande première scientifique serait quelque chose de très grand !"