La recherche scientifique des traitements contre le VIH progresse, la qualité de vie des patients aussi, mais la pandémie de Covid a fait chuter le nombre de dépistages. Faut-il s'en inquiéter ?
Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus humain sexuellement transmissible qui affaiblit le système immunitaire et qui, s'il n'est pas traité, est responsable du sida. Il touche 150 000 personnes France.
En 2021, 5000 nouvelles infections ont été détectées, un chiffre stable par rapport à l'année précédente.
Une épidémie qui stagne ?
Un chiffre encourageant ? Pas vraiment : "On ne peut pas interpréter ces chiffres à cause de la pandémie de Covid", réagit Thierry Prazuck, infectiologue au CHR d'Orléans, interrogé dans l'émission À Votre Avis sur France 3 Centre-Val de Loire.
La pandémie de Covid a fortement influé sur le nombre de dépistages du VIH, surtout en 2020. Les confinements successifs ont rendu plus difficiles les accès aux différents de lieux de dépistage. Leur augmentation de 8% entre 2020 et 2021, annoncée par Santé publique France, est donc en trompe-l'œil. Elle n'a d'ailleurs pas permis de rattraper les niveaux d'avant crise.
En 2022, dans la région Centre-Val de Loire, 3100 personnes environ sont infectées par le VIH et 1000 à 1200 sont infectées sans le savoir. C'est ce que l'on appelle des cas de VIH cachés : "C'est beaucoup pour la région et ça augmente. C'est aussi ces personnes-là qui vivent avec le VIH sans le savoir, qui n'ont pas été dépistées, qui continuent potentiellement de contaminer d'autres personnes", réagit Catherine Aumond, présidente de l'association des Aides en région Centre.
D'ailleurs, la région Centre-Val de Loire est la seconde région de France avec le plus fort taux de tests Sida positifs derrière l'Île de France.
Où en est la recherche ?
"Continuer la recherche est primordial", selon Catherine Aumond. Il est aussi important de se servir de tous les outils disponibles. Le dépistage doit être plus utilisé pour, d'une part, soigner au plus tôt les personnes atteintes du virus et d'autre part, éviter que ces personnes en contaminent d'autres.
Concernant un vaccin ou un traitement curatif, "les patients nous le demandent régulièrement", selon l'infectiologue Thierry Prazuck du CHR d'Orléans, mais "on n'a pas encore vraiment d'espoir".
En attendant le vaccin, Catherine Aumond se veut rassurante sur les traitements disponibles. "Ils sont très efficaces et ont bien évolué".
Mais des efforts restent à faire sur la discrimination et la stigmatisation des personnes infectées : "C'est encore très dur de dire à ses proches que l'on est séropositif. Certains ne le disent à personne, ni à leurs enfants ou à leurs compagnons".
"Dépistez-vous !"
Pour Catherine Aumond, cette journée mondiale de lutte contre le SIDA est donc d'autant plus importante pour sensibiliser la population : "Aujourd'hui, vivre avec le VIH est possible. Dépistez-vous pour enrayer cette épidémie !"