Depuis sa création en 2015, la cellule de prévention de la radicalisation mise en place par la ville d'Orléans a suivi une vingtaine de jeunes. Aujourd'hui, le phénomène perd de l'ampleur, mais les acteurs de la cellule restent vigilants. Le point avec Florent Montillot, adjoint au maire.
Prévenir la radicalisation, c'est essentiel pour l'équipe municipale d'Orléans. La ville a mis en place voici 2 ans et demi, un dispositif pour lutter contre le phénomène. Un phénomène qui a perdu de l'ampleur, mais qui doit toujours être surveillé.
Orléans en pointe sur les questions de radicalisations des jeunes
Orléans fait figure de pionnière. Elle est la seule ville, avec Strasbourg, a possédé une cellule de prévention de la radicalisation des jeunes. Il s'agit d'une cellule bien identifiée de quatre personnes : 2 psychologues et 2 éducateurs formés spécifiquement sur ces questions-là. La cellule a été créée en 2015, après les attentats contre Charlie hebdo.
L'objectif est de prévenir la radicalisation. Il y a aussi un travail de sensibilisation et formation avec les enseignants et les animateurs associatifs d'Orléans. Les individus Fichés S sont suivis par les forces de police des services de renseignements et ne sont pas concernés par ce dispositif.
Le travail de cette cellule consiste à travailler auprès du jeune, ne pas les mettre ensemble les suivre de manière individualisée. Il faut retisser les liens avec leurs familles,
explique Florian Montillot. Une douzaine de jeunes sont suivis par la cellule de prévention de la radicalité d'Orléans, par des rendez-vous réguliers, chaque mois avec les jeunes et avec les parents pour travailler sur les raisons. En 2 ans et demi, une vingtaine de jeunes ont été suivis par la cellule. En septembre 2018, la moitié de ces jeunes sont sortis des radars d'inquiétude. A l'image de ces jeune filles qui avaient arrêtées brutalement leurs études d'infirmière, rompant tout lien avec leur famille. Grâce à la cellule, elles ont repris leur vie comme avant.
1 tiers d'entre eux revient très rapidement à la vie antérieure, 1 tiers reste encore en souffrance, il faut un travail pour consolider les choses et nous avons 1 tiers de jeunes pour lesquels il y a un signalement.
Pour cette minorité, il y a un risque et donc une surveillance accrue.
Florian Montillot s'était opposé au centre de déradicalisation près de Tours car pour lui, "regrouper les jeunes c'était la pire des choses à faire" . Selon lui, "les jeunes très radicalisés peuvent entraîner les autres". "Tous ces problèmes sont d'origines sectaires" nous dit Florian Montillot, l'ancien "monsieur sécurité" de la ville d'Orléans, aujourd'hui, adjoint au maire d'Orléans à l'éducation. "Les jeunes pris au piège de la radicalisation rentrent dans une sorte de marginalisation par rapport à leur famille, et ils trouvent un écho à leurs problèmes dans ces groupes d'islam radical qui en profitent."
Pour Florian Montillot, ces groupes agissent véritablement comme les sectes usant des mêmes méthode. L'emprise sectaire commence par trouver des cibles de jeunes en souffrance, en mal être donc influençable. D'autres profils, déjà dans la délinquance, violents, trouvent dans la radicalisation "un espace d'expression". "Ce qui apparaissait il y a 4-5 ans comme une source d'inspiration, s'est essoufflée avec la déroute de Daesch, en Irak en Syrie. On arrive à dénouer cette emprise sectaire mais il faut rester extrêmement vigilant", explique Florian Montillot.
Le personnel de la cellule de prévention de la radicalisation sont salariés de la Mairie d'Orléans. Le budget de la cellule est co-financé par les fonds PDR interministeriel prevention delinquance avec préfecture du Loiret. Le choix des jeunes suivis est fait en accord avec la préfecture.
Quels sont les signes de radicalisation ?
La radicalisation est le fruit d’une conjonction de facteurs liés à l’individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société. Les signes peuvent être aussi bien discrets que "voyants". Identifier un processus de radicalisation n’est pas toujours évident. Et pour cause, les réseaux de recrutement, virtuels ou physiques, encouragent leurs membres à dissimuler leurs actions. La navigation sur des sites radicaux s’effectue ainsi souvent à l’insu de l’entourage. Les personnes radicalisées usent également de divers stratagèmes pour ne pas éveiller les soupçons quant à leurs intentions, notamment leur velléité de départ, et pour échapper à la surveillance des services spécialisés de la police ou de la gendarmerie. Identifier un processus de radicalisation ne se fait donc pas sur la base d’un seul indice mais d'un faisceau d’indicateurs.
Quand on observe une "conversion brutale" chez des jeunes entre 16 et 25 ans. Subitement, des jeunes filles vont se mettre à porter le voile intégrale, à être en rupture avec leur famille. Des jeunes hommes vont modifier brutalement leurs habitudes, rompre avec leurs amis, l’école, voire avec les proches pour se consacrer à une relation exclusive avec un groupe et sa mission. Autant de signes qui peuvent alerter et interpeller.
Pour Florian Montillot, la première source d'information ce sont les familles. La deuxième source, c'est les écoles, les cfa, les éducateurs, les enseignants, etc.
Dans le cadre de cette volonté de la Ville de sensibiliser les professeurs et les animateurs associatifs, Latifa Ben Ziaten est venue en octobre 2018 à Orléans. La mère d’Imad, militaire assassiné en 2012 par Mohammed Merah, était à Orléans La Source pour une conférence devant plus de 400 collégiens. Une rencontre forte en émotion (à voir en VIDEO) où il a était question de comprendre ce qu'est le phénomène de radicalisation pour faire la part des choses.